31 mai 2023

C. 17B L’ÊTRE MENTAL, SURMENTAL, SUPRAMENTAL

 

L’homme connaîtra trois étapes possibles d’intelligence. Trois étapes consécutives, le mental, le surmental, qui est une période intérimaire et le supramental, la période finalisante. L’homme connaît le mental, mais ne connaît pas le surmental, ni le supramental. Le surmental est l’ouverture partielle sur l’intelligence cosmique de l’homme vers une conscience plus vaste et plus parfaite, que l’on appelle le supramental. 

 

Le surmental comprend deux étapes majeures dans la vie de l’homme. La première étant la réalisation de l’illusion de la pensée subjective et l’élévation de cette pensée subjective, jusqu’à un mode d’entendement impersonnel et de plus en plus réel, c’est-à-dire non subjectif. Le surmental est la première étape de l’homme vers la conscience de son intelligence réelle. Alors que le surmental permet à l’homme de voir plus loin dans son esprit, il n’est pas suffisamment puissant, pour lui donner la vision totale et parfaite de lui-même, car la lumière de l’intelligence pure du supramentale, n’est pas encore arrivée jusqu’à lui. Alors que le surmental indique à l’homme un mouvement évolutif intérieur, il ne peut lui faire réaliser et connaître la nature de son mouvement.

 

Car seule la perfection de l’intelligence permet à l’homme de comprendre parfaitement, c’est-à-dire sans se servir d’aucun point d’appui subjectif. Le surmental n’est pas encore dépouillé totalement de la subjectivité de l’être, de sorte que les émotions et les pièges des pensées personnelles peuvent encore à l’occasion faire interférence et créer la cloison entre le surmental et le supramental, conscience suprême. 

 

Le surmental sait reconnaître un aspect du réel, mais ne peut pas vivre du réel, car le réel est encore trop difficile à vivre. Alors que l’être supramental possède la vision parfaite de la totalité, l’être surmental procède par étape vers la compréhension de lui-même, qui lui ouvrira la porte de sa conscience parfaite. Il faut voir dans l’être surmental, une qualité de l’ego suffisamment grande, pour le distinguer du reste des hommes qui sont encore au stage de l’être mental. Cette qualité coïncide avec l’évolution de son être psychique, son âme, sans pour cela lui permettre une intégration totale. 

 

Alors que l’être supramental conscientise instantanément l’intelligence universelle en lui, sans ombrage, sans faille, ce qui lui assure la certitude totale et parfaite, sûr d’être sûr. L’être surmental perçoit toujours un peu de faiblesse dans son intelligence, un manque de clarté, l’hésitation n’existe pas chez l’être supramental, alors qu’elle peut exister chez l’être surmental. Car même s’il n’appréhende plus la réalité par les moyens limités de la raison, il ne peut encore agir d’une façon totalement unifiée, c’est-à-dire libre de toute émotion. La paroi entre la perfection supramental et l’imperfection du surmental, s’amincit avec le temps, alors que l’ego de l’être surmental apprend à se détacher émotivement de lui-même.

 

Alors que l’émotivité déclenche dans l’être surmental une vibration qui le fait souffrir ou jouir émotivement, ce phénomène disparaît chez l’être supramental pour laisser place à un vide parfait, qui constitue la nature même de cette grande nature humaine et cosmique. Alors que l’être surmental, soit encore entaché du désir spirituel, sa conversion éventuelle vers l’être supramental établie une fois pour toute, l’illusion de la spiritualité, telle que la conçoit l’homme au cours de ces étapes, mental et surmental. L’intelligence de l’être supramental est tellement stable, c’est-à-dire parfaite, qu’elle n’a plus besoin de rien qui ne convienne à la nature humaine, pour être manifesté, elle se suffit à elle-même. La grande qualité de cette intelligence, par rapport à l’intelligence surmental provient d’une concentration totale de l’être sur lui-même, c’est-à-dire une capacité infinie de lire parfaitement son destin et d’étudier les propriétés de ce destin à volonté, sans le moindre doute, car l’infinité de son intelligence est la marque de sa puissance et de sa vision. 

 

Alors que l’être mental, l’homme inconscient, essaye de comprendre la vie, l’être surmental, commence à la voir, sans totalement la comprendre, tandis que l’être supramental la voit et la comprend. Bien que l’homme mental, inconscient ne soit ni près de la vérité, ni loin du mensonge, il a la suffisance de par son intelligence de réduire l’égard entre son intelligence mentale et le surmental, pourvu qu’il fasse examen de conscience et réalise que son mental n’est qu’une règle de mesure illusoire lui offrant la possibilité de croire qu’il avance vers la connaissance. L’être surmental commence à voir l’illusion de cette mentalité inférieure en lui et c’est de cette perception qu’il commence à réaliser des choses encore impossibles pour l’être mental. 

 

Le surmental est aussi imparfait que l’âme de celui qui l’habite. Et c’est justement cette condition qui rend si pénible le passage du surmental au supramental. Chez l’être surmental, l’âme ne possède pas encore le plein pouvoir, ceci restreint son influence et permet à l’ego d’invoquer ses tendances naturelles, ce qui empêche l’âme d’avoir un contrôle total sur lui. Delà une certaine forme d’inconscience dans l’intelligence et une certaine limite de compréhension, même si l’ego désire être supramental.

 

L’ego est tellement fort de lui-même à cause de ses émotions, que même au stage surmental, il ne sent pas encore suffisamment l’énergie de l’âme ou de l’être psychique en lui. L’être supramental par contre est tellement imprégné de l’être psychique qu’il ne peut vivre sans lui, c’est-à-dire en dehors de cette conscience permanente et inchangeable. Le temps pour lui cesse, car son ego n’est plus capable de justifier au niveau de ses émotions quoi que ce soit, même le plus normal acte émotif, tel que l’amour de l’homme pour la femme, selon le sentiment humain subjectif de cet amour. 

 

Alors que l’être supramental n’a d'yeux que pour un avenir où l’homme sera tel qu’il est, l’être surmental doit encore regarder vers un futur où lui-même sera supramental. Pour l’être mental inconscient, le monde matériel est un plan de vie où le matériel offre les possibilités d’expériences sujettes à r enforcir l’ego, à le flatter ou à le faire pleurer. Pour l’être surmental une division commence à se définir entre sa vision de la vie antérieure et de la vie présente, qui commence à se définir selon un mode d’intelligence autre que le rationnel, mais qu’il n’est pas capable encore de discerner parfaitement, mais qui n’est en moins lui semble réel. 

 

L’être supramental par contre ne vit que dans l’intelligence pure, c’est-à-dire dans la compréhension des limites de la matière à tous les points de vue et ne conçoit la valeur de la vie humaine que dans le cadre de la maîtrise des lois de la nature. Il ne peut, quelle que soit la valeur matérielle de la vie, lui rattacher une importance autre que celle dont il connaît la grandeur réelle, c’est-à-dire la descente de l’esprit dans la matière, afin que celle-ci obéisse aux lois de l’homme perfectionnées. 

 

L’être surmental doit encore obéir à certain instinct naturel chez lui, telle que la peur, la douleur de la souffrance morale, l’insatisfaction avec lui-même, ceci le fait souffrir car il rattache ses expériences à son émotion et il commence à voir jusqu’à quel point l’émotion joue un grand rôle dans sa vie. Il réalise par contre qu’il avance vers quelque chose encore trop intangible, mais l’âme, l’être psychique est là qui se fait de plus en plus sentir, de sorte que à un certain moment, l’être surmental se sent bien. Mais pas suffisamment bien pour ne pas avoir à se sentir bien. Il y a encore chez lui, un désir d’être bien et ce désir provient de l’insatisfaction grandissante qu’il sent envers la vie, telle qu’elle est vécue sur la terre. Bien que lui-même commence en s’en libérer intérieurement.

 

L’être supramental voit et connaît la vie telle qu’elle est sur la terre. Et ce n’est que de l’intérieur qu’il vit, c’est-à-dire qu’il se nourrit. L’extérieur n’étant qu’une condition qu’il veut bien vivre pour le besoin d’une cause ou d’une autre, mais ce n’est plus la vie de la terre matérielle qui le remplit. C’est lui qui donne à la vie matérielle la couleur dont elle a de besoin, afin de lui permettre de s’exécuter créativement sur ce plan, pour lequel il n’a aucun appétit astral. Pour lui la vie matérielle est là et il doit la vivre selon les lois de son propre esprit. De sorte qu’il n’en souffre pas, s’il ne doit pas en souffrir. 

 

Mais les questions sur la vie pour lui, n’existent plus, car il en a instantanément les réponses, s’il dirige son regard vers l’infini de l’intelligence supramentale en lui. Il ne cherche plus à s’accorder à la vie, elle doit s’accorder à lui, car il est maintenant maître de sa vie. Et sa vie est sous le contrôle de sa volonté et sous le regard de son intelligence, maintenant que l’âme et l’ego ne font qu’un. L’être surmental par contre n’a pas compris une des grandes lois de la vie réelle. Celle d’être totalement à sa disposition. Naturellement l’ego est encore là, qui veut commander et rationaliser de temps à autres et c’est ici à ce point que l’être surmental est étranger à l’être supramental. Chez ce dernier l’âme par sa présence fait savoir et le message est reçu par l’ego qui s’harmonise instantanément à son désir. 

 

Chez l’être surmental l’âme ne peut se raccorder avec autant de perfection à l’ego. Elle doit attendre et l’éprouver dans le but d’élever son regard vers elle et lui faire comprendre une fois pour toute que seul elle, comprend parfaitement sa vie et son évolution. Mais l’ego de l’être surmental n’est pas suffisamment lié à l’âme, à sa vibration, de sorte que son attention est constamment diminuée par l’émotivité et la pensée qui s’inquiète. Et lorsque la pensée s’inquiète, elle diminue en intelligence et l’homme souffre de sa condition. 

 

L’énergie de l’âme ne peut plus nourrir en puissance le mental de l’homme et le pont entre le surmental et le supramental semble long et difficile, sinon inatteignable. Long il l’est, car l’homme a trop longtemps servi les forces de l’ego, long il est, car l’homme a perdu contact avec lui-même, long il est, car l’homme est un être dominé mais qui ne domine pas. Dès qu’il a l’occasion de dominer en lui-même l’illusion qui l’infirme, il craint, il doute, il questionne. Sa vie est tellement loin du réel qu’il n’ose s’imaginer que lui peut seul la transformer, lui donner sa direction, lui donner sa couleur.

 

La distance entre l’être supramental et l’être surmental est calculée selon le millage émotif de ce dernier, c’est par l’émotion que ce calcul la distance entre l’intelligence pure et l’intelligence grandissante de l’être surmental. C’est pourquoi ce dernier ne peut comprendre parfaitement la dimension de l’être supramental, même si ce dernier lui parle parfaitement. C’est dans sa démarche seul, à travers la forêt de ses émotions, de ses illusions, de ses pensées encore subjectives, qu’il comprendra que l’être supramental le regarde venir de loin et sait s’il avance dans la même direction ou s’arrête quelque part entre l’intelligence pure et l’intelligence croissante, mais non totalement éprouvée.

 

L’être surmental convient avec lui-même de beaucoup de choses qu’il ressent, mais il ne connaît pas encore parfaitement les lois de l’âme et pour cette raison, les lois de la vie réelle. Il se laisse encore emporter par une foule d’impressions créée par l’âme mais mal comprise par l’ego pour son évolution. Impression qu’il ne peut pas encore totalement éviter au niveau de l’expérience, car il encore besoin de transformer son être subjectif et le rendre parfaitement à l’écoute de lui-même. C’est-à-dire et ceci est important, à l’écoute de vrai lui-même, celui qui l’empêche de souffrir de ce qui est extérieur à lui-même. L’être surmental dans sa dévotion à son évolution, ne réalise pas qu’il est déjà en évolution et que ce qu’il doit découvrir, ce n’est pas la ligne de son évolution, mais sa vie réelle qui surplombe l’évolution et la rendre grande et belle. L’être surmental s’inquiète trop de son évolution, ceci provient du grand sentiment spirituel qui l’anime et qui fait partie du mouvement de l’âme en lui, qui cherche à se rapprocher de lui.

 

Mais l’être surmental doit grandir en intelligence, au-delà de la grande sagesse spirituelle afin de pouvoir compléter sur le plan matériel ce que l’âme ne peut que commencer sur son propre plan, l’équilibre entre le vrai et le faux. Tant qu’il y a trop de vrai et de faux dans la vie de l’être surmental, il a tendance à se fier ou à se méfier de cette dualité, ce qui retarde son évolution vers le supramental. 

 

Car l’être supramental doit être totalement libre du vrai et du faux, afin de pouvoir voire l’utilité de l’un ou de l’autre dans le travail de l’âme sur ses centres d’énergies. La grande épreuve de l’être surmental, est justement cette ascension libre vers les hautes régions de l’intelligence supramentale où le vrai et le faux n’ont plus de pouvoir sur lui, car ils n’ont plus de formes. Autant l’être mental est prisonnier de cette dualité, réduisant ainsi le pouvoir de son intelligence, autant l’être surmental s’en inquiète et en est troublé, autant l’être supramental en est libre. La progression d’un plan inférieur nécessite toujours un choc vibratoire de la part de l’âme qui habite l’homme. Et pourtant ce choc n’est pas toujours compris, car l’ambiguïté de l’intelligence surmental est encore trop présente pour qu’il soit projeté dans la solitude de son moi réel.

 


L’homme de demain, celui qui vivra la vie consciente sur la terre sera maître de la nature, car il aura compris les lois de l’esprit, les lois de la vie et de la mort. Cet être sera supramental et dominera du haut de sa conscience, tout ce qui lui est inférieur. Voilà pourquoi le passage de l’être surmental vers l’être supramental est une condition de l’immortalité. Et cette condition lui est fixée par l’âme seule, et non par quelques rêves qu’il puisse avoir au sujet d’un contact rapproché avec les extra-terrestres, comme certains semblent vouloir le croire. 

 

Le rôle des êtres extérieurs, vis à vis la planète terre est régie par le régent de cette planète et tous ceux qui graviteront vers le supramental feront partis de cette alliance entre l’homme de la terre et ceux qui viennent d’ailleurs. Mais la condition demeure toujours la conscience supramentale. 

 

L’être surmental n’est que l’ébauche avancée de l’être supramental, mais cette esquisse doit se définir et elle ne peut se définir qu’en lui-même et que par lui-même. Beaucoup d’êtres surmental parcours les sentiers solitaires de la terre, mais peut sortiront de ces sentiers d’expériences pour comprendre la finalité de cette expérience. Toute expérience n’est vécue qu’en dehors du supramental, à l’intérieur de cette intelligence, il n’y a que lumière et feu, intelligence et volonté. L’expérience n’est plus, puisqu’elle a été élevée au niveau de la vie réelle. C’est-à-dire qu’elle est sans condition passée ou futur. Autant l’être supramental vit dans le présent de sa vie, autant l’être surmental vit dans le présent de son expérience. Un jour, il sortira du présent de l’expérience et ne vivra que le présent de la vie. 

 

Tant que l’être surmental a besoin d’expériences pour comprendre, c’est qu’il n’est pas encore dans la vie consciente. Il devra vivre l’expérience jusqu’au jour où cette dernière ne sera plus nécessaire car il saura comprendre dans l’instantané, la nature de chaque action commise. L’effet psychologique de l’être surmental sur l’être mental, sert souvent de séparation entre l’un et l’autre, afin de permettre à l’être surmental d’évoluer avec moins d’entrave. Cette séparation est importante, car elle empêche l’être surmental de se fier sur le passé afin d’avancer de plus en plus fermement vers le présent où se dissocie en lui l’ancienne de la nouvelle vie qui commence à poindre. Cette division est souvent pénible au début, car elle laisse des marques profondes dans l’émotion, mais ces marques ne sont que des marques de surfaces qui disparaissent avec le temps. 

 

L’être supramental ne souffre pas de ces blessures car il n’a pas de lien avec l’homme mental. Son seul ami est véritablement l’être surmental et encore ici nous discernons chez lui une sorte d’individualité tellement profonde que même son ami, l’être surmental ne peut lui offrir l’amitié qui pourrait le nourrir, car elle n’est pas suffisamment détachée du passé de ses émotions et de ses sentiments, si haut soient-ils en qualité. 

 

Autrement dit, tous les hommes sont étrangers à la conscience supramentale, tant qu’ils ne sont pas en elle de plein pied. Lorsque l’homme entre dans le mental pur, le supramental, la puissance de la lumière est telle qu’il viole les lois du mental inférieur, car ces lois ne sont disposées qu’à diminuer le pouvoir de l’homme sur la nature. Alors que la loi de la lumière, la loi de l’intelligence pure s’impose sur la nature inférieure afin de l’élever en vibration. La loi unique du supramentale, correspond au pouvoir de l’homme sur tout le domaine matériel servant à l’évolution des formes qui évoluent dans le temps. 

 

Dès que l’homme a suffisamment dépassé les illusions de ses émotions subjectives, il commence à réaliser que le supramental ne peut se vivre que dans l’harmonie parfaite entre l’homme et l’homme ou l’homme et la matière, sinon l’énergie en lui fait éclater la matière et la soumet à sa volonté intelligente et totalement centrique. Il n’est pas facile à l’être mental de comprendre l’être surmental, car les catégories de pensées, deviennent de plus en plus disproportionnées au fur et à mesure que l’un devient l’autre. Il en est de même dans le cas de l’être surmental versus l’être supramental. Ce dernier est totalement régit par la lumière, de sorte que toutes les forces inférieures n’ont sur lui de pouvoir.

 

Bien que l’être surmental comprenne les aspects de cette réalité selon son propre mode d’intelligence et de volonté grandissante, il possède encore trop en lui de notions spirituelles inconscientes, de notions d’amour inconscients pour que s’exécute de façon parfaite cette énergie que l’on appelle conscience cosmique. Mais le temps transforme tout et l’être surmental avance selon son propre rythme et s’aperçoit avec le temps que le conflit entre lui-même et l’homme où la matière ne peut être éliminée que lorsque l’être surmental aura totalement dépassée les limites qu’imposent ses émotions sur son intelligence. Ce dépassement ne s’actualise que dans le conflit entre l’homme qui grandit et l’homme inconscient et la matière. Les événements de la vie sont l’expression la plus parfaite de ce conflit et c’est dans le cadre de ces événements que l’être surmental dépasse ce qui autrefois, l’avait enchaîné et avait créé en lui le problème existentiel de l’identité. 

 

Tant qu’un homme souffre d’identité face à lui-même, il n’est pas encore dans la lumière car son intelligence est encore trop affaiblie par son intellect et sa volonté trop amoindrie par ses craintes, ses émotions. Il suffit de constater la nature de toutes émotions pour découvrir que toutes émotions engendrent une vibration de crainte, dans des conditions spécifiques. Exemple: l’émotion de l’amour, engendre la crainte de perdre cet amour, l’émotion de charité, engendre la crainte de ne pas être généreux, l’émotion de chasteté, engendre la crainte de ne pas être pur, etc.… etc... Toutes émotions qu’elles que bonnes qu’elles soient en surface, engendrent dans l’homme une vibration de crainte, ce qui résulte chez l’homme en un problème d’identité.

 

C’est pourquoi seule l’intelligence pure engendre la volonté qui détruit dans une action quelconque, l’émotion qui engendre la crainte. Remarquez que la crainte est beaucoup plus en raison de l’impuissance de l’intelligence et de la volonté qu’en raison de l’intellect qui la rationalise. On peut tout rationaliser sans savoir que nous rationalisons, parce que nous ne sommes pas dans l’intelligence pure et la volonté. Alors que l’être mental attribue tout dans la vie aux forces biologiques, aux forces spirituelles, selon qu’il est croyant ou pas, l’être surmental voit de plus en plus l’influence des forces de l’âme sur sa vie et en connaît avec le temps, la puissante dirigeante et l’être supramental par contre, vit constamment de cette force et en a appris les secrets. Il en a appris les modes d’expressions et son intelligence et sa volonté sont le résultat de cette prise de conscience aiguë qui a fait de lui un être totalement créatif dans sa possibilité, dans sa personnalité et totalement volontaire dans son ego.

 

L’être supramental a dépassé les limites que lui impose l’énergie de l’âme, il a brisé, fracturé impitoyablement les liens avec l’émotion qu’engendre l’énergie lorsqu’elle passe par la partie inférieure de l’homme, le corps astral. De sorte que ce dernier ne vit que d’intelligence et de volonté tant qu’il est dans la matière, afin de reculer le mur qui sépare la vie réelle de la vie irréelle, la vie créative de la vie soumise. L’homme conscient ne peut être soumis, il doit être libre. Il ne peut être soumis ni à ses émotions, ni à son âme. Il doit transmuter ses émotions et se servir de l’énergie de l’âme et ce n’est que par la transmutation de l’astral qu’il devient libre et peut contrôler les forces de l’âme et les mettre à son service. 

 

Une des plus grandes révélations que connaît l’homme supramental devant la puissance de la lumière est celle-ci : la vie doit être au service de celui qui la vit, tant qu’elle n’est pas à son service, il n’est pas dans la vie, mais fait expérience de la vie. Et tant que l’homme fait expérience de la vie, c’est qu’il ne le pas comprise. Delà ses souffrances, delà sa tristesse. Le rapport grandissant entre l’être surmental et l’être supramental ne dépend que de la souffrance de ce premier selon l’échelle de ses illusions et l’absence de souffrance de ce dernier selon qu’il a compris parfaitement.

 

Mais l’être supramental ne peut qu’instruire par sa science l’être surmental, de sorte que ce dernier n’a de recours qu’à l’aboutissement final de la loi planétaire sur ses corps. L’homme est parfait dans son matériel, il doit devenir parfait dans son émotif et son mental. Telle est la loi de l’évolution et cette loi est la loi de la lumière, c’est-à-dire de l’évolution, mais la lumière elle-même ne peut engendrer la loi que lorsque l’homme est prêt à l’exécuter. 

 

C’est pourquoi la loi est à l’intelligence supramentale, ce que la lumière est à l’esprit. Qui dit mieux que celui qui est bien dans la vie, parce qu’il est bien dans ce qu’il dit et que ce qu’il dit est bien, parce que ce qu’il fait est bien. Qui dit mieux que celui qui sait que ce qu’il dit, et ce qu’il fait est bien, non pas parce que c’est bien mais parce qu’il est bien lorsqu’il le fait et le dit. On ne peut être bien et ne pas dire ou faire ce qui est bien puisque le bien engendre le bien. Mais il faut connaître le vrai bien du faux bien, pour vivre du bien réel, qui n’est ni vrai ni faux.

 

L’être surmental commence à comprendre les nuances du réel qui se super imposent sur le vrai du réel et le bien du réel. Et il s’apercevoir que tout se comprend de plus en plus clairement, sans pouvoir se comprendre clairement. Et cette compréhension n’est plus de son mental mais de cette partie de lui qui est supramental mais non totalement développée. Il s’aperçoit que le mystère du vrai et du faux est un piège créé par l’ego pour se donner l’impression mentale qu’il est intelligent lorsqu’en fait, il n’est pas intelligent, mais dans un compartiment de l’intelligence à l’intérieur de laquelle il est prisonnier. 

 

L’être surmental peut facilement accéder à la compréhension de ses émotions, car il a déjà sur l’être mental, l’avantage de savoir ce qu’il sait. Mais il n’a pas encore la perfection dans l’intelligence, car ses émotions sont encore présentes et fortes, mais il peut néanmoins réaliser qu’il n’est plus l’être mental qu’il était. Qu’il n’est plus lié au passé de ses anciens désirs, qu’il n’est plus debout devant le miroir de l’ancien lui-même, mais devant le miroir d’un lui-même dont il ne connaît pas encore tous les contours. Il lui est plus facile maintenant de se détacher afin de sentir plus libre de vivre plus simplement, afin de diminuer en lui le pouvoir du désir subjectif. 

 

L’être surmental enfin s’avance devant l’ancien lui-même, il ne le regarde presque plus, car il perd petit à petit mémoire de son visage. Ceci est un signe que l’homme entre dans sa propre énergie et commence à faire vibrer cette énergie, afin qu’elle lui rapporte ce qu’il a toujours voulu, la liberté. L’être surmental ne convoite plus les hauts sommets de la spiritualité, car il en voit maintenant les bas-fonds cachés où se nourrissent toutes les formes possibles d’émotions. Il commence maintenant à se tenir debout sur ses propres jambes, car il a senti en lui-même, ce petit quelque chose que l’on appelle soi-même. 

 

Et c’est à partir de cette perception, de ce petit et grandissant soi-même qu’il découvre graduellement qu’il est intelligent, qu’il va vers l’intelligence et que l’intelligence entre en lui au fur et à mesure qu’il va vers elle, car elle se découvre à lui, après telle ou telle expérience. Il voit bien qu’elle ne se révèle pas à lui par l’intellect, mais à sa façon par vibration selon l’expérience. L’être surmental n’est plus un homme où rien ne se passe en lui, en effet il y a toujours quelque chose, quelque part en lui qui se passe et qui pénètre et qui fait sentir sa présence. 

 

L’être surmental n’est plus seul, car il rencontre de jour en jour son lui-même de plus en plus réel qui se fait sentir ou lui parle. Pendant que tout ceci prend place, dans la vie de l’être surmental, son ancien ami l’être mental, s’éloigne car il ne le comprend plus et l’être surmental est satisfait, car il doit en être ainsi. Mais il n’est pas totalement satisfait, car il a encore de l’émotion qui le rattache de temps à autre au passé.

 

Et les trois hommes, mental, surmental et supramental se distinguent de plus en plus car ils ont de plus en plus à vivre leur vie. Le premier dans le monde de ses illusions, le deuxième entre le monde du premier et du dernier et le dernier en paix, seul dans sa conscience mais là quelque part parmi les hommes. Lorsque l’homme commence à se sentir différent des hommes, parce qu’il sait qu’il est différent, parce qu’il sent ce qu’il sait et qu’il sait ce qu’il sent, il est surmental. Et delà il doit avancer seul, de plus en plus, afin de ne pas construire en lui un pont fait de la pierre des autres, mais de son propre matériau. Plus il avance, plus le pont se construit. Il viendra le jour où il saura parfaitement où mène ce pont, mais tandis qu’il est sur le pont, la vue s’agrandit, car le pont comme tend les ponts mène quelque part. 

 

Mais ce pont est différent, car cette fois-ci, c’est lui qui le construit. C’est lui qui en connaît les points robustes et les points faibles. Et au fur et à mesure qu’il avance, il le r enforcit. Un jour le pont sera dépassé et l’être surmental aura compris que là où il met pied, est une terre nouvelle, une vie nouvelle que l’homme mental ne peut connaître, car rien ici n’est qu’illusion, ni la vie, ni la mort, tout est réel. Et le réel ne se distingue plus de la vie, il est parfaitement intégré. Il s’adapte à tout, car tout s’adapte à lui.

 

L’être surmental s’entretient de plus en plus avec d’autres êtres de même nature, mais leur entretien n’est pas encore parfait, car ils ne sont pas encore dans le supramental. Ils ont encore besoin d’être réconforté, confirmé, rassuré, ils ne peuvent pas encore vivre de rien, car ils sont encore quelque chose. Et lorsqu’il se rencontre, ils veulent encore quelque chose qui puisse leurs rappeler qu’ils sont véritablement ce qu’ils sentent être, et ceci leur crée une petite souffrance, un petit rappel. Mais le temps passe et voilà qu’un jour il ne souffre plus, du petit rappel car ils ne pensent plus pour rien et ne souffrent plus pour rien et n’ont plus besoin de se nourrir des autres autour d’eux. Le silence descend sur eux et ils se reposent, car voilà longtemps qu’ils avancent et ils ont besoin de repos, de calme car le combat tire à sa fin. Enfin le repos du guerrier, le repos de l’être supramental. Tant que l’homme veut décider de sa destinée, il ne peut la connaître, mais dès qu’il lève les mains vers la vie en lui, l’intelligence en lui et qu’il apprend à la laisser filtrer à travers lui-même, il voit bien que sa destinée est écrite en fines lettres sur le mur de son intelligence. Et à partir de ce moment, ses vibrations, ses énergies se reconstituent afin qu’un jour il puisse connaître le monde parallèle. Mais dès qu’il pense à ce monde, quelque chose en lui, rappelle la limite de sa vision et une tristesse s’installe et le voilà qu’il est revenu un peu à l’être qu’il était auparavant. Incrédule de lui-même, incrédule du pouvoir de vie dans l’homme incrédule, un point c’est tout.

 

Et le lendemain, il recommence à aller de l’avant, mais le jour suivant, le doute reviendra, car il est donné à l’être surmental de sentir, mais de ne pas savoir parfaitement ce qu’il ressent. Et ceci est sa souffrance jusqu’au jour il sait. Et lorsqu’il sait, il ne se préoccupe plus de le dire, car il a déjà trop souffert pour le savoir. Il cache ce qu’il sait dans le repos de son esprit et transmet ce qu’il sait seulement pour alimenter les quelques êtres qui ont droit d’apprendre, quelques choses, car déjà ils sont grands. Mais sa souffrance est telle, sa fatigue est telle qu’il ne peut trop parler car il sait trop bien que ce qu’il dira, ne servira qu’à mettre en branle une roue qui doit découvrir son propre chemin.

 

Lorsque l’être surmental est devenu supramental, il regarde derrière lui et il ne voit plus rien, car sa mémoire ne contient plus l’émotion du passé, elle ne sert qu’à alimenter dans le présent ce qui doit être alimenté. Lui-même n’a plus de besoin car il n’a plus à apprendre de la vie, il la connaît. La distinction entre ces trois êtres sert à faire comprendre la progression de la vie et à faire réaliser que tout ce qui est, sera autre demain, afin que soit préparé ceux qui doivent vivre demain. Un cycle nouveau engendre de l’instruction nouvelle et ceux qui vivent d’eux-mêmes ne peuvent vivre que de ce qui est réel. Car c’est de cette nourriture qu’ils vivront le reste de leur vie, avant de passer à des espaces plus libres, plus glorieux. La peine de la vie est une peine de mort, la joie de la vie est l’immortalité. La plus grande découverte de l’être surmental c’est de réaliser jusqu’à quel point, il était ignorant. Et sa plus grande perte d’énergie est de s’occuper outre mesure de ce qu’il sera demain.

C. 69B L’EMPLOIS DU TEMPS


L'emploi du temps chez l’homme est une des conditions fondamentales pour vivre une vie pleine. L'être humain a des difficultés à employer son temps d'une façon de plus en plus perfectionnée afin de ne pas sentir dans sa conscience l'inutilité de sa conscience, c'est à dire une perte de possibilité créative de sa conscience en fonction de sa vie matérielle. Pour que l’homme apprenne à employer son temps et à perfectionner le mode d'emploi de son temps, il lui faut devenir de plus en plus équilibré dans son mental, il lui faut devenir de plus en plus capable de supporter la tension qui existe dans son mental lorsqu'il n'est pas actif, lorsqu'il n'est pas créatif ou lorsqu'il ne remplit pas une tâche qui lui convient et qui lui semble faciliter la vie.

Mais pour que l’homme en arrive à neutraliser cette tension dans son mental, il faut qu'il développe ou qu'il apprenne à développer une sorte de foi, c'est à dire une sorte de compréhension profonde que son action, qu'elle soit ralentie ou accélérée, est toujours le produit de l'activité de son double sur son ego. Si l’homme est capable d'absorber cette tension, s'il est capable de réaliser que le temps qui doit être utilisé pour faire telle ou telle chose convient de plus en plus à sa conscience créative au fur et à mesure qu'il se conscientise, l'ego sera désengagé de la responsabilité, en apparence seulement, du mauvais emploi de son temps.

L’homme veut toujours que son temps soit rempli, il veut toujours qu'il y ait équilibre dans son temps, qu'il y ait équilibre entre sa créativité et le monde dans lequel il vit. Mais d'un l'autre côté, l’homme ne peut pas être constamment en action créative, il doit y avoir un repos en lui. Mais l'ego ne veut pas se reposer, il n'aime pas le repos et surtout, il n'aime pas le repos imposé par son double parce qu'il sent que son double peut nuire à l'équilibre éventuel de ses sens, à l'équilibre éventuel de son énergie. Et ceci est une illusion.

L'ego ne peut pas éventuellement, lorsqu'il est très conscient, perdre conscience de la perfection dans la créativité du double. Il ne peut pas perdre conscience de la réalité du double, donc il ne peut pas perdre conscience du fait que l'action du double à travers lui est une action qui est pleinement mesurée, est une action qui arrive dans un temps qui est à la mesure même de la relation qui doit exister entre lui-même et l'ego. Mais l’homme est tellement peu habitué à la coordination parfaite entre lui-même et son esprit ou son double qu'il a de la difficulté non pas nécessairement à croire, mais à s'inviter à croire que le double le servira dans un temps précis, le servira en temps et lieu, et dans un temps qui sera parfait, qui coïncidera avec les nécessités de l'ego.

Nous, les hommes, avons beaucoup de difficultés, à cause de la nature de notre expérience antérieure, à vivre une sorte de communion avec notre double. Nous avons de la difficulté à réaliser que notre double est toujours à temps, autrement dit que notre énergie créative est toujours à temps. Nous avons été trop déçus, nous avons trop manqué, trop diminué dans la perfection de l'action au cours de notre période involutive. Donc aujourd'hui, alors que l’homme se conscientise et qu'il doit prendre conscience d'un nouveau mécanisme en lui qui équilibre l'énergie de ses principes avec sa conscience, il lui est encore très difficile de voir ou de réaliser que l'action créative, que le temps de sa conscience, sera parfaitement rempli dans la mesure où l'équilibre entre le double et l'ego sera établi.

Nous avons toujours agi dans notre vie inconscience à partir des désirs de l'ego et nous avons toujours agi en fonction de ses désirs. Nous avons toujours eu ou vécu sous l'impression que c'était l'ego qui dominait l'existence ou qui dominait la vie. Lorsque nous nous conscientisons, nous nous apercevons que la situation est autre, qu'il y a une partie de l’homme dans l'invisible qui est réellement à la source de toute activité qui se passe sur le plan du mortel, et il faut éventuellement qu'il y ait équilibre entre cette source et l’homme, qu'il y ait équilibre dans la conscience de l’homme afin que l’homme ne souffre plus du mauvais emploi, en apparence, du temps.

Si l’homme n'était pas insécure dans la vie à aucun niveau, il ne souffrirait pas du temps, il ne souffrirait pas des pertes de temps, il ne les sentirait pas, elles n'existeraient pas dans sa vie. Mais l’homme a besoin de tant de choses dans la vie. La vie est tellement complexe et les éléments existentiels, les événements, sont tellement puissants et peuvent tellement facilement déranger la vie de l’homme qu'il est très difficile pour celui-ci de mettre sa vie parfaitement dans les mains de sa conscience créative, c'est-à-dire de se laisser amener dans la créativité, de se laisser amener dans le remplissage de son temps à partir de l'équilibre qui doit exister entre son énergie créative et l'ego sans avoir à se servir ou à vibrer sur le plan du corps de désir pour le faire. Et ceci est une douleur pour l’homme, c'est une souffrance pour l’homme.

Il semble que l’homme est toujours en attente de quelque chose. Et le fait d'être en attente de quelque chose tous les mois, toutes les années, pendant de longues périodes, ceci crée chez l’homme une sorte d'impuissance, une sorte de tristesse, une sorte de malaise et il tente constamment de remplir cette condition, d’éliminer ce malaise, afin d'être constamment et d'une façon permanente rempli, c’est-à-dire plein d'actions ou de conscience créative à l'intérieur de sa vie, c’est-à-dire en fonction du temps qui lui est propre et qui fait partie de l'organisation matérielle de sa conscience vis-à-vis des événements.

Mais les événements ne semblent pas donner raison à l’homme, les événements ne semblent pas faciliter la vie à l’homme et c'est pourquoi ce dernier trouve très difficile l'emploi de son temps. Il trouve aussi très difficile le fait que son énergie créative soit sous le contrôle d'une force ou d'une puissance qui n'est pas régie par lui. Autrement dit, l’homme ne sent pas qu'il a le pouvoir quand il veut, instantanément, de corriger cette conscience du temps qui le fait souffrir. Mais plus l’homme se conscientisera, plus il en arrivera à corriger cette différence qui existe entre la conscience de son ego et sa conscience créative. Mais ceci nécessitera naturellement un ajustement sur le plan de son corps de désir.

Il faudra que l’homme apprenne à ne pas paniquer, il faudra que l’homme apprenne à savoir que, s'il sait quelque chose, s'il sait que telle chose doit être faite, s'il sait que quelque chose doit être vécu, cette chose sera vécue puisqu'il le sait. Mais elle le sera dans des conditions qui seront parfaites et qui seront réalisées comme étant parfaites au fur et à mesure que l'ego pourra se désengager de l'inutilité et de la tristesse de sentir qu'il n'est pas actif, ou qu'il n'est pas créatif, ou que son temps n'est pas venu pour faire telle chose, ou qu'il y a des forces en lui qui l'empêchent d'avancer dans la vie afin de se créer l'équilibre dont il a besoin pour être bien dans sa peau.

L'emploi parfait du temps est certainement une des grandes caractéristiques de l'existentialisme humain. C'est certainement une des grandes conditions de vie sur la Terre qui rende la vie sur la Terre moins optimale, moins intéressante. Ceci parce que l’homme, en tant que mortel, en tant qu'ego, n'est pas capable de sentir la puissance inhérente de ses facultés, la capacité instantanée de son pouvoir créatif à remplir les conditions de vie nécessaires afin que lui en tant qu'ego puisse bénéficier de la vie, et vivre bien, vivre sans aucune tension.

Tant et aussi longtemps que l’homme sera dans la survie, tant et aussi longtemps qu'il sera dominé par des conditions de vie qui ne sont pas sous son contrôle, il sentira l'impossibilité de remplir son temps à la perfection, il sentira l'impossibilité de vivre dans une temporalité qui coïncide avec son ego comme avec sa conscience créative. L'élimination de la survie chez l'être humain est une des grandes conditions de la nouvelle évolution, elle fait partie de la nouvelle évolution. Elle est foncièrement nouvelle, cette condition et ne peut être rattachée d'aucune façon à la façon dont nous vivions auparavant, c'est à dire à la forme existentialiste de nos vies, de nos expériences humaines.

L'évolution de l’Homme nouveau ne peut pas être semblable ou parallèle avec l'évolution de l’homme ancien. Donc la survie chez l’Homme nouveau ne peut plus un jour exister, elle ne devra plus un jour exister parce que tant qu'elle existera, elle sera simplement un signe que l’homme n'a pas parfaitement établi de correspondance entre son énergie et son ego, de sorte que l’homme ne pourra pas sentir parfaitement qu'il a contrôlé le temps, qu'il peut vivre une vie en dehors de tensions que crée un temps qui lui semble mal rempli et qui ne semble pas être dans la mesure chronologique qu’il voudrait que ce temps soit.

L’Homme nouveau pourra facilement réaliser la connexion, la relation qui existe entre la survie et l'impression qu'il ne peut pas utiliser son temps parfaitement. Qu'est-ce-que nous voulons dire par la sensation de ne pas utiliser son temps parfaitement ? 

Nous voulons dire que dans la conscience humaine de tous les jours, dans la vie de tous les jours, il semble y avoir des lacunes, des poches, des espaces où l’homme n'est pas rempli, ne se remplit pas, où l'événement semble passer autour de lui à travers lui, mais où lui ne le crée pas. L’homme semble ne pas être défini dans sa conscience, il semble ne pas être capable d'être bien instantanément dans sa conscience. Il semble qu'il y ait autour de lui des choses qui se passent sur lesquelles ou envers lesquelles il n'a pas de contrôle, qu'il ne peut pas faire un certain travail parce que l'énergie n'est pas là, ainsi de suite

Donc, pour l’homme nouveau, cette condition de vie est très pénible. Et plus l’homme sera conscient, plus il réalisera l'aspect pénible de cette condition de vie et plus il sera amené avec le temps à la corriger, à établir une conversion instantanée d'énergie entre son double et lui-même. Mais pour ceci, il faut que l’homme devienne très conscient. Il faut qu'il soit extrêmement en dehors de sa subjectivité, beaucoup et très en dehors de sa subjectivité. Il faut que l’homme soit réellement conscient de l'équilibre permanent qui existe entre lui et son énergie.

Il ne faut pas qu'il ait de doutes, parce que s'il y a en lui le moindre doute dans l'équilibre entre lui-même et son énergie, cette énergie sera obligée naturellement de corriger ce doute et l’homme, naturellement, souffrira de l'impossibilité d'utiliser sa temporalité d'une façon parfaite. Il sentira qu'il n'est pas conscient tout le temps et que la vie n'est pas à la mesure de lui-même, qu'elle n'est pas à la pointe de ses doigts, qu'il n'a pas toujours le pouvoir de dicter sur le plan matériel les conditions ou la qualité de sa vie. Et ceci pourra être une très grande souffrance pour certains individus qui cherchent de plus en plus à contrôler leur vie, leur existence.

Lorsque nous parlons de survie, nous ne parlons pas simplement de survie matérielle, nous parlons de survie à tous les niveaux. Nous parlons de cette espèce de vie qui n'est pas une vie, qui est simplement une forme d'esclavage. Et c'est cette forme d'esclavage qui empêche l’homme, qui enlève à l’homme le plaisir, la possibilité de sentir qu'il utilise son temps d'une façon parfaite constamment et de façon permanente, qu'il est constamment présent dans sa vie.

L’homme doit sentir qu'il est constamment présent dans sa vie, qu'il a dans sa vie constamment le pouvoir d'arranger, de faire évoluer, de réorganiser, autrement dit de créer. Et pour que l’homme en arrive à avoir ce pouvoir, cette puissance, cette conscience, cet équilibre, il faut qu'il en arrive éventuellement à éliminer de sa vie tout ce qui est de survie, tant sur le plan émotionnel, que sur le plan mental, que sur le plan matériel. Cette survie ne peut plus et ne doit plus exister. Tant qu'elle existera l’homme sentira que le temps n'est pas le sien, qu'il y a du contrôle dans son temps, qu'il y a des forces en lui qui contrôlent, qui gèrent son temps. Et tant qu'il sentira cela, il ne sera pas libre, il ne sera pas capable de bénéficier d'être humain, conscient et libre dans sa conscience.

Pour l'ego, vivre la conscience du temps c'est une souffrance parce que la conscience du temps reflète un mouvement qui n'est pas ajusté. Lorsqu'il y a du temps dans la conscience de l'ego, c'est que sa conscience n'est pas ajustée, les événements ne sont pas parfaits, il y a une retenue d'énergie quelque part. Pour l’homme, cette conscience du temps devient une souffrance et moins il y a harmonie dans le flot des événements, plus cette conscience du temps devient aiguë, plus elle devient pénible et plus l’homme vit une tristesse dans le fond de sa conscience. Et cette tristesse doit un jour disparaître et elle disparaîtra naturellement au fur et à mesure que l’homme se conscientisera, au fur et à mesure qu'il pourra prendre contrôle de sa vie, des événements dans sa vie, et ne plus souffrir du temps qui le faisait souffrir pendant l'involution. Mais pour que l’homme ne souffre plus du temps, il faut qu'il soit en dehors du temps. Pour qu'il soit en dehors du temps, il faut qu'il n'y ait pas en lui de conscience du temps. 

Mais qu'est ce qui crée dans l’homme la conscience du temps ? 

C'est le fait qu'il soit toujours en état de combat entre la chronologie des événements qui découlent de l'action du double à travers l'ego et son corps de désirs. Donc la souffrance du temps pour l’homme est le produit de la lutte entre l'ajustement de son énergie et son corps de désirs. Si son corps de désirs est très actif, naturellement il souffrira de plus en plus du temps. Moins son corps de désirs est actif, autrement dit plus il est mental dans la conscience de son énergie, moins il souffrira du temps parce qu'il saura que tout vient à temps.

Donc il n'aura pas la tension interne de sentir le manque d'équilibre entre la vie qu'il veut bien mener et qu'il veut vivre et les événements qui doivent remplir les conditions d'une telle vie. À partir de ce moment-là, il s'habituera petit à petit à prendre son temps, à ne pas être énervé, à ne pas être excité, à ne pas être tendu à l'intérieur des conditions de vie qui ne sont pas encore emmenées à une concrétion, emmenées à une finalisation. Mais ceci demande un très grand exercice, une très grande capacité d'absorber la tension qui existe entre l'énergie et le corps de désirs.

Et plus l’homme s'habitue à demeurer calme dans cet échange d'énergie entre sa conscience créative et son ego, plus il apprend à corriger cette tension du temps en lui, moins il en souffre et plus, avec le temps, il en arrive à être capable de ne plus souffrir de cette crise constante et permanente qui fait partie de la conscience existentielle et planétaire de l’homme.

L'ego a beaucoup de difficultés à voir ou à vivre la vie comme le veut son double. L'ego veut toujours vivre la vie comme lui la veut. Ceci est très bien et d'ailleurs ceci est nécessaire, mais il ne peut pas, l'ego, vivre sa vie comme il le veut tant que l'équilibre entre lui et son énergie n'a pas été établi. Et pour que l'équilibre s'établisse entre lui et son énergie, cela prend un certain temps. C'est à dire que l'ego doit apprendre à corriger l'imperfection de ses mécanismes subjectifs. C'est cette imperfection qui fait qu'il souffre de la temporalité, ce n'est pas la faute de son double.

Le double chez l’homme, l'énergie chez l’homme, elle est parfaite. Le rapport entre l'énergie et les principes égoïques de l’homme, par contre, doit être perfectionné. C'est justement dans le perfectionnement de ce rapport que nous découvrons éventuellement un équilibre qui fait en sorte que l'ego ne souffre plus du temps, parce que le mouvement de l'énergie à partir de son double coïncide parfaitement avec l'événementiel qui fait partie de l'organisation systémique de sa vie en évolution.

Donc il y a une coordination de plus en plus perfectionnée entre l'énergie et l'ego et, à partir de ce moment-là, l'ego souffre de moins en moins du temps parce que le corps de désirs est de moins en moins impliqué. Ce dernier est de moins en moins impliqué parce que le mental est devenu de plus en plus perfectionné. C'est l'absence de perfectionnement dans le mental humain qui fait que le corps de désirs à tendance à créer une tension dans l'événementiel et à reproduire cette tension dans le fait que l'énergie n'est pas toujours prête à manifester à travers l'ego sa puissance, parce que le temps de l'énergie n'est pas parfaitement intégré au temps de l'ego.

Cette condition changera lorsque l’homme aura compris que la relation entre son énergie et lui-même est une relation parfaite et qu'il doit, lui, en tant qu'être, en tant qu'ego, ne pas s'inquiéter de la perfection de cette énergie et de ce rapport. L’homme doit le savoir intrinsèquement, l'ego doit réaliser intrinsèquement que sans sa lumière il n'est rien. Donc s'il apprend à absorber, à travailler, et à intégrer cette lumière, cette énergie, dans le temps qui lui sied bien à elle, éventuellement le rapport entre lui et l'énergie sera tellement établi et tellement perfectionné que l'ego ne sentira jamais le manque de chronologie, le manque d'action, le manque de créativité dans sa conscience. Il sentira toujours sa conscience remplie parce qu'il aura établi des conditions de vie et d'échange d'énergie qui coïncideront parfaitement avec lui-même sur d'autres plans.

Donc, en tant qu'ego, en tant qu'être pensant, en tant qu'être possédant de l'émotivité, il vivra le calme, c'est-à-dire que le temps ne sera plus pour lui un problème. À partir de ce moment-là, l’homme commence à sortir de la survie. Il commence à sortir de la survie psychologique qui est directement liée à la survie matérielle, il commence à pouvoir vivre une vie qui est réellement en paix, une vie où tous ses plans sont de plus en plus perfectionnés et où lui, en tant qu'être, peut vivre à la mesure d'un échange parfait entre son énergie et ses principes.

Mais si l’homme ne se dompte pas de cette inquiétude, de cette tristesse, de ce malaise pervers qui fait partie de sa conscience et qui résulte du manque d'ajustement entre son énergie et son corps de désirs, il souffrira toujours dans sa vie du fait que le temps n'est jamais à la mesure de son vouloir, que le temps n'est jamais à la mesure de dont il a besoin, qu'il n'est jamais à la mesure de son équilibre. C'est à partir de l’homme, c'est à partir de l'ego, que doit se faire ce travail, ce n'est pas à partir de l'énergie. L'énergie, elle pénètre dans l’homme et doit s'ajuster avec l’homme en tant que récepteur. C'est à l’homme de savoir et de comprendre les mécanismes de cette énergie à partir du mental, et apprendre graduellement à se réserver au moins le droit à une vie qui n'est pas constamment sous la tension de ce manque d'harmonie entre le temps de l'ego et le temps de l'énergie.

D'ailleurs nous pouvons assurer l’homme que l'équilibre entre l'énergie de sa conscience et de son ego est directement proportionnel à l'élimination de cette tension permanente qui existe et qui a toujours existé dans la conscience humaine, celle du fait que le temps n'est jamais sous notre contrôle, que le temps n'est jamais à la mesure que nous voudrions qu'il soit. Mais les mécanismes subjectifs de la conscience humaine sont très complexes et l’homme est beaucoup plus assujetti dans la vie qu'il ne le réalise tant par l'événementiel que par sa condition psychologique. L’homme est beaucoup plus insécure dans la vie que nous pouvons l’imaginer, l’homme est beaucoup plus dans la survie qu'il ne le croit, même s'il est très bien sur le plan financier, ou même si sa vie semble aller assez bien.

S'il regarde profondément dans sa vie, il verra que, éliminant certaines possibilités réellement affreuses, il y aura toujours d'autres possibilités qui risque de créer dans sa vie un certain émoi, une certaine tension, un certain déséquilibre. Tant que l’homme sait ceci, c'est qu'il y a en lui encore de la survie, c'est qu'il manque en lui de la puissance, c'est qu'il n'est pas encore parfaitement intégré dans son énergie.

C'est pourquoi la souffrance du temps fait partie de la souffrance psychologique de l'ego, elle fait partie du déséquilibre entre l'ego et son énergie. Et elle ne sera éliminée, cette souffrance, que lorsque l'ego aura parfaitement compris qu'il y a un temps pour chaque chose et que chaque chose a son temps.

Mais l'ego dira aussi :  mais pourquoi je ne peux pas vivre ma vie dans mon temps ?  

La question est mal posée. Le temps de l'ego, c'est une illusion. Le temps de l'énergie, c'est la réalité. Lorsque qu'il y a équilibre entre l'énergie et l'ego, le temps de l'énergie devient le temps de l'ego, donc l'ego ne souffre plus du temps. Mais tant que l'ego vit sa vie en fonction de son temps à lui, naturellement il y aura déséquilibre entre l'énergie et l'ego parce que l'événementiel est très complexe, et c'est le double de l’homme, c'est son énergie, qui connaît l'avenir, c'est son énergie qui connaît, crée le présent et qui crée l'avenir, c'est son énergie qui crée l’homme.

Donc si l'énergie crée l’homme, si l'énergie est la source de vie de l’homme, il ne s'agit pas pour l’homme de croire que lui, en tant qu'ego, subjectivement, peut contrôler sa vie. Ce n'est pas subjectivement que l'ego contrôle sa vie, que l'ego sort de la survie, que l'ego est maître de la vie, c'est objectivement qu'il peut l'être et l'ego est objectivement dans la vie lorsqu'il est parfaitement en relation étroite et balancée dans ses énergies. Donc les mécanismes insuffisants de la subjectivité humaine, les mécanismes psychologiques de l'ego, sont responsables de l'impression qu'il a de la tristesse qu'il vit lorsque le temps n'est pas à la mesure de son corps de désirs. C'est à l'ego d'apprendre à corriger cette imperfection, à corriger ces mécanismes d'habitude et à prendre conscience que la survie est le produit de l'action de l'ego qui n'est pas capable d'ajuster sa vie à son énergie.

La survie est le produit du manque de coordination entre l'ego et le double ou son énergie. Que la survie n'est pas nécessairement une condition fixe de vie, mais qu'elle est une condition très grande de vie tant que l’homme n'a pas réellement compris qu'il doit vivre sa vie en fonction directe de son énergie et jamais en fonction des mécanismes subjectifs de l'ego qui veulent coordonner la vie ou l'événementiel selon le corps de désirs de l'ego. Ceci est la grande erreur de l’homme et elle a toujours été la grande erreur de l’homme et c'est pourquoi l’homme a toujours souffert du temps.

Mais lorsque l’homme se conscientise et qu'il commence tout de même à comprendre des choses que l’homme ancien ne comprenait pas, lorsqu'il commence à réaliser les mécanismes fonciers de la conscience humaine, il n'y a plus de raison éventuellement pour l’homme de souffrir du temps comme il en souffrait auparavant. Il n'y a plus de raison pour l’homme de s'inquiéter comme il le faisait auparavant et de sentir dans sa conscience de tous les jours une sorte de vide, une sorte d'impatience, si vous voulez, une sorte d'inquiétude que les choses ne se feront pas. 

Les choses se feront, mais elle se feront lorsque l'ego sera suffisamment ajusté à son énergie. Pour que l’homme perde cette tristesse, pour que l’homme perde ce malaise du temps qui colle à lui depuis qu'il est jeune, il faut qu'il réalise éventuellement que la vitalité en lui est directement proportionnelle à sa conscience. Que la vitalité en lui est directement proportionnelle à sa capacité d'absorber son mouvement à elle.

Il faut que l’homme puisse en arriver à être capable de se plier facilement aux conditions de l'énergie sans en souffrir. Lorsque l’homme pourra se plier facilement aux conditions de l'énergie sans en souffrir, il sera parfaitement en équilibre avec elle et à partir de ce moment-là, il ne souffrira plus du temps. Mais l’homme ne veut pas se plier aux conditions de l'énergie, parce qu'il possède un ego qui tout de même est un centre de volonté, un centre d'intelligence. Ceci est très juste, mais pour que l’homme en arrive à bénéficier de l'énergie de la volonté sur le plan de l'énergie de l'intelligence, il faut qu'il en arrive d'abord sur le plan de l'émotion à pouvoir absorber les conditions souvent restreignante de l'énergie.

L'énergie dans l’homme qui se conscientise transmute son émotivité. Ce n'est pas tellement le mental que l'énergie transmute, que l'émotivité, parce que c'est l'émotivité chez l’homme, c'est sa conscience animale, sa conscience inférieure, qui réellement fait obstacle à l'organisation parfaite de l'énergie avec le mental humain Le mental humain est suffisamment développé pour pouvoir absorber l'énergie, mais l'émotion humaine, l'aspect inférieur de l’homme n'est pas prêt, n'est pas agile à absorber l'énergie, parce que cette condition de l’homme est inférieure, elle fait partie de la conscience planétaire de l’homme, elle fait partie de la conscience animale de l’homme, elle est directement reliée à son système nerveux, à sa survie, aux mécanismes de la vie réellement matérielle, physique, mortelle, tandis que le mental de l’homme est capable d'absorber des choses, des plans de conscience de l'énergie qui ne sont pas affectés par l'émotivité.

C'est pourquoi l’homme nouveau aura plus de difficulté sur le plan émotionnel à vivre l'équilibre de l'énergie parce que c'est du plan émotionnel qu'il sent la survie, qu'il souffre le temps, qu'il ne peut pas intégrer l'énergie à son mental. Donc la relation entre le corps de désirs et l'énergie est une relation qui doit être réellement réajustée parce que l'énergie ne se laissera jamais dominer par le corps de désirs de l’homme. L'énergie ne peut pas être amenée d'une façon créative vers l’homme par le corps de désirs. L’homme est impuissant sur le plan du désir à ordonner à l'énergie. Il ne s'agit pas d'ailleurs d'ordonner à l'énergie puisque l'énergie fait partie de la conscience supérieure de l’homme, donc c'est nettement une illusion. C'est pourquoi l’homme souffre du temps, et qu'il sent dans sa vie de tous les jours qu'il y a des espaces vides, des espaces qui ne sont pas remplis et qui semblent lui faire perdre son temps

L’homme semble perdre son temps parce que justement son corps de désirs est encore actif, encore trop actif. Il y a une différence entre l'actualisation du corps de désirs chez l’homme et la manifestation de sa volonté créative. Dans la manifestation de la volonté créative de l’homme, il n'y a pas de désir, il y a simplement le mouvement puissant de l'énergie à travers le mental, donc il n'y a pas de problème de temps. Mais dans l'expression du désir chez l’homme, il y a effectivement du temps parce que ce temps ne coïncide pas avec la temporalité de l'énergie, donc l’homme souffre, l’homme sent un vide, l’homme sent un manque dans l'organisation, un manque de chronologie, un manque de perfection dans ses étapes de vie, de là sa souffrance existentielle.

Si nous souffrons dans la vie, c'est parce que nous souffrons de nous-mêmes, à cause de nous-mêmes. Nous ne souffrons pas à cause de l'énergie. Nous avons l'impression que nous souffrons à cause de l'énergie, mais cette impression est fausse : nous souffrons parce que nous n'avons pas intégré l'énergie. Donc il ne s'agit pas pour l’homme de blâmer l'énergie, il s'agit pour l’homme de voir en lui les mécanismes qui font défaut, les mécanismes qui sont de vieilles habitudes qui empêchent l'énergie de se placer dans lui, en lui, dans son temps à elle, temps qui coïncidera parfaitement avec celui de l'ego lorsque l'ego sera finalement libéré du pouvoir puissant du corps de désirs.

Le corps de désirs chez l’homme est beaucoup plus puissant que l’homme se l'imagine. Il est très puissant parce qu'il fait partie de sa conscience animale, de sa conscience apeurée, impuissante, de sa conscience de survie. Il fait partie de tout ce qui chez l’homme est mortel, de tout ce qui chez l’homme est planétaire, donc le corps de désirs chez l’homme donne à l'ego l'impression qu'il peut aller de l'avant. Mais en fait, le corps de désirs chez l’homme n'est qu'une réaction naturelle, animale, à l'énergie qu'il ne peut pas dompter, qu'il ne peut pas contrôler, qu'il ne peut pas intégrer.

Lorsque l’homme aura intégré l'énergie, il n'y aura plus de conflit en lui, plus de conflit entre le visible et le matériel, entre le mental inférieur et le mental supérieur, donc il n'y aura plus dans l’homme d'expression subjective de vie colorant son existence et lui faisant ressentir qu'il n'est pas heureux. Il ne pourra pas ne pas être heureux parce que justement le corps de désirs aura été suffisamment ajusté pour que l’homme puisse finalement bénéficier de l'harmonie totale et parfaite de son énergie avec son mental.

C'est réellement dans la coordination entre l'énergie et le mental que commence la vie de l’homme, ce n'est pas entre le mental de l’homme et son corps de désirs. Mais l’homme a beaucoup de difficultés à voir la différence entre sa conscience mentale supérieure qui est agissante et créative, et son corps de désirs. La ligne de démarcation entre les deux n'est pas encore nettement définie. Pour que l’homme en arrive à voir réellement ce qui est désir et ce qui est volonté, il faut qu'il y ait épuration du corps de désirs afin qu'il y ait une plus grande manifestation de la volonté.

Donc la manifestation de la volonté est proportionnelle à l'épuration du corps de désirs, à la capacité chez l’homme de rendre parfaite son action au lieu de la rendre simplement d'une façon existentialiste, c'est-à-dire de la rendre en fonction d'un désir quelconque. Si l’homme rend son action ou crée une action en fonction d'un désir, cette action n'est plus sous le contrôle de l'énergie, elle est sous le contrôle des forces planétaires, donc automatiquement il y aura en elle de la polarité et l’homme ne pourra pas bénéficier de son action d'une façon parfaite. 

C'est pourquoi, d'ailleurs, les hommes qui vivent des actions en fonction de leur corps de désirs sentent toujours une petite imperfection, sentent toujours une diminution de la valeur réelle et absolue de l'action, il n'y a jamais dans cette action de l'absolu. Donc il y a toujours dans l'action de l’homme qui part d'un corps de désirs qui vibre, une sorte de tristesse.

Tandis que lorsque l’homme vivra une action qui part de sa conscience créative libre du pouvoir du corps de désirs planétaires, l’homme pourra à ce moment-là remplir son temps. Il sentira que son temps est toujours rempli parce que le corps de désirs de l’homme ne mettra jamais son nez dans les affaires de la vie de l’homme. Et les affaires de la vie de l’homme, ou la vie de l’homme, font partie de la conscience de l’homme, font partie de son énergie, font partie de l'action du double à travers l'ego.

Donc lorsque le corps de désirs aura cessé de vibrer, l’homme commencera à ce moment-là à ne plus souffrir du temps. Et si l’homme un jour arrive à ne plus souffrir du temps, il verra combien douce est la vie, combien pleine est la vie, combien plein est le temps, combien parfait est son temps et jusqu'à quel point l'équilibre existe entre son énergie et son ego.

L’homme verra à ce moment-là qu'il n'est plus dans la survie, que cette survie ne peut plus l'atteindre parce qu'il est parfait dans son énergie. L'énergie créative de l’homme ne peut pas le laisser tomber parce qu'elle fait partie de la vie. Mais le corps de désirs de l’homme peut le laisser tomber parce que le corps de désirs de l’homme ne fait pas partie de la vie, il fait partie de l'existence, il fait partie de la conscience inférieure de l’homme qui s'inquiète des résultats, de l'avenir, de ce qui n'est pas devant lui, devant ses yeux.

L'activité du corps de désirs humains, c'est l'histoire de l’homme, c'est l'histoire de l'humanité, de l'existence, de la survie. L’homme doit un jour être capable de sentir que son temps est plein et il ne sentira ceci que lorsqu'il aura maté son désir, autrement dit lorsqu'il aura maté l'inquiétude dans la vie, et l'inquiétude dans la vie peut se projeter dans toutes les directions et affecter tous les secteurs de la vie humaine. Et tant que l’homme n'aura pas maté cette inquiétude profonde, subtile et permanente en lui, il sera dans la survie et il sera toujours prisonnier du temps. Il ne pourra pas sentir qu'il n'est pas dans le temps et souffrant du temps ou de la perfection du temps en lui.

C. 69A LA HAINE CONTRE SOI-MÊME

 

Il serait approprié de parler de la haine dirigée contre soi-même que beaucoup de personnes éprouvent dans la vie. Quelle est la cause d'une telle haine, pourquoi ?

L’homme éprouve la haine contre lui-même parce que, fondamentalement, il ne comprend pas les mécanismes de sa personnalité, il ne comprend pas les mécanismes de son ego, il ne perçoit pas bien ce qui crée en lui ce phénomène. Et comme il ne le comprend pas bien, il peut en souffrir pendant une très longue période et ne jamais en arriver à pouvoir saisir le mécanisme, de sorte qu’il peut facilement se retrouver au cours de la vie avec un amoncellement de complexes qui infériorisent sa réalité et diminuent d'une façon substantielle la qualité de vie qu'il peut se donner, et aussi le genre d'impression qu’il peut avoir de lui-même à cause de cette ignorance.

Se haïr soi-même, ce n'est pas normal. Cela revient effectivement à ne pas comprendre, à ne pas saisir qu'il existe dans l’homme à la fois un ego, c’est-à-dire une partie réflective, et aussi une partie créative qui n'a pas atteint un plein niveau de développement, de sorte que l'ego n'est pas parfaitement conscient de la relation qui existe sur le plan mental à l'intérieur de l’échange qui doit être fait entre lui-même et sa conscience créative.

Si l’homme se hait lui-même pour quelque raison que ce soit, pour quelque action que ce soit, ou cours de la vie, c'est qu'il n'a pas réellement saisi la nature profonde de la fonction de l'action. Au lieu de comprendre l'action comme étant un événement qui, dans l'avenir, devra servir à l’amener à un dépassement d'une certaine illusion, il succombe à la qualité psychologique de l'événement et la fixe dans son esprit, au lieu de la laisser passer comme étant simplement un événement qui n'a pas encore été suffisamment ajusté pour ne plus se répéter sur le plan de la souffrance.

Le problème de l’homme vis-à-vis de ce phénomène d'autodestruction qui est la haine contre soi-même, représente une sorte d'impuissance psychologique à renverser le rôle qui doit être donné à l’homme en tant qu’ego au cours de sa correspondance avec ce que nous appelons son esprit ou son double ou son intelligence créative. L’homme doit prendre dans la vie, sa place dans la vie. C'est-à-dire qu'il doit prendre dans la vie une place qui correspond à la réalité de son impression, de son action, et non pas une place qui semble être simplement la réflexion d’un manque d'ajustement entre son esprit ou son intelligence ou son double et lui-même.

Si l’homme n'apprend pas un jour au cours de la vie à regarder ses actions comme étant simplement le fait d'un manque d'ajustement entre son énergie et lui-même, évidemment il vivra toute sa vie à comparer son action mal rendue à d'autres actions créées par d'autres hommes, et automatiquement il souffrira de comparaison, et naturellement il aura tendance à se diminuer, à éventuellement se haïr, et très probablement, si ça va plus loin, à s’autodétruire.

Le phénomène de l'autodestruction ou le phénomène de se haïr personnellement est un phénomène qui relève du manque d'objectivité de l’ego vis-à-vis de sa conscience créative. C'est-à-dire que l’ego ne réalise pas que dans sa relation avec sa conscience, dans sa relation avec son énergie, il y a encore des étapes qui doivent être franchies afin que cette énergie se manifeste d'une façon créative, constructive, ne laissant pas dans l’ego la moindre trace qui pourrait l'amener à douter ou à questionner son intelligence ou à questionner l'équilibre mental.

Si l’ego se hait, c'est qu'il n'est pas suffisamment conscient du rôle que jouent en lui les forces de sa conscience. Il n’est pas suffisamment conscient, d’une façon objective et réelle, du rôle que joue en lui une conscience qui cherche de plus en plus à s’intégrer. Donc naturellement manquant d’objectivité, manquant de compréhension, il souffre de son ignorance, et automatiquement, il se blâme, c’est-à-dire qu'il prend contre lui ce que la conscience en lui n'est pas encore capable de faire, c'est-à-dire le rendre absolument créatif en ce qui concerne sa vie, ses actions ou son comportement.

La mémoire, là-dedans, a beaucoup à faire, parce que la mémoire rapporte constamment à l'ego les erreurs de son passé. Et l’ego est tellement habitué à fonctionner en relation avec la mémoire, qu’il oublie dans son action, qu'il oublie à cause de sa mémoire, le fait réel de la présence constante de l'action de son énergie à travers ces mécanismes. Donc, l’ego, sans s’en rendre compte, va re-puiser dans une mémoire quelconque une qualité de vie, une qualité psychologique, une qualité mentale ou émotionnelle qui fait partie de son passé, qui fait partie de son expérience passée, mais qui ne doit pas faire partie de son expérience présente. Ceci parce que dans le présent de la vie, la mémoire n’existe pas en tant que mécanisme de réflexion, elle existe en tant qu’aspect permettant à l'énergie de se modifier selon l'expérience antérieure, mais expérience qui n'empêche pas, qui ne brouille pas les ondes de sa conscience créative.

Si l'ego se permet de trop plonger dans la mémoire, naturellement cette mémoire reviendra constamment à l'affût et elle l’assiègera, essayant toujours de lui donner l'impression que son action n'est pas correcte, que son action n'est pas juste. Ce n'est pas à la mémoire de l’homme de rendre le jugement pour l'ego de la valeur de son action. C'est à l’ego d'en arriver un jour à être capable de poser une action sans souffrir constamment d’un certain feedback, d'une certaine revanche de l'énergie, d'un certain retour, si vous voulez, de l'énergie parce qu'il n'est pas suffisamment conscient des mécanismes de cette même énergie.

Se haïr soi-même, c'est une forme d'immaturité, c’est une forme d’enfantement de la conscience de l’homme, c'est une forme d'infantilisme, c'est une forme d'impuissance, c'est une illusion totale. Et cette illusion est tellement présente dans l’homme qu'elle est à la source même de son impuissance créative, donc de l'enterrement de ses capacités créatives et de ses facultés créatives.

Un ego qui se hait et qui passe son temps à se haïr, au lieu d’en arriver à bénéficier de son énergie, au lieu d’en arriver à la contrôler, au lieu d'en arriver à pouvoir s'en servir à volonté en pleine puissance à 100%, sera forcé de ne s'en servir qu’à un pourcentage beaucoup plus inférieur. Et naturellement, le reste de son action, le reste de son activité créative, sera fondé sur des mécanismes de mémoire qui reviennent constamment à l'attaque pour épuiser la flamme de sa conscience et le rendre de plus en plus comme tout le monde.

Mais l'ego de l’homme ne peut pas se permettre d'être comme tout le monde, parce qu’un ego, c'est quelque chose d’individualisé, d’individualisable, c’est quelque chose de hautement personnel. Mais pour que le caractère individualisé ou individualisable de l’ego se manifeste chez l’homme, il faut que ce dernier apprenne une fois pour toutes au cours de sa vie à mettre de côté les armes de l'autodestruction.

Il faut que l’ego s’habitue graduellement, éventuellement, à pouvoir assumer la responsabilité de son action sans pour cela toujours la mesurer ou la comparer avec le passé, ce qui ne peut faire que la diminuer à ses yeux parce qu'elle ne sera pas parfaite, puisqu’il n'est pas encore suffisamment avancé en conscience pour pouvoir bénéficier d'une action qui est parfaite, c'est-à-dire une action qui n'est jamais mesurée, qui n'est jamais mesurable, mais qui est simplement rendue créative par le lien étroit entre son énergie et les principes qui le constituent en tant qu’homme.

Si l’homme n'apprend pas à contrôler le phénomène de l'autodestruction ou de la haine contre lui-même, il ne pourra jamais gravir le sentier de sa conscience, donc il ne pourra jamais en arriver au sommet de sa puissance et réaliser dans la vie des choses qui font partie de sa capacité créative, de sa conscience, de l'élan vital en lui, choses qui caractérisent naturellement la vie heureuse et qui font partie de l'avancement de l’homme et de l’humanité.

Aussitôt qu'une personne sent en elle la haine contre soi-même, elle doit être suffisamment éveillée à l'illusion de cette sorte pour mettre fin instantanément à ce mécanisme qui représente simplement de la mémoire qui n'est pas contrôlée. Autrement dit, se haïr soi-même, c'est vivre sous le poids, sous la gestion, sous le bombardement, de notre propre mémoire. Un homme qui ne possède pas de mémoire ne peut pas se haïr. Un homme qui agit créativement, à un tel point qu'il ne possède pas de mémoire, ne peut jamais se haïr puisqu’il n'y a plus en lui de résidu plus ou moins évolué qui puisse être projeté contre son mental et s'affirmer comme étant plus ou moins bien, ou plus ou moins bon, ou plus ou moins intelligent.

Il y a simplement l’action créative qui est à la mesure de l’homme lui-même et qui lui suffit pour le moment où il est dans une action créative, dans une action générative. Mais l’homme qui a développé depuis des années des habitudes d'autodestruction, un homme qui, depuis des années, se hait parce qu’il n’est pas parfait ici, parce qu'il n'est pas parfait là, parce qu'il fait des erreurs ici, parce qu'il fait des erreurs là, il doit comprendre, cet homme, que les erreurs ne sont que le manque d'ajustement entre son énergie et son être.

Il ne doit comprendre que ceci. S’il comprend autre chose, il passera de la conscience créative à la conscience analytique et automatiquement, il deviendra vis-à-vis de lui-même un bouc émissaire. Il se flagellera et il se contentera sans fin d'être petit, d'être petit homme, et il n'aura jamais la hardiesse de s'élever, de grandir, de se tenir droit, parce qu’il ne possédera pas l'énergie nécessaire pour le faire, c'est-à-dire l’énergie qu'il doit lui-même manifester contre les jeux de l'énergie qui se font à l'intérieur de son être pour la transmutation, la conscientisation, le développement, autrement dit, total de sa personnalité.

Pour que l’homme en arrive à pouvoir ne plus se haïr, il faut naturellement qu'il dresse un bilan de ce qu'il devient chaque jour, il faut qu'il puisse réaliser chaque jour qu'il n'est pas ce qu’il était hier, ce qu’il était il y a deux semaines, deux mois, dix ans. Et à partir du moment où l’homme commence à réaliser qu'il n'est plus ce qu'il était, à partir de ce moment, il est capable de commencer à apprécier ce qu'il est, et éventuellement ce phénomène de se haïr disparaît, et un jour, il n’est plus assujetti à ce phénomène.

Il peut commencer à être bien dans sa peau, il peut commencer à se sentir bien, il peut commencer à se sentir à la hauteur de lui-même et à pouvoir respirer d'une nouvelle énergie, si vous voulez. Mais tant que l'homme n'aura pas réalisé que se haïr soi-même, c’est se défaire petit à petit un peu comme on défait un chandail, un peu comme on défait les maillons d’un chandail, il ne pourra pas réellement commencer à changer de direction, à changer ses attitudes, à changer ses habitudes de penser, donc il ne pourra pas réellement commencer à conserver son énergie, parce que lorsque nous nous haïssons, nous perdons une énergie importante de nous-mêmes, nous perdons une énergie qui, au lieu de servir à nous construire sur tous les plans de notre être, sert à nous démolir, à nous diminuer sur certains plans de notre être qui ont une très grande conséquence sur le matériel de notre être.

Par exemple, un homme qui se sent diminué, et même l’homme qui se hait, un homme qui ne peut pas se sentir ne peut pas utiliser l'énergie mentale en lui et l’énergie émotionnelle en lui afin de maintenir sur le plan de sa matérialité un équilibre. Il deviendra de plus en plus un être qui souffrira de certains maux, parce que justement son mental et son émotion n’ont plus la qualité naturelle de la vie, ils ont plutôt la qualité naturelle de l’homme qui va lentement vers la mort et le corps matériel doit en suivre, ou plutôt en subir les conséquences.

Une des raisons fondamentales pour lesquelles ce mécanisme existe chez l’homme relève du fait que l’homme n'a jamais été instruit dans la réalité de son comportement. L’homme a toujours vécu sa vie par comparaison, il a toujours vécu sa vie en fonction des autres, il n'a jamais été élevé, dans sa jeunesse, à vivre sa vie en fonction de lui-même. Donc il a naturellement développé, au cours des années, des mécanismes, des habitudes qui le rapportaient constamment à se valoriser vis-à-vis des autres. Et s’il ne pouvait pas se valoriser vis-à-vis des autres, s'il ne pouvait pas être un peu au-dessus de la cote, de la moyenne, à ce moment-là, il avait tendance à se dénigrer.

Et ceci est très, très dangereux, ceci fait partie de toute la mécanique complexe de la psychologie de l’homme occidental. Ce n'est pas normal pour un être humain de se haïr. C'est normal pour un être humain de ne pas agir encore avec perfection, mais ce n'est pas normal pour un être humain de se haïr, puisque le phénomène de se haïr relève d'une conscience qui n'est pas consciente des mécanismes de vie dans le mental, dans l'émotion, et dans le vital. Un homme qui se hait, c’est un homme qui ne comprend pas parfaitement que la relation entre ses actions et la qualité de ses actions est déterminée par le pouvoir de son énergie de se transposer parfaitement dans ses principes de vie planétaire.

Un homme qui ne comprend pas ceci ne peut pas en arriver à pouvoir cerner le problème existentiel de la vie de tous les hommes de notre planète parce qu’il est incapable de se saisir lui-même. Il n'est pas capable de se saisir lui-même, dans ce sens qu'il ne peut pas réaliser parfaitement que son action, telle qu'elle est vécue, est déjà prédestinée soit à l'échec, soit à la conscientisation de son être. Donc l'action qu'il commet est prédestinée à l'échec s’il la vit psychologiquement, s’il la vit par comparaison, et elle est prédestinée à la conscientisation s’il la vit sur le plan du dépassement, sur le plan de la perfection, sur le plan du perfectionnement de cette même action.

Il est évident que pour deux hommes ou trois hommes, ou dix hommes ou cent hommes, de commettre une action, que cette action soit proportionnelle dans sa perfection à la conscience de ces hommes ! Mais il y a parmi ces cent hommes peut-être un petit nombre qui pourront rendre cette action d'une façon beaucoup plus parfaite que d'autres parce qu’ils sont plus évolués, si vous voulez, que d'autres.

Mais le mécanisme de fond, c'est-à-dire le phénomène de se haïr si l'action n'est pas juste ou si l'action n'apparaît pas comme étant intelligente ou si elle ne mène pas au succès, ce phénomène de base doit être totalement absent chez ces cent personnes, si ces cent personnes doivent un jour en arriver à une certaine conscience qui leur permettra avec le temps, avec l’ajustement de leur énergie, d’en arriver à une certaine maturité de conscience où la volonté, l'intelligence, rendues extrêmement lucides, pourront leur donner dans la vie la puissance nécessaire à tout être humain qui veut réellement contrôler sa destinée et ne plus être assujetti au périple de la conscience astralisée.

Donc pour que l’homme inconscient, ou plutôt - puisque je parle à des êtres conscients - pour que l’homme conscient en arrive à ne plus se haïr, il faut qu'il prenne en conscience, il faut qu'il réalise d'une façon absolue, que dans le fait de tout, il n'est jamais responsable pour l'imperfection de son action. Un homme n'est jamais responsable pour l'imperfection de son action. L’imperfection de l'action chez l’homme fait partie de l'évolution de l’homme, elle fait partie de l'expérience de l’âme à travers l’homme ou elle fait partie de l'expérience de l'esprit à travers l’homme.

Si ça fait partie de l'expérience de l’âme à travers l’homme, il est évident qu'il y aura énormément d'actions qui seront diminutives ou qui seront inférieures à ce qu'elles pourraient être. Si l’homme est plus conscient de son esprit, il y aura moins d'actions inférieures à ce qu'elles pourraient être, parce que déjà, l’homme aura passé d'un plan d'évolution de conscience expérimentale à un plan d'évolution de conscience créative. Mais dans les deux cas, que l’homme soit assujetti à une mémoire animique qui est très puissante en lui et qui le force à vivre des actions qui ne sont pas d’un très haut niveau d'évolution, ou qu'un homme soit assujetti au travail de perfectionnement que fait son double sur son ego ou en relation avec son ego, le phénomène est toujours le même.

L’homme doit en arriver un jour à pouvoir vivre une action, manifester une action, sans psychologiquement s'impliquer dans la valeur négative de cette action, dans la valeur qui le caractérise négativement dans le domaine de cette expérience. Il doit vivre l'expérience et doit peut-être même le souffrir, le mouvement dans la vie qui n'est pas juste, qui n'est pas élevé, qui n'est pas perfectionné ! Mais un jour, il saura le dépasser, mais seulement à partir du moment où il aura réellement conclu un pacte avec lui-même, pacte qui lui permettra de réaliser que quelle que soit la qualité de son action, elle ne relève pas d'une faiblesse, elle relève simplement d’un manque d'ajustement entre son énergie et son ego.

Parce qu'à partir du moment où l’homme croit que son action relève d’une faiblesse, il caractérise cette action en fonction de la mémoire et il utilise comme paramètre, pour mesurer son action, la conscience sociale. Autrement dit, il se sert de l'instrument de comparaison qui fait partie de la conscience humaine environnante pour juger de son action. Et ceci est très mauvais parce qu’il s'enlève la qualité primordiale de toute action, celle d'être de plus en plus individualisée, de plus en plus mesurable à la qualité de son individualité.

Tant que l’homme n'aura pas dépassé cette illusion, il ne pourra pas utiliser la très grande réserve d'énergie en lui-même qui fait partie de son esprit, ou de son double, ou de sa réalité. Pour que l’homme utilise son énergie, pour que l’homme puisse réellement utiliser cette énergie et la projeter à l'extérieur de lui-même dans le monde, il faut qu'il puisse retourner contre cette énergie qui est en voie d'évolution la qualité de l'expérience qui n'est pas suffisamment perfectionnée.

Autrement dit, pour qu'un homme puisse réellement entrer dans son énergie, il faut qu'il défonce les voiles, les murs qui englobent cette énergie. Et ces voiles, ces murs sont justement son ego, sa psychologie humaine subjective qui lui font vivre cette énergie d'une façon réflective en relation avec la mémoire, au lieu de lui faire vivre cette énergie en fonction d'un processus ou d'une dynamique créative qui va de l'intérieur vers l'extérieur sans jamais se réfléchir sur lui en tant qu’ego. Il est là le grand danger de se haïr soi-même. Se haïr soi-même, c'est se consumer au lieu de consumer. C’est se voir brûler par un feu qui est le nôtre au lieu de brûler quelque chose dans le monde avec notre propre feu. Autrement dit, se haïr soi-même équivaut à se détruire au lieu de se construire. Il équivaut à ne pas parfaitement comprendre la relation entre l'énergie et l’ego.

La relation entre l'énergie et l’ego ne doit pas être une relation fondée sur la qualité psychologique de l’ego qu’il a développée ou qu’il a accumulée au cours de son expérience, à cause de son contact avec l’homme. L’ego doit développer une relation étroite avec son énergie, en relation étroite avec cette énergie. L’ego doit vivre de son énergie à partir de lui-même vers l'extérieur et ne jamais subir le contrecoup de cette énergie à cause des mécanismes de miroir, ou de miroitement, ou de réflexion que crée une énergie mal comprise, c'est à dire une psychologie insuffisante.

L’homme qui se hait ne peut pas composer avec son énergie, il ne peut composer qu'avec les reflets de cette énergie à l'intérieur de son ego, c'est-à-dire qu'il ne peut composer qu'avec des aspects de lui-même qui ne sont pas réels, dans le sens qu'ils ne représentent pas parfaitement la relation étroite et indivisible qui doit exister entre l’ego et l'énergie.

Un homme qui s'autodétruit ou qui se hait prend une part de cette énergie, la colore à cause de la mémoire et de l'expérience, et se l’applique, c'est-à-dire donne à sa personnalité la valeur de cette énergie. Lorsqu'en fait, sa personnalité est une condition, est une qualité, est une expérience qui est en devenir, qui est dans le futur, qui est demain, ou qui est dans le présent réel, mais qui n'est jamais dans le passé. La personnalité réelle de l’homme ne peut pas être dans le passé puisqu'elle est constamment un dépassement de lui-même, c'est-à-dire une relation de plus en plus étroite avec son énergie créative. Donc si un homme se hait, c'est qu’il mesure aujourd'hui, dans le présent, la valeur de sa personnalité en fonction du passé, au lieu de vivre, de créer instantanément une personnalité nouvelle, une personnalité vitale, une personnalité réelle en relation avec l'énergie qui fait partie de lui en tant qu’être.

Mais pour apprendre à ne pas se haïr soi-même, quelles que soient les actions que nous avons commises ou la qualité de ces actions, il faut graduellement en arriver, au cours de la vie, à comprendre les mécanismes réels qui définissent la personnalité de l’homme, qui définissent l'action de l’homme, qui définissent la psychologie humaine. Et ces actions qui définissent la psychologie humaine ne sont pas du ressort de l’ego en tant que tel. Elles ne sont du ressort de l'esprit à travers un ego qui n'est pas encore suffisamment ajusté pour que l'action soit parfaite.

Donc si l’ego comprend ceci, et si l’ego réalise que l'action fait partie de l'ajustement de l'énergie avec lui-même, avec le temps, il en arrive à composer avec l'énergie et à ne plus vivre cette énergie en fonction d'une qualité de pensée qui a tendance à le diminuer. Si l’ego comprend ceci, il en arrive, avec le temps, à pouvoir vivre une action quelle que soit sa mesure ou son perfectionnement, en fonction d'une conscience grandissante, c'est-à-dire en fonction d’une conscience qui devient de plus en plus réelle et de plus en plus perfectionnée.

Donc, à ce moment-là, nous n'avons plus de problème psychologique chez l’homme, nous n'avons simplement que des problèmes de perfectionnement dans l'action. Et l’ego commence à être soulagé du lourd fardeau de se mesurer, de se qualifier, ou de se donner une certaine cote de perfection.

Chaque être humain sur la planète Terre a un défi à vivre. C’est-à-dire que chaque homme doit défier la vie. Tous les hommes ne le savent pas, tous les hommes ne le comprennent pas, mais tout homme conscient, un jour, sera obligé de le réaliser. Et défier la vie veut dire en arriver à pouvoir ne plus souffrir de la vie telle qu’elle se manifeste à travers l’homme. Et pour ce, il faut que l’homme comprenne d'une façon absolue qu’il n'y est pour rien, à un certain moment de sa vie, dans la qualité de son action. L’homme y est pour quelque chose dans la qualité de son action lorsqu'il a parfaitement intégré son énergie. À partir de ce moment-là, il y a une relation étroite entre l'esprit de l’homme ou son double ou son énergie et lui-même, et à partir de ce moment-là, nous pouvons dire que l’homme est responsable de son action.

Mais avant ceci, l’homme n'est pas responsable de son action. Et la société a toujours imputé à l’homme, psychologiquement, une responsabilité vis-à-vis de son action. Ceci était nécessaire sur le plan social, ceci était nécessaire afin de rendre l’homme conscient des autres hommes, sinon nous aurions vécu pendant des siècles des civilisations qui auraient été simplement l'expression d'une sorte de barbarie. Mais dans le cas présent, dans le cadre d'une explication des mécanismes de la conscience supramentale, nous ne pouvons pas impliquer à l’homme une responsabilité créative, puisque l’homme n'est pas créatif, puisque l’homme n'est pas conscient. Donc nous ne pouvons lui impliquer qu'une responsabilité subjective, qu'une responsabilité relative à son éducation sociale, au concordat qui existe entre lui et la société, mais pas plus loin.

Donc il existe dans l’homme deux niveaux où il peut se haïr. Il y a le niveau où l’homme étant inconscient peut se haïr parce que son action n'est pas créative, ou n'est pas perfectionnée, ou n'est pas à la hauteur de ce qu'elle devrait être, et à ce moment-là, il vit un apitoiement sur lui-même qui relève de son inconscience, qui relève de la façon de vivre de l’homme inconscient. Mais dans le cas de l’homme qui va vers la conscientisation, il y a un écart très grand entre cette façon de vivre et la nouvelle qui fait partie de la nouvelle évolution.

L’homme conscient ne peut pas se sentir psychologiquement responsable vis-à-vis d'une action qui n'est pas parfaite, parce qu’il n’est pas psychologiquement responsable puisque sa psychologie n'est pas encore définie en fonction d'une conscience créative puisqu'elle est simplement définie en fonction d’une conscience mécanique, c'est-à-dire d'une conscience qui est le produit d'une mémoire, qui est affectée par une mémoire, et qui n'a pas en elle le poids, la centricité, la densité d'une individualité totale.

Donc, sur le plan philosophique, sur le plan social, l’homme est responsable de son action parce qu’il risque de vivre, ou de faire, ou de créer des actions qui ne conviennent pas à un consensus social. Mais sur le plan de la conscience individualisée, dans le relationnel entre l’ego et son énergie, cette responsabilité psychologique est une illusion que l’homme doit faire sauter s'il veut en arriver un jour à vivre d'une conscience créative, et à ce moment-là, vivre d'une conscience créative et sociale mais qui ne met pas en danger son individualité, qui ne diminue pas son pouvoir, sa puissance, et qui ne diminue pas non plus l'équilibre qui doit exister entre lui et la société, puisque à ce moment-là, où dans ce temps-là, l’homme est créatif, c'est-à-dire qu’il cherche dans son action à constamment équilibrer les forces de vie, donc à créer une harmonie.

Un homme conscient n’a plus à s'interroger, n'a plus à s'inquiéter de sa responsabilité sociale à travers son action puisqu’elle est créative. Donc par le fait même, elle est bonne. Par le fait même, elle est engendrante. Par le fait même, elle est vitale. Par le fait même, elle jette de la lumière dans le monde. Tandis que l’homme inconscient, lui, il doit vivre une certaine inquiétude de responsabilité en ce qui concerne son action parce qu’il n'est jamais sûr si son action correspond avec une conscience créative. Il a simplement l’impression que son action peut ou ne peut pas correspondre avec un équilibre dans le monde des valeurs, qui doit coïncider avec les valeurs de son monde social ou de son entourage.

Donc la situation de l’homme conscient sur le plan psychologique est nettement différente de la situation de l’homme inconscient sur le plan psychologique. Nous admettons que l’homme inconscient doit être responsable de ses actions parce qu’il invite déjà ses actions à être mesurées, à être jugées par la société puisqu'il fait partie d’un mental collectif. Tandis que l’homme conscient, l’homme de demain, l’homme de la nouvelle évolution, ne faisant plus partie d’un mental collectif, vivra un mental individualisé qui saura, de par sa propre nature, créer des actions qui conviendront au plus haut niveau de la conscience, c’est-à-dire au plus haut perfectionnement de la conscience créative de l’homme.

Donc, à partir de ce moment-là, l’homme conscient n'aura plus à se demander les questions, à souffrir de la justesse ou du manque de justesse ou de perfectionnement de son action à l'intérieur d’une conscience créative. À partir de ce moment-là, l’homme conscient ne sentira plus en lui le besoin ou ne sera plus victime en lui-même du phénomène d'autodestruction ou de diminution de soi-même. Il sera bien dans sa peau.

Et avec l'expérience et la compréhension des lois de la conscience, il en viendra un jour à agir sans arrière-pensée, sans mouvement de recul, sans question, sans ambiguïté. Il agira, et son action sera comme celle du samouraï et sera parfaite, et sera juste, et il n'y aura autour de lui aucun éclat qui serait le produit d'une action inconsciente. Donc, à ce moment-là, l’homme conscient ne vivra plus le problème de la responsabilité de la qualité de l'action vis-à-vis de lui-même, et il ne vivra plus, non plus, le problème de la responsabilité de son action en tant que qualité vis-à-vis de la société.

Donc il sera, vis-à-vis de la société, libre dans la qualité de son action, et il sera, vis-à-vis de lui-même, aussi libre dans la qualité de son action puisqu’il ne souffrira plus de la mémoire qui est le produit de l'accumulation de l'expérience de l’humanité, qui sert toujours pour l'individu inconscient de miroir afin de mesurer la qualité ou la valeur d'une action qui n'est pas encore conscientisée.

À partir du moment où l’homme commence à haïr les forces en lui, à partir du moment où l’homme est suffisamment conscient pour pouvoir haïr les forces en lui qui l'ont amené à vivre des actions incomplètes ou imparfaites, à partir de ce moment-là, l’homme commence à grandir en conscience, en maturité, en puissance. Il commence à se développer en lui une centricité, une capacité créative qu'il ne possédait pas auparavant. À partir de ce moment-là, l’homme commence à cesser de fonctionner psychologiquement, il commence à fonctionner créativement.

Mais tant que l’homme n'a pas renversé la vapeur, tant que l’homme n'a pas commencé à pouvoir ne pas se haïr, tant qu’il n'a pas commencé à pouvoir haïr ce qui en lui n'est pas ajusté sur le plan de l’ego, il ne peut pas réellement, dans la vie, apprécier son être. Donc il ne peut pas, dans la vie, être bien dans sa peau, il ne peut pas être ou se sentir à la mesure de lui-même, donc il ne peut pas être heureux avec lui-même. Et un homme commence à être heureux avec lui-même à partir du moment où il a suffisamment compris que la nature de la vie n'est pas ce qu’il croyait, qu'elle n’est pas, cette vie, engendrée comme il l'a cru auparavant lorsqu'il fonctionnait selon des paramètres psychologiques qui découlaient de son expérience à l'intérieur d’une civilisation inconsciente des lois de la vie.

C’est pourquoi il n'y a aucune place dans la vie d’aucun homme pour l'illusion qui le mène à l'autodestruction ou à l’autodéfinition qui a tendance à le diminuer vis-à-vis de lui-même. Si l’homme est incapable de saisir cet appointement avec sa réalité, il est inévitablement lié dans la vie à l'impuissance. Les lois de la vie sont fixes, elles sont absolues, et l’homme doit un jour réconcilier la vie avec son ego. Et pour ce, il doit un jour reconsidérer complètement la nature de sa psychologie, la nature de son moi, la nature de l'investiture des valeurs sociales qui ont depuis très longtemps, coloré sa personnalité et infligé à son ego une très grande perte de puissance. 

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