2 juin 2023

C. 103A INDIVIDUALISME PSYCHIQUE VS INTÉGRAL

 

La différence entre l’individualisme psychologique et l’individualisme intégral est essentiellement fondée sur la perception extra-sensorielle de l’homme nouveau. Il est impossible pour l’homme inconscient de comprendre cette différence parce que la conscience humaine, la conscience involutive, ne perçoit l’être qu’en fonction et que par rapport à ses opinions personnelles.

Pour que l’homme comprenne la nature de l’individualisme intégral, il lui faut avoir atteint un certain niveau d’esprit suffisamment élevé, suffisamment aigu, pour sentir à travers son action et sa parole une certaine absence d’égoïcité, c’est-à-dire une capacité mentale de regarder le phénomène humain, son propre phénomène humain, à partir d’une neutralité égoïque qui est fondée sur un très grand accès à ce lien universel qui fait partie de la conscience de l’homme intégral.

L’individualisme psychologique, quelles que soient ses vertus, repose toujours sur le principe de la manifestation égoïque d’une opinion ou de la coloration personnelle d’une perception. Alors que dans l’individualisme intégral, aucune projection égoïque n’existe, aucune coloration sur le plan de la personnalité ne vient entraver le processus créatif de l’être, c’est-à-dire de la personne.

L’individualisme psychologique est toujours fondé sur l’activité de l’ego, quel que soit son niveau d’intelligence par rapport à la personnalité de l’être, de l’homme. Et le rapport entre l’activité de l’ego et la personnalité ne peut pas se dissoudre parce que dans l’individualisme psychologique, quelles que soient ses vertus, nous découvrons toujours un aspect inférieur de l’intelligence qui se manifeste dans une condition ou dans une autre et qui entrave le processus créatif de l’échange ou de la conversion de l’énergie.

Chez l’homme intégral ou chez l’homme conscient qui, demain, deviendra de plus en plus intégral, nous découvrons un individualisme qui ne fait pas partie de l’actualisation des opinions personnelles, qui ne fait pas partie, ou qui n’est pas fondé, sur le processus de récupération égoïque en ce qui concerne l’action ou la parole. Dans l’individualisme intégral, il existe une liberté créative puissante qui à la fois détache l’homme de la parole, de l’action, et dans un même temps engage l’homme sur le plan de la parole et de l’action à un niveau qui ne rejoint pas les appétits personnels de l’ego personnifié. 

L’intelligence qui se manifeste à travers l’individualisme psychologique demeure toujours une intelligence qui se sert de tout ce qu’elle peut pour donner à la personnalité une perspective égoïque dans sa manifestation. L’individualisme psychologique représente toujours, malgré ses hautes qualités philosophiques ou spirituelles, un agencement d’opinions, de sentiments et de perceptions qui font de la personnalité un aspect coloré de l’homme, et qui nie subtilement le pouvoir de la descente de l’énergie créative à travers le processus de mentation.

Dans la personnalité intégrale de l’homme individualisé, nous retrouvons une relation étroite entre le processus créatif et l’actualisation de ce processus à travers l’ego désimpliqué sur le plan du sentiment de la perception ou de l’opinion. De sorte que l’homme individualisé et intégral ne représente d’aucune manière la personnalité involutive que nous retrouvons lorsque l’être humain, pour toutes sortes de raisons, veut se prétendre ou se donner l’allure d’une certaine forme d’individualisme.

Pour toucher du doigt la nature de l’individualisme intégral, il faut d’abord commencer à sentir qu’il existe en soi de l’esprit. Ceci veut dire que l’homme doit en arriver à sentir en lui-même la présence très grande de son esprit au-delà et bien en avant celle de sa personnalité. Et lorsque l’homme découvrira ou sentira en lui cette présence d’esprit, il pourra, avec une certaine facilité, ne pas prétendre au trône de la personnalité, donc il pourra ne pas se leurrer dans une forme d’individualisme psychologique qui peut, à première vue, apparaître extrêmement intelligent ou extrêmement avancé.

Dans le cas de l’individualisme intégral, l’intelligence reflète ou réfléchit de moins en moins les appétits de l’ego ou de moins en moins les tendances subtiles du caractère. De sorte que nous retrouvons de plus en plus une sorte d’émanation psychique qui n’est pas fondée sur la personnalité ou le tempérament, mais fondée sur la nature supérieure de l’homme, utilisant la personnalité du tempérament ou du caractère pour se manifester dans le monde avec une vibration qui convient au caractère de la personne.

Dans le cas de la personnalité qui s’octroie une qualité d’individualisme psychologique, nous voyons que l’homme, malgré ses bonnes intentions, quelque part dans son acheminement, c’est-à-dire dans ses relations avec les hommes, en arrive toujours à perdre la face, c’est-à-dire qu’il en arrive toujours à ne pas voir ses faiblesses, à ne pas réaliser ses faiblesses choses qui le sont, réalisées, par d’autres avec lesquels il trafique, avec lesquels il vit ou communique. Plus l’homme deviendra intégral, plus il lui sera difficile de se manifester en tant qu’être humain et plus il se manifestera en tant qu’homme. Et la différence entre ces deux concepts est essentielle, parce que l’être humain représente un être qui, foncièrement, demeure toujours fixé dans une sorte d’insécurité égoïque qui relève de sa culture, de son évolution. 

Alors que l’homme intégral ne fonde pas sa conscience ou la manifestation de sa conscience sur une forme d’insécurité quelconque. Et plus l’homme deviendra intégral, plus il intégrera son énergie, plus cette sorte d’insécurité qui repose dans le fond de l’âme disparaîtra de sa conscience, et plus nous découvrirons un être absolument léger, absolument libre, absolument créatif et incapable, pour la moindre des raisons, de se soumettre aux dictées de la personnalité inconsciente qui se veut individualiste, mais dans un sens psychologique et non pas dans un sens réel, c’est-à-dire intégré et intégral.

L’évolution de la conscience supramentale amènera l’homme à constater que la relation entre lui-même et ses opinions de lui-même est une relation qui, avec le temps, deviendra de plus en plus imperceptible, dans ce sens que plus l’homme se conscientisera plus il sera incapable, sur le plan psychologique, de se percevoir en tant qu’être humain, et plus il sera emmené à voir, sentir et réaliser que sa manifestation sur le plan matériel est le produit du mouvement de l’énergie en lui à travers ses centres psychiques de plus en plus libérés de la mémoire, donc de plus en plus libéré des influx de l’âme sur son caractère ou sur son tempérament. 

Plus l’homme évoluera, plus il sera capable de dépasser la caricature de sa personnalité pour vivre de la nature réelle de sa personne, c’est-à-dire cet aspect de lui-même qui ne convient pas aux aspects planétaires de sa conscience mais qui représente, ultimement, l’expression créative d’une conscience supérieure émanant de plans supérieurs en plus grande fusion avec le mortel.

L’individualisme psychologique, quelles que soient ses qualités, ne peut pas cacher à l’homme possédant ou vivant de l’individualisme intégral les imperfections de sa personnalité, parce que dans l’individualisme psychologique, les failles de l’être se manifestent à son insu pour la simple raison que l’être est incapable, pour des raisons de réflexion et d’appétits personnels ou de perceptions personnelles, de retarder le mouvement de l’ego afin de faire avancer le mouvement de son énergie créative, de son double, de son esprit. 

Et plus l’individualisme psychologique est puissant, plus les illusions de l’être sont grandes, moins il est possible, facile pour lui de se voir, même s’il a atteint un niveau de développement mental supérieur. Et ceci est une grande perte parce que là où l’homme, l’individualiste psychologique, a atteint un haut niveau de développement mental, dans un même temps il se crée autour de lui des égrégores d’énergie subtile qu’il ne peut pas voir et qui font de lui peut-être un être moins intéressant que lui ne peut se l’imaginer, de sorte que nous faisons face à un être humain qui a beaucoup de potentiel mais qui manque d’essentialité.

Et c’est là que l’individualisme intégral entre en jeu pour élever l’homme au-dessus des limitations psychologiques de son être et lui donner accès à l’infinité créative de sa conscience qui, avec le temps, une fois intégrée, lui permettront en tant qu’homme de bénéficier de la totalité de son être au lieu de ne bénéficier que de ce que sa personnalité, en tant que fragmentation de son être, lui permet de croire face à lui-même. L’homme intégral jouit d’une réalité assise sur un individualisme intégral dans la mesure où il devient de plus en plus incapable, sur le plan de l’ego, de s’attribuer la moindre des réflexions qui puisse colorer sa nature et donner à sa personnalité une valeur quelconque, tant sur le plan de l’intelligence que de l’efficacité.

Dans le cas de l’individualisme psychologique, il y a chez l’être une sorte de sentiment, une sorte de perception, qui a tendance à créer en lui une forme de vanité mentale, une sorte de perception de soi qui se veut grande et qui, dans le fond, le serait si cette perception de lui-même n’était pas axée sur une programmation psychique relevant de certaines infériorités cachées dans le fond de l’âme. 

La différence entre l’homme ancien et l’Homme nouveau est justement proportionnelle à ce phénomène, dans ce sens que l’homme nouveau, de moins en moins, vibrera intérieurement à une forme quelconque d’imperfection créant en lui un sentiment d’insécurité qui serait utilisé sur le plan de la personnalité pour créer un individualisme psychologique, de sorte que l’homme nouveau deviendra de plus en plus libre, libre à un tel point que dans sa rencontre ou dans sa relation avec l’homme psychologique, un grand espace existera, faisant de lui un être supérieurement libre alors que l’homme psychologique demeurera psychiquement un être inférieur même s’il ne le croit pas, même s’il croit être supérieur, même s’il croit posséder une qualité qui transcende la qualité mentale générale de l’homme involutif. 

Et ceci est beaucoup dire parce que plus l’homme deviendra conscient, plus il suffira qu’il vive sa conscience dans le medium de plus en plus grandissant de son énergie créative pour sentir de moins en moins sa personnalité, donc pour sentir de plus en plus sa personne. De sorte que l’individualisme intégral ne pourra pas se manifester dans le monde comme une sorte de victoire de soi sur les autres mais plutôt une sorte de capacité de soi de survoler les autres. 

Et lorsque je dis survoler les autres, je veux dire survoler les failles des autres. Dans l’individualisme psychologique, l’homme n’a pas tendance à survoler les failles des autres, il a tendance plutôt à les confronter, à lutter contre elles afin de se donner une qualité mentale supérieure, afin de se favoriser personnellement à ses propres yeux. L’être individualisé psychologiquement, malgré ses qualités, ne possède pas la vertu capable de lui donner cette sorte de grande neutralité mentale, neutralité fondée sur une absence d’émotivité dans le mental qui couronne la conscience de l’homme intégral et qui lui permet d’être parfaitement en paix avec les hommes, même les hommes de l’involution. 

Il n’existe pas chez l’homme intégral un sentiment de supériorité, il n’existe pas chez lui non plus un sentiment de condescendance face aux êtres humains qui font partie de son entourage. L’homme intégral est bien, il est à l’aise avec tous les hommes, bien qu’il puisse se donner la liberté de se retirer en temps et lieux. Alors que l’homme psychologiquement individualisé peut facilement, surtout s’il possède une qualité mentale évoluée, peut facilement se donner l’impression d’une supériorité et il peut aussi tomber dans le piège de l’élitisme, une sorte de fanfaronnerie psychologique lui donnant l’impression d’être plus grand, plus intelligent, plus perspicace que les autres, alors que dans le fond il manque justement d’intelligence et de perspicacité, mais face à lui-même. 

Ce n’est pas suffisant de pouvoir mesurer les autres, il faut aussi avoir une grande mesure de soi, et lorsque nous avons une grande mesure de soi, nous cessons de mesurer les autres. Et ceci est une façon de voir ou de réaliser si nous sommes plus ou moins individualiste psychologique ou individualiste intégral. Au cours de l’évolution, les individualistes intégraux ne pourront pas travailler ou œuvrer, en close proximité avec les individualistes psychologiques parce que leur taux vibratoire sera d’une telle intensité qu’ils ne pourront supporter la fabulation personnelle que l’individualisme psychologique vit face à lui-même. 

Leur regard sera facilement détourné, et ces hommes d’une certaine conscience ne voudront œuvrer ou communiquer intégralement qu’avec des êtres capables de supporter la réalité de leur propre lumière au lieu de donner à leur lumière l’impression d’une réalité qui ne représente en fait que l’expression psychologique de l’ego mentalement évolué. 

Puisque l’évolution de la conscience intégrale est sans fin, il est évident que plus le temps avancera, moins les êtres possédant un individualisme intégral seront portés à côtoyer de près, sur le plan de la vie planétaire, les êtres manifestants un individualisme psychologique, pour la simple raison que la sensibilité de l’homme nouveau aura atteint de tels sommets que ce dernier ne sentira pas, ou ne sentira aucunement, le besoin d’abaisser ses vibrations ou de perdre de l’énergie avec des êtres qui ne sont pas parfaitement sur sa longueur d’onde, bien qu’il puisse mentalement être suffisamment effectif sur le plan de la parole pour manifester une forme d’intelligence, mais une forme d’intelligence qui n’aura pas encore été assujettie aux lois de la transmutation.

Pour que l’homme possède un individualisme ou vive d’un individualisme intégral, il faut que son intelligence ait été transmutée, c’est-à-dire que ses perceptions du réel aient été emmenées à un niveau de réalisation suffisamment développé pour que le tempérament et le caractère ne fassent pas interférence avec la descente de l’énergie à travers l’homme. 

Mais tant que le caractère et le tempérament feront interférence avec la descente de l’énergie chez l’être humain, il sera évident que l’individualiste psychologique déploiera une grande intelligence mais, dans un même temps, il sera aussi évident que cette intelligence possédera des côtés acérés, aspects qui ne seront pas facilement discernables de la part de l’être, mais qui seront extrêmement évidents de la part de ceux qui auront évolués à un niveau vibratoire suffisamment aigu pour leur permettre une instante voyance, une instante perception de l’autre.

Et l’homme intégral développera cette perception, cette voyance de l’autre, instantanément. Et cette perception sera de plus en plus grande au fur et à mesure que ce dernier en arrivera à dépasser en lui-même ses propres limites psychologiques. L’évolution du psychologisme intégral est une évolution à long terme qui mènera l’homme aux confins de sa réalité et qui lui permettra de reconnaître avec le temps l’unité de sa conscience, sans aucune division, sans aucune fragmentation. 

Et au fur et mesure que cette personne naîtra sur le plan matériel, au fur et mesure où l’individualisme intégral se manifestera sur la Terre, nous découvrirons des êtres de plus en plus perfectionnés sur le plan de la communication, sur le plan des relations humaines et éventuellement sur le plan du travail en commun. Mais l’individualiste psychologique ne pourra pas comprendre, réaliser, la raison pour l’écart entre lui et les autres hommes parce qu'il se sera donné un point de vue qui, pour lui, sera le maximum qui, pour lui, définira le réel et qui, pour lui, représentera le summum de l’intelligence.

Et cette erreur sera responsable pour une grande quantité de ruptures entre les hommes parce que l’évolution de la conscience ne peut pas être fondée sur des rapports simplement humains, elle ne peut être que fondée sur des rapports extrêmement vibratoires, rapports qui donneront à ceux qui les vivront une paix entière dans leur relation, une capacité intégrale de mener à terme l’énergie créative se manifestant à travers eux pour l’évolution sur le plan matériel de la civilisation.

Pourquoi est-il si facile de voir, chez les autres, des failles ? 

Parce que nous avons une perception des autres qui est toujours fondée sur la fragmentation de notre être. C’est à cause de la fragmentation de nous-même que nous voulons fragmenter les autres. C’est à cause de la fragmentation chez soi que nous sommes incapables de voir, de réagir ou de percevoir les autres à partir d’une psychologie parfaitement individualisée, c’est-à-dire d’une psychologie fondée sur le principe de l’unité de l’intelligence réelle et de la conscience réelle de l’ego.

Nous pouvons, de toutes les manières, rationnaliser les écarts des autres et, très probablement, ces écarts existent. Mais ce n’est pas le fait que les écarts existent chez les hommes qui est important, c’est le fait que nous, en tant qu’être en évolution, nous soyons incapables de goûter des hommes, de percevoir chez les hommes une vibration qui transcende la personnalité, une personnalité qui, dans le fond, est l’expression, carrément, d’une forme d’imperfection en voie d’évolution.

Si l’homme était psychologiquement intégral, il pourrait facilement réaliser les imperfections chez l’homme et, dans un même temps, ne pas vibrer égoïquement à ses imperfections. Mais comme il vit d’un psychologisme individualisé, il ne réalise pas que tous les Hommes sont en voie d’évolution et que ce n’est que sur le plan universel de leur conscience que l’évolution cesse et devient universelle. 

Et c’est ici que nous voyons la faille de l’individualisme psychologique, à quelque niveau d’évolution qu’il soit rendu. Chez cet être, il existe toujours une confrontation entre lui-même et les autres, il existe toujours une forme de jugement qui émane de sa conscience mentale. Il se manifeste toujours une forme de réprobation. 

Les autres ne sont jamais suffisamment parfaits pour lui, et ceci est extrêmement triste parce qu'il ne s’agit pas que les autres soient parfaits pour soi, il s’agit que nous soyons parfaits de plus en plus, en nous-mêmes, pour que nous puissions voir de moins en moins chez les autres les imperfections, afin que nous puissions, avec les autres, évoluer et créer de plus en plus des liens humains, sensibles, réels et fondamentalement créatifs, au lieu de créer des liens humains qui sont psychologiques et qui, dans le fond, nous reviennent et qui, dans le fond, font notre affaire.

L’homme n’est pas sur la Terre pour qu’il fasse notre affaire. L’homme est sur la Terre pour que nous puissions avec lui travailler, œuvrer, communiquer, créer, construire. Et pour que l’homme puisse parvenir à cet état de conscience, il lui faudra réaliser que sa relation avec les hommes ne peut pas être fondée sur une opinion personnelle que lui a d’eux, mais sur une capacité intégrale, chez lui-même, de pouvoir s’entretenir avec eux au-delà de leurs failles, au-delà de leurs diminutions. 

Mais pour l’être qui est individualiste psychologique, ceci est très difficile, surtout s'il est très avancé dans cette forme de conscience personnelle, parce que cet être a fortement l’impression d’être intelligent, il a fortement l’impression d’avoir raison, il a fortement l’impression de percevoir. Et dans le fond, ce n’est pas qu’il ne perçoit pas ou qu’il n’a pas raison. Dans le fond, le problème naît du fait qu’il est incapable de se couper de ses opinions personnelles. Et ce fait est triste parce qu'une personne incapable de se couper de ses opinions personnelles entretient en elle-même constamment des pensées, des émotions qui servent à cultiver le mal de l’ego, qui servent à cultiver la solitude de l’ego, qui servent à cultiver l’impossibilité chez l’ego de se rendre parfaitement créatif vis-à-vis d’un autre être. Ceci est une grande perte pour l’homme et aussi une grande perte pour l’humanité, et c’est justement ceci qui est à la base des confits entre les hommes et entre les nations. 

L’être qui vit, par contre, d’un individualisme intégral est suffisamment conscient de la réalité de sa conscience et de la présence de son esprit au-delà des convoitises intelligentes de son ego, pour ne pas chercher à s’approprier une valeur quelconque face à lui-même, mais plutôt à chercher à vivre en relation avec les hommes dans la mesure où ces hommes sont suffisamment sensibles pour respecter les lois vibratoires qui sont responsables, dans le fond, pour le plaisir des relations humaines, pour le plaisir de la conversation, pour le plaisir de l’échange de la parole. 

Et si les hommes ne recherchent la compagnie des autres que pour tester leur supériorité ou pour faire valoir les actions de leurs intelligences, ils perdent leur temps. Ceci peut durer un certain temps mais viendra le moment, au cours de l’évolution, où les hommes devenus de plus en plus sensibles, devenus de plus en plus sécures dans leur fonctionnement psychique, mettrons ces êtres de côté pour aller vers d’autres Hommes, peut-être pas aussi intelligents dans la manifestation mais plus sensibles dans la réalisation de leur vie intérieure, plus sensibles dans leur perception de l’autre, plus sensibles dans le perfectionnement de leur réalité. Et c’est là que les chemins se partageront entre l’homme psychologiquement individualisé et l’homme individualisé intégralement. Et une fois ces sentiers partagés, la chance d’un retour dans le passé sera extrêmement minime et elle ne sera fondée que sur le mouvement futur de l’énergie créative.

Donc ce ne sont pas les hommes intégrés dans leur énergie qui chercheront à revenir en arrière, ce sera peut-être l’énergie elle-même, un jour, qui les fera revenir en arrière quand ces autres êtres psychologiquement développés ou individualisés auront atteint d’autres sommets, d’autres niveaux de conversions, de mutations, de leurs consciences. Chez l’individualiste psychologique il y a toujours possibilité d’être menacé de l’extérieur. La menace fait partie de son insécurité et sa perception de la menace, elle est toujours à la mesure de sa fausse individualité. Cet être ne comprend pas que la relation entre les Hommes doit être une relation d’échange parfaite plutôt qu’une relation de mesure où un ego traite en relation avec un autre ego en fonction d’une certaine victoire, en fonction d’une certaine qualité mentale sur l’autre.

Dans le cas de l’individualisme intégral, ceci n’existe pas. La personne qui est intégrée ne ressent pas de menace face à un autre égo. Elle peut sentir la tension psychique, elle peut sentir le taux vibratoire qui déferle, mais elle ne sent pas de menace parce que sa conscience est assise sur la permanence de l’intelligence, c’est-à-dire sur l’impermanence de l’intellect. Et dans la mesure où l’homme sentira la permanence de l’intelligence au lieu de l’impermanence de l’intellect, il se sentira de plus en plus à l’aise avec lui-même, et de ceci ressortira le fait qu’il n’aura pas tendance à lutter contre l’homme ou à exercer contre lui le désir d’une certaine suprématie pour asseoir l’autorité de son intelligence ou de sa personnalité.

L’être intégral est sans conviction. Il ne vit pas de conviction. Il vit simplement de puissance créative qui elle-même peut convaincre parce qu'elle est continue. Alors que l’être psychologique a besoin de convictions pour donner à l’ego une sorte d’excitation mentale dont il se servira contre l’autre pour se donner une valeur quelconque, c’est-à-dire une prise de conscience qui aura pour fonction d’asserter sa sécurité, lorsqu’en fait son insécurité demeurera la force motrice derrière cette action, derrière ce comportement. 

L’homme ne peut pas cacher, voiler, son insécurité, il ne peut que la transmuter. Et la transmutation de l’insécurité égoïque ne se fera que lorsque l’être passera de l’individualisme psychologique à l’individualisme intégral, où il ne sera plus important pour lui de lutter pour la domination ou de lutter pour une sorte de victoire qui en elle-même ne peut être que le reflet d’un ego ayant besoin de victoire pour s’assurer de l’absence d’insécurité.

Si l’individualisme psychologique n’est pas capable d’assurer à l’homme la totale sérénité de son être, c’est justement parce que sa conscience n’est pas fondée sur la sécurité vibratoire de son intelligence mais plutôt sur la projection psychologique de son moi aidé, si vous voulez, par une sorte de conscience vibratoire, mais conscience vibratoire qui peut-être faussée par le fait qu’elle-même est réfléchie à travers une myriade de mécanismes internes qui font de la personnalité le point faible de l’homme alors que ce devrait être la personne qui soit son point fort.

L’individualisme intégral est une manifestation carrément absolue d’une partie planétaire directement reliée à une partie universelle de l’homme. Donc, dans l’individualisme intégral, il n’y a aucun besoin chez l’être de se manifester ou de personnifier cette énergie à travers le filtre de son être égoïque, parce que ce filtre n’existe plus. Chez l’homme intégral, il n’y a que de l’esprit, c’est-à-dire que de la conscience extrêmement développée emmenée à un point de résurrection instantanée au moment où l’homme intégré se manifeste par la parole ou par l’action. 

Tandis que chez l’être qui jouit d’une personnalité individualisée, cette conscience ne peut pas se manifester intégralement parce qu'elle est constamment bloquée, elle est constamment cajolée par des aspects primaires de l’homme, des aspects que l’homme intégral peut facilement reconnaître, des aspects que l’homme conscient peut facilement isoler afin de ne pas s’assujettir à une compétition vibratoire de l’énergie. L’homme intégral veut vivre, ou voudra vivre, dans ses relations avec les Hommes, dans le calme de son esprit. Et si le calme de l’esprit n’existe pas chez l’être humain, c’est que l’esprit n’est pas suffisamment manifesté chez lui. Et ceci est un signe qu’il y a encore trop de personnalité, trop d’ambiguïté, trop d’insécurité et une mauvaise compréhension de la réalité humaine. 

L’individualiste psychologique devra découvrir que la raison d’être de son action ou de sa parole doit demeurer l’expression de sa conscience et non pas simplement la projection de son ego, même si cet ego est mentalement développé, parce que la raison d’être de toute conscience est la manifestation créative de l’énergie universelle de l’homme. Elle ne peut pas être fondée sur une sorte d’appétit égoïque cherchant à donner une transcendance quelconque à la valeur des mots pour exploiter une qualité mentale quelconque de l’énergie.

L’homme intégral ne parle pas, ou n’agit pas, pour se créer un miroir à la mesure de lui-même. Il parle, ou il agit, pour manifester cette énergie en fonction d’un rapport étroit et parfaitement équilibré entre lui-même et elle. Alors que dans le cas de l’individualisme psychologique, il y a toujours une recherche d’identité, une recherche fondée sur le principe de l’insécurité planétaire, fondée sur le besoin de ne pas être isolé d’une forme avancée d’intelligence, mais qui tout de même l’isole parce que l’intelligence de l’homme intégral ne peut pas supporter la lutte, la compétition, la substance planétaire de l’ego non réalisé, c’est-à-dire de l’ego non parfaitement assied sur le pivot puissant de l’alliance entre lui-même et sa propre infinité.

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