2 juin 2023

C. 117A SE RACONTER

  

Se raconter est une forme naïve d’expression de soi-même. Lorsque l’homme se raconte, il tourne sa conscience dans la mémoire, il colore son expression de mémoire, et son expression cesse d’être créative, elle cesse d’être un moyen par lequel il peut découvrir à travers la parole la nature de son esprit, la nature de son intelligence, la nature du réel concernant sa vie, concernant la manifestation de sa vie. 

Il y a des êtres qui ont tellement tendance à se raconter qu’ils perdent contact avec leur réalité et se forgent graduellement, au cours des années, des mécanismes qui deviendront plus tard difficiles à briser, parce que ces mécanismes auront servi à se construire une image de soi. Un être qui se raconte, un être qui ne fait que parler de lui-même, un être qui ne fait que manifester par la parole à demi-morte des aspects de son expérience ne peut pas bénéficier dans l’instantanéité de son intelligence créative. 

Se raconter peut devenir tellement une habitude négative, une habitude fautive que l’homme, graduellement, au cours des années, en arrivera à perdre la notion réelle de lui-même. L’homme sera obligé de vivre une conscience de lui-même totalement fondée sur de l’imagination antérieure, ou sur l’imagination du passé, ou sur la mémoire de son passé. Et lorsque l’homme vit dans la mémoire de son passé, il ne peut pas créer instantanément une prise de conscience servant à le rapprocher de lui-même ou servant à ce qu’il se manifeste créativement. 

Se raconter est tellement une perte d’énergie, tellement une perte de temps que l’homme nouveau en arrivera un jour à le réaliser instantanément. À partir du moment où il se racontera, il sentira cette perte d’énergie et elle créera en lui une certaine souffrance. L’être humain n’est pas fait pour se raconter, il est fait pour manifester sur la Terre sa conscience créative, il est fait pour créer sur la Terre un devenir, il est fait pour installer sur la Terre une nouvelle fondation de la conscience.

L’homme involutif ou l’homme en voie d’évolution qui se conscientise et qui se raconte perd énormément de temps parce qu’il ne réalise pas que chaque instant de sa vie où la parole doit être utilisée, que cette parole doit être utilisée à jeter de la clarté dans sa vie, à jeter de la clarté dans la vie afin de l’amener inexorablement à vivre une vie pleine, une vie parfaitement satisfaisante, une vie qui est parfaitement créative. Mais on ne peut pas avoir une vie créative lorsque nous perdons notre temps à nous raconter. 

La vie de l’homme sur le plan matériel est trop courte pour qu’il passe son temps à la revivre à travers l’imagination de son passé. La vie de l’homme sur le plan matériel doit être utilisée en pleine puissance, en pleine créativité, en pleine action créative, et s’il passe son temps à se raconter, il perd énormément d’énergie qui pourrait ou aurait dû être utilisée dans une direction qui convient à l’acheminement de sa conscience, à l’évolution de sa pensée et à l’intégration de son être, donc au passage de la personnalité vers la personne.

L’homme qui se conscientisera sentira un malaise lorsqu’il tombera dans la trappe de se raconter. Il sentira le malaise, il sentira l’illusion, il percevra la perte de l’énergie et il vivra une souffrance qui, à la longue, disparaîtra de sa conscience dans la mesure où lui aura cessé de faire constamment l’inventaire de ce qu’il fût par le passé ou de ce qu’il ne fût pas réellement par le passé.

L’évolution de la conscience humaine est directement reliée à l’évolution de l’énergie dans le mental supérieur. Cette évolution ne peut pas se faire, ne peut pas être réelle si l’homme se raconte et si une partie de son énergie sert à faire revenir en surface des mémoires qui ont servi à l’expérience passée mais qui ne servent plus à la vie présente. 

Se raconter est une habitude égoïque qui relève du fait que l’homme n’a pas d’identité, et puisqu’il n’a pas d’identité, il est obligé de se raconter pour s’en créer une. Donc, alors qu’il se raconte, il demeure en dehors du mouvement de sa conscience vers la création d’une identité. Nous pouvons donc ainsi réaliser jusqu’à quel point se raconter est une antithèse de l’évolution, jusqu’à quel point ça représente pour l’homme un arrêt dans l’évolution de sa conscience, dans l’évolution de sa créativité et aussi dans la manifestation créative de son être réel. 

Se raconter est tellement une mauvaise habitude que ça permet à la personnalité de se galvaniser, ça permet aux aspects inférieurs de la conscience de se joindre, de se fondre et de devenir de plus en plus homogènes jusqu’à ce que l’être disparaisse complètement de la conscience égoïque et que l’homme en arrive à perdre totalement le contact avec sa réalité. 

Se raconter est dangereux parce que l’homme ne réalise pas, alors qu’il se raconte, qu’une partie de lui-même se perd dans la mémoire, qu’une partie de lui-même devient inefficace à créer en lui une dynamique créative devant être utilisée éventuellement à la découverte du nouveau dans l’homme, c’est-à-dire à la découverte de ce qu’il sait et de ce qui doit être parlé créativement. 

Donc, dans la mesure où l’homme se raconte, il perd beaucoup de temps, et aussi il perd l’accès à beaucoup de savoir qui aurait été réalisé s’il avait utilisé son intelligence et sa parole à construire, au lieu d’utiliser ces deux aspects de lui-même à constamment remâcher ce qui fut déjà expérimenté par le passé. 

Donc un être qui se raconte est un être qui n’est pas capable de vivre le vide plein de sa conscience ; il est obligé de vivre par rapport au musée de sa conscience, sa mémoire, entretenue constamment par sa personnalité insuffisamment intelligente pour passer de l’impression à l’expression. 

Se raconter est un défaut de l’être, un défaut qui sert l’ego mais qui dessert l’esprit, un défaut qui sert la personnalité mais empêche la personne. Tant que l’homme se racontera, il perdra le point de vue créatif de son intelligence, il perdra la science de son intelligence et il ne s’exécutera créativement qu’en fonction de la mémoire, donc il ne pourra pas goûter de son intelligence. Plus l’homme se raconte, plus il perd contact avec une dimension de lui-même qui peut constamment se révéler, constamment s’agrandir, constamment pénétrer de plus en plus profondément dans les domaines réels de la conscience créative. 

Il y a des êtres qui sont tellement habitués à se raconter qu’ils ne prennent même plus conscience qu’ils se racontent. Ils ne le réalisent même plus, ils ont perdu totalement contact avec leur réalité. Ces êtres vivent en général des vies qui, au lieu de prendre de l’expansion, se stabilisent, se fossilisent. Il n’est pas surprenant que ces êtres se demandent : 

Comment se fait-il que je ne sache pas reconnaître ce que je veux, ce que mes besoins réels sont ? 

Ils ne le peuvent pas parce qu’une trop grande partie de leur énergie sert à camoufler les aspects créatifs de leur conscience pour ne laisser éclore que les aspects involutifs de leur ego prisonnier du passé.

Pour que l’homme soit créatif dans la vie, il faut qu’il soit à la disposition de son esprit, de son double, de son intelligence, de son énergie, de sa lumière. S’il se raconte, il brouille les ondes, il empêche le mental de se manifester créativement, il perpétue le mythe de l’ego, il perpétue l’action vampirique de la personnalité. 

Lorsque l’homme cesse de se raconter, il commence à prendre une mesure de sa vie, de son devenir, il commence à mettre le doigt lentement sur son devenir. Il cesse de vivre le statu quo de la vie, il prend conscience du besoin d’être psychiquement, créativement mobile, c’est-à-dire en expansion. 

À partir de ce moment, sa vie s’élargit, ses horizons deviennent plus grands, plus vastes, la vie devient plus intéressante. Mais lorsqu’il continue à se raconter, il s’enferme de plus en plus dans ses propres ténèbres et vient le jour où la lumière ne passe plus à travers des atmosphères de conscience qui ont été contaminées par la mémoire. 

Se raconter équivaut à se parler à soi-même tout haut. Se raconter équivaut à avoir besoin de l’audience pour pouvoir se glorifier soi-même. Se raconter est une forme de vanité mentale. Se raconter est une façon à l’ego de se créer un panache qu’il ne peut pas créer à partir de sa lumière, donc il est obligé de se créer à partir de sa mémoire, de ses exploits antérieurs qui n’ont plus aujourd’hui aucune valeur puisque déjà, il est dans un autre temps, il est dans d’autres conditions, il est dans un processus de vie qui doit s’épancher vers l’avenir au lieu de s’arrêter figer dans le passé. 

Se raconter équivaut à vieillir psychologiquement. Il y a des êtres qui, arrivés à un certain âge, se racontent, racontent leur passé. Ils vieillissent de plus en plus vite parce qu’il n’y a plus en eux d’intelligence créative, il n’y a que des facettes du passé qui s’entrechoquent avec une personnalité devenue de plus en plus impuissante. 

Se raconter, dans le fond, représente une grande pauvreté d’esprit, une grande pauvreté d’intelligence. C’est une façon à l’ego de se croire riche alors qu’il devient de plus en plus pauvre. La richesse de l’homme est dans son esprit, la puissance de l’homme est dans sa lumière, la puissance de l’être ne peut se manifester qu’à travers la personne, donc se raconter n’est pas, d’aucune manière, un atout pour l’être humain. 

Avec l’évolution de la conscience humaine sur la Terre, les hommes qui prendront conscience graduellement de leur êtreté réaliseront petit à petit qu’ils doivent se raconter le moins possible pour pouvoir se manifester le plus possible. Lorsque l’homme se raconte, il se débat avec sa personnalité, il essaie de faire sa personnalité de la personne et il s’aperçoit subtilement quelque part en lui-même de l’illusion de cette action, de cette activité. 

L’homme ne peut pas remplacer la personnalité par la personne en se racontant parce que la personnalité appartient à la mémoire et la personne appartient ou fait partie de la relation entre l’esprit et l’ego. Donc le jeu de la parole à travers la personnalité est totalement différent du jeu de la parole à travers la personne. Les deux aspects sont différents, les deux aspects apportent à l’homme un plaisir, une joie intérieure différente. 

Lorsque l’homme se raconte, il piétine sur lui-même. Lorsque l’homme parle créativement, qu’il engendre sur le plan matériel une nouvelle version de la réalité ou qu’il manifeste sur le plan matériel sa réalité, il voit que la vie a un sens. Alors que lorsqu’il se raconte, la vie n’a de sens que celui qu’il veut bien colorer afin de donner à sa personnalité pignon sur rue. 

Mais l’homme paie toujours le prix lorsqu’il se raconte, parce qu’il empoisonne son être. Il réalise qu’à travers ses racontages, il y a un mélange de vrai et de faux, il y a un mélange d’orgueil et d’impuissance, il y a un mélange de mémoire et d’intelligence. Et pour que l’homme soit bien dans sa peau, son intelligence doit être totalement libre de la mémoire, elle doit être autosuffisante, créative, née de l’instant où la parole jaillit de sa bouche, née de l’instant où la parole est l’expression parfaite de son esprit. 

Se raconter est tellement une perte de temps pour l’homme qu’à la longue, ça devient chez lui une habitude qui le rend triste parce que l’homme ne pourra jamais avoir une telle mesure de lui-même malgré tous les racontars de sa vie. Lorsque l’homme regarde dans le passé de sa vie, il n’y a aucun sommet équivalent à l’infinité de sa conscience. Donc quelle que soit la coloration de ses racontars, quelle que soit la finesse avec laquelle il développe ses histoires de lui-même, il ne pourra jamais bénéficier, goûter, de l’infinité de sa conscience, de la permanence de son intelligence. 

Il ne verra que des assauts de sa mémoire contre son esprit, et lui, en tant qu’ego, en paiera le prix, il en vivra quelque part en lui-même la tristesse et il sentira que son intelligence a de la jeunesse mais qu’elle n’a pas de maturité, ou qu’elle a de la vieillesse et qu’elle n’a pas d’infinité. 

Se raconter est une façon à l’ego de perpétuer son propre mythe, de perpétuer sa propre impuissance en donnant à ceux qui l’écoutent l’impression d’une fausse puissance. Donc se raconter est en fait une forme de mensonge. Non pas un mensonge dans l’essence même du terme, mais un mensonge dans l’impuissance même de sa vie. Que l’homme parle du passé d’une façon créative, c’est une chose, dans la mesure où il se sert du passé pour exprimer la puissante relation entre son expérience et le développement de sa vie. 

Mais si l’homme parle du passé simplement pour parler du passé, simplement pour colorer sa personnalité, simplement pour donner à celui qui l’écoute une mesure fautive, naïve, de ce qu’il n’est pas en réalité, ce même homme perd son temps, perd le temps des autres, il ne permet pas que grandisse sur le plan matériel sa conscience, donc il ne permet pas que descende vers le plan matériel l’intelligence supramentale dont l’humanité a tant besoin pour se sortir de l’involution et parcourir à l’infini les sentiers nouveaux de l’évolution. 

Se raconter équivaut à continuer à percevoir ses propres limitations, continuer à percevoir sa propre impuissance, continuer à souffrir de soi-même. Tout être qui se raconte souffre alors qu’il se raconte. Tout être qui se raconte perçoit quelque part en lui-même un manque, une diminution, un affaiblissement, un arrêt, une impuissance. 

L’Homme nouveau ne pourra pas supporter très longtemps cette souffrance, il aura besoin de se sentir parfaitement bien dans sa peau lorsqu’il utilisera la parole pour exprimer son intelligence créative, il aura besoin de cette infinité, de cette créativité instantanée, de cet horizon sans fin, de ce pont entre lui-même et sa lumière. Il aura besoin de se sentir libre dans la parole et il aura besoin de sentir que sa parole est libre du passé. 

C’est pourquoi l’Homme nouveau ne sera plus à la recherche de son passé, il sera à la conquête de son devenir, il sera l’architecte de sa vie, il pourra écouter ce qui se raconte par respect pour eux, il pourra porter oreille à des consciences qui vivront plus d’obscurité que de lumière, mais il ne le fera que parce que beaucoup d’amour en lui, lui fera reconnaître l’impuissance de l’homme et le karma de la conscience involutive, mais il ne vivra pas cette inconscience, cette forme d’impuissance trop longtemps parce que l’homme nouveau aura besoin d’échanger avec des hommes dont la conscience sera limpide, instantanée, créative, prête instantanément à faire surgir du grand fond de la conscience cosmique les aspects créatifs nécessaires à l’homme en évolution et éventuellement à l’humanité en évolution. 

Donc l’homme conscient éventuellement se retirera de ces forums où le babillage des paroles ne pourra plus remplir sa vie, ne pourra plus donner à sa vie une valeur d’échange, parce que ceux qui seront dans ce forum auront été liés trop longtemps à des mémoires qui ne pourront plus donner à la vie la valeur créative dont elle a besoin pour que l’homme puisse engendrer avec elle de nouvelles notions et créer ainsi une nouvelle fondation. 

L’Homme nouveau ne partagera plus le temps de l’homme ancien, il ne voudra plus souffrir la mémoire de l’homme ancien, il ne voudra plus souffrir l’image qu’il se crée pour se rassurer psychologiquement. Il aura besoin d’oxygène, il voudra fonctionner par la stratosphère du mental et non dans l’atmosphère de la mémoire. C’est pour cette raison, d’ailleurs, que plus l’homme évoluera en conscience, plus il deviendra sélectif, plus il cherchera à entrer en communication avec des êtres capables d’exprimer à travers leur parole des aspects provenant de l’infinie conscience de l’homme et se manifestant à travers chacun selon son taux vibratoire universellement élevé, universellement harmonisé à celui de leur propre esprit. 

Donc l’homme nouveau n’aura plus de temps à perdre avec des hommes qui se racontent, n’aura plus de temps à perdre avec des hommes qui veulent colorer leur expérience ancienne pour donner à leur conscience présente une mesure fautive d’une réalité inexistante. La parole est un outil qui a le pouvoir de percer les mystères, c’est une force qui a la capacité de faire reconnaître à l’homme l’infinité. C’est une puissance sans fin, c’est une ouverture sur l’avenir, c’est un aspect de l’infinité. 

L’homme qui se raconte ne peut pas utiliser la parole essentiellement, il ne fait que la manipuler psychologiquement en fonction et par rapport à ses émotions, en fonction et par rapport à ses états d’âme, mais jamais par rapport à son esprit, avec lequel il n’est pas en harmonie parce qu’il n’a pas suffisamment dépassé le stage de son enfance psychologique, il n’est pas entré dans la maturité de son mental, il n’a pas dépassé le mur, il n’a pas conquis ses propres sommets, il a peur de vivre le vide plein de la conscience créative issu de la fusion et intégré parfaitement sur la Terre. 

Quand l’homme se raconte, il ne peut pas parler dans le courant ou dans l’énergie de son esprit parce qu’il n’utilise pas les circuits de l’esprit. Il utilise les circuits de l’âme, de la mémoire, donc il ne peut pas bénéficier, même s’il parle du passé, de la clarté de l’esprit qui peut expliquer créativement les évènements du passé pour faire ressortir de ce passé une valeur intelligente de l’évènementiel qui mène jusqu’à son présent d’aujourd’hui. Donc il s’ensevelit dans les courants d’énergie inférieurs de la mémoire, il perd contact avec une forme d’intelligence qui ne peut se manifester que de façon présente, que de façon instantanée. 

L’homme qui se raconte exploite des vertus de l’ego, des qualités ou des défauts de l’ego, mais il n’exploite pas l’esprit à travers l’ego. C’est pourquoi se raconter, quelle que soit la coloration, la finesse ou l’oratoire, représente toujours pour l’homme une diminution de sa conscience, une imperfection de son pouvoir et une impuissance de sa parole. 

L’Homme nouveau apprendra à passer du présent à l’avenir sans faire ressortir du passé l’imagination. Il apprendra à parler par rapport à une vibration faisant partie des circuits universels qui peut éclairer le passé, qui peut éclairer l’avenir, mais qui n’ensevelit pas l’homme sous les décombres de l’imagination, qui n’ensevelit pas l’homme sous les déchets de la fantaisie. L’évolution de la conscience créative permettra à l’homme de réaliser la grande différence entre la parole exprimée à travers la personne et la parole exprimée à travers la personnalité. 

L’homme découvrira la joie de parler, il mettra de côté le plaisir de s’entendre, il découvrira l’union de l’esprit avec l’ego au lieu de subir la division de l’esprit et de l’ego. Plus l’homme se raconte, plus il retarde son évolution, plus il empêche que se greffe à son mental la lumière dont il a besoin pour vivre intelligemment, communiquer créativement et installer sur le plan matériel une nouvelle fonction de la parole. 

L’homme qui se raconte ne peut pas passer à côté du fait qu’il est en train de s’ensevelir dans le passé. Il ne peut pas passer à côté du fait qu’il est obligé de sentir une certaine impotence, il ne peut pas passer à côté du fait que sa parole perd de la valeur au fur et à mesure où il tricote les illusions, les façons, les aspects d’un passé qui ne lui sert plus parce qu’il a déjà été vécu. Donc ce n’est pas en se racontant que l’homme pourra mettre le doigt sur sa valeur réelle, ce n’est pas en se racontant qu’il pourra retirer de son expérience passée les fleurs de son esprit, de sa conscience, ce n’est pas en se racontant qu’il pourra bénéficier de la totalité de son être. 

Au contraire, il sentira en lui-même une perte, une perte d’énergie, une tristesse, un cinéma. Lorsque l’homme vit son cinéma et que son cinéma ne fait pas partie de sa réalité, il s’aperçoit, il reconnaît les trucages du cinéma dans sa vie, il reconnaît les trucages de l’image et, avec les années, il s’aperçoit que quel que soit le nombre de fois qu’il assiste à son cinéma, il ne peut jamais perpétuer la présence de son esprit, il ne peut jamais perpétuer la présence de sa conscience, il ne peut jamais être parfaitement bien dans sa peau. 

Mais la conscience créative en évolution fera reconnaître à l’homme très tôt l’illusion de se raconter car cette conscience, cette vibration, cet aspect de l’esprit dans l’homme ne peut pas être mis de côté, enseveli, à partir du moment où commence à descendre vers l’homme la lumière. Pendant l’involution, l’homme pouvait se raconter parce qu’il n’avait pas accès à autre chose que son passé. Mais avec l’évolution, l’homme aura accès à beaucoup de choses, choses faisant partie de sa capacité créative, choses émanant de l’actualisation de sa volonté et de son intelligence. 

Donc l’héritage de l’Homme nouveau sera son avenir, alors que l’héritage de l’homme ancien était son passé. Là où l’homme ancien se racontait, l’Homme nouveau, lui, parlera. Là où l’homme ancien se racontait, l’Homme nouveau éclairera. Là où l’homme ancien se racontait, l’Homme nouveau exploitera jusqu’à la fin de sa vie, sur le plan matériel, les propriétés de la lumière à travers un mental ajusté à une vibration qui ne peut pas s’assujettir à la mémoire, mais qui fait partie du grand présent de l’esprit en fusion. 

Le phénomène de la fusion sur Terre est en voie d’évolution, il est à un stage extrêmement primitif. C’est pourquoi l’homme ne peut pas facilement encore comprendre ce que veut dire la fusion, c’est pourquoi beaucoup d’activités psychologiques chez lui demeurent fondées dans des habitudes de vie qui font partie de l’involution. 

Mais l’Homme nouveau, dès qu’il aura mis le doigt sur la fusion, dès qu’il aura reconnu en lui la fusion, s’apercevra que se raconter était un mirage dont il devait par le passé se nourrir parce qu’il n’avait pas accès à lui-même, parce qu’il n’avait accès qu’à sa mémoire. Et c’est à partir de ces temps que l’homme réalisera que la parole est à l’esprit ce que la jasette est à l’ego. L’homme verra la très grande différence entre la parole, entre le verbe et la jasette. Et lorsque l’homme sera dans la parole, qu’il sera réellement dans la parole, il n’aura plus besoin de son ancien lui-même pour donner à sa présence actualisée une valeur quelconque.       

 

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