La conviction est une attitude mentale fossilisée. Elle semble donner à l’ego un point de repère solide, elle semble lui donner une avance, elle semble lui donner une référence dont il peut se servir afin de se sécuriser mentalement ou émotivement. Donc la conviction est un truc de l’ego, elle constitue un piège, parce que la vie, ses aspects dans toutes leurs dimensionnalités, risquent de faire reconnaître éventuellement à l’homme que l'essentialité du réel dépasse les limites psychologiques que l’ego se donne par la conviction dans la découverte de la vérité.
Donc la conviction est une forme d'aveuglement, elle est un rempart pour l'ego, elle n'est aucune sécurité réelle, elle est simplement sécurité temporaire donc sécurité temporelle, donc mécanisme ultimement de subversion en ce qui concerne la pénétration de l'intelligence de l'esprit dans la conscience.
Ce n'est pas par la conviction que l’homme peut en arriver à savoir les choses, ce n'est pas par la conviction que l’homme peut en arriver à dépasser la polarité du vrai et du faux, ce n'est pas par la conviction que l’homme peut finalement se sécuriser de façon absolue dans un savoir qui dépasse les conditions psychologiques de l’homme, les besoins émotifs de l’ego et les conditions, les attitudes psychologiques d'une conscience facilement astralisable.
On était convaincu hier et demain, on l'est un peu moins, on était convaincu par le passé et l'avenir nous démontre que notre conviction change, qu'elle devient moins forte, moins pulsative, moins prenante. La vie détruit la conviction, parce que la vie est une dynamique, elle est processus, elle est vitale et sa construction dépasse les conditions que l’homme veut bien lui imposer à travers une condition psychologique qui dénote un attachement forcené à la forme servant à empêcher que la vie se manifeste comme elle le doit.
Donc la conviction, chez l’homme, est une façon à l'ego d'empêcher que la vie déborde trop, que la vie l’envahisse trop, afin de se sécuriser dans une constante que lui adopte, dans le but de se créer une certitude qui, avec les années, devient de moins en moins certaine, de moins en moins fixée dans la conviction.
À travers la conviction, l‘ego veut se donner de l'autorité, il veut aller chercher son autorité dans une attitude foncièrement égocentrique au lieu de la puiser dans le pouvoir créatif de son esprit. Donc l’ego, pour se sécuriser mentalement, pour se créer un statut psychologique enviant ou enviable, il utilise la conviction comme règle de mesure. Et cette règle de mesure dérègle son intelligence, dérègle sa sensibilité mentale supérieure, l'empêche de pouvoir saisir l’essence de son esprit, l’essence du réel et de le mouvoir à travers une forme où il demeure constamment désengagé sur le plan égoïque.
La conviction, surtout celle qui naît de la puissance de l'émotion, cette conviction par exemple que nous retrouvons dans les religions où les ébats de l’âme sont puissants, où les forces de l’âme sont enivrantes, ces convictions peuvent facilement mener au fanatisme qui représente une forme déviante, très déviante de la réalité. Lorsque la conviction prend son énergie dans la terre brumeuse de l'émotion, l’homme perd de l'intelligence pour sembler grandir en contenance. Et ceci est une illusion profonde qui peut être facilement démasquée par des êtres qui possèdent une énergie créative, énergie capable de défoncer la forme, de briser la forme, énergie capable d'assombrir les contours apparemment lumineux d’une forme construite par un ego ou une personnalité égocentrique.
Donc la conviction ne représente pas pour l’homme la sécurité mentale dont il a besoin et qu’il recherche parce qu’elle n'est pas le produit paisible de l'esprit, elle est plutôt le résultat de l'action nerveuse de l’ego cherchant par tous les moyens à se donner, à se créer du renfort à travers des formes, des mots, des idées, des opinions qui, dans le fond, ne sont pas le produit de son excellence créative, mais plutôt le produit de l'accumulation, par ici et par là, d'idées venant de partout dans le monde, d’idées sorties de la conscience collective et imprimées dans son mental en tant que mémoire.
La conviction est un état passager de la connaissance, elle révélera toujours un changement avec le temps dans la nature de la connaissance, surtout dans la nature du vrai ou du faux. L'Homme nouveau, l’homme intégral vivra au-delà de la conviction car son savoir ne viendra pas de lui, ne sera pas le produit des illusions ou des voiles de son ego, il sera le produit de la descente de la lumière dans ses corps. Donc pour l’homme intégral, la conviction n'existera plus, la vibration mentale de cette forme-pensée sera dépassée et l’on ne trouvera plus en lui cette perception subtile qui vient avec la conviction et qui donne à ceux qui en sont les percepteurs, une sorte de cognition intérieure leur faisant savoir que la conviction de l'autre fait partie de sa personnalité.
La conviction est un terme qui s'applique très bien à une façon de voir les choses, à une attitude de l’homme inconscient qu’il existe au-dessus ou au-delà de lui, de sa façon de penser, des dimensions du savoir qui ne peuvent pas être rattachées à une attitude, qui ne peuvent pas être manifestées à travers une attitude, de sorte que la conviction dans son ensemble reflète une attitude égoïque qui a pour but de sécuriser l’ego, mais ceci temporairement.
Et puisque l’homme est en évolution constante, puisque le vrai et le faux sont constamment en voie d'évolution et de destruction parce que la conscience de l’homme gravite de plus en plus vers la synthèse du vrai et du faux, vers la synthèse de la polarité, il est évident que la conviction disparaîtra de la conscience humaine au cours de l'évolution et que l’homme entrera dans un nouvel âge où le mental tranquille, posé, calme, déversera dans la vie humaine tout son savoir, toute sa lumière, sans jamais donner l'impression que l’être lui-même est convaincu.
Lorsque nous sommes convaincus de quelque chose, nous imposons en quelque sorte notre conviction, et c’est dans cette imposition que la conviction devient dangereuse, parce que il y a des êtres qui ont la capacité d'être extrêmement convaincants et d’un autre côté il y a des êtres qui ont la capacité d'être extrêmement convaincus par les convaincants, de sorte que le monde se divise en deux classes, ceux qui savent convaincre et ceux qui savent être convaincus, et dans les deux cas, nous faisons l'expérience de la polarisation de la conscience, et nous voyons qu'au bout de ces deux aspects de la conviction se crée la domination de l’homme.
C'est à travers la conviction que l’homme a été dominé par les forces au-dessus de lui, c'est à travers la conviction spirituelle, religieuse, que l’homme a été convaincu de la bonne voie dans laquelle il se trouvait. Les religions se servent de la conviction pour donner à l’homme l'impression d'être dans la bonne voie et de cette conviction profonde que les hommes professent, naît la domination de ces formes-pensées religieuses sur son esprit. Et le même cas existe dans les politiques, surtout dans ces politiques extrémistes où la conviction est devenue le barème de l'appartenance à ces formes de vie sociale qui ont enlevé à l’homme son identité et réduit l’être à une sorte de numérologie.
La conviction est la fille de la croyance, et comme avons dit déjà ailleurs, la croyance rend l'esprit prisonnier d'une forme de pensée, d’une opinion quel qu’élevée qu’elle soit. Donc la relation entre la croyance et la conviction est une relation étroite, et l’homme nouveau, l’homme intégral, découvrira que cette relation doit être brisée, rompue, afin qu'il se libère des attitudes, qu’il se libère des mécanismes psychologiques de la personnalité s'il veut entrer dans la conscience pure où la forme n'existe pas pour emprisonner l’homme, mais où elle existe pour lui servir de véhicule à sa créativité universelle.
La conviction trompera toujours l’ego à long terme parce qu’elle fait partie d'un temps, elle fait partie d’un niveau d'expérience, elle coïncide avec un âge incertain dans la maturité de l’homme, et plus l’homme va vers une maturité réelle, puis il évolue vers une profonde conscience de lui-même, plus il voit ; et à travers cette vision, la conviction disparaît pour laisser place à un savoir qui est libre du temps, qui fait partie de la maturité de l’ego, qui fait partie de la pénétration de l'esprit et de la lumière à travers l’ego et qui constitue pour l’homme son ultime témoignage de la réalité.
Mais lorsque l’homme demain témoignera de la réalité, il ne témoignera pas avec conviction, il témoignera avec puissance, il témoignera avec conscience, il témoignera sans que l'ego vienne interférer dans la lumière du témoignage, de sorte que l’homme n'aura pas besoin de ces supports psychologiques de ses attitudes, de ses croyances, de ses convictions, pour donner à la forme-pensée sa valeur créative, parce qu’il n'aura rien à prouver. L'homme qui est convaincu a besoin de prouver sa position afin de cimenter la valeur de son témoignage, alors que l’homme nouveau, lui, sera libre en esprit. Le temps n'aura plus d'importance face à la réalité de son témoignage, de sorte que lui, en tant qu'être créateur, bénéficiera sur le champ de ce qu’il dit, de ce qu'il sait, et ce qu'il dit et ce qu'il saura fera partie de lui, de sorte qu’il n'aura plus à être convaincu et il n'aura plus à convaincre.
Ceux qui cherchent à convaincre sont des êtres qui veulent à tout prix avoir la domination sur le mental des autres, alors que l’homme conscient ne cherche pas, ne peut pas chercher la domination sur le mental des autres parce qu'il n'est pas emprisonné dans un besoin d'avoir accès à la vérité.
La conviction est une soif de pouvoir mettre le doigt sur la vérité. Et cette soif, elle est illusoire, puisque la vérité fait partie du mensonge, puisque la vérité fait partie de la polarité du réel, et à l'intérieur de cette polarité se joue la lutte pour les idées, se joue la lutte pour les egos, se joue la lutte pour l'esprit. Et l’homme, lui, à travers cette lutte, représente celui qui est capable de convaincre ou celui qui est facilement convaincable et dans les deux cas, l'identité réelle n'existe pas, dans les deux cas, le réel est soumis aux divagations de la polarité et l’homme se retrouve toujours en train de lutter pour faire valoir son point de vue.
L'Homme nouveau ne pourra pas consacrer son point de vue parce que le point de vue ne fait pas partie du réel, il est simplement le résultat d'une constatation limitée de l’ego selon les éléments qu'il possède à sa disposition, dans le but de structurer une façon de penser qui lui convient, selon son état émotif et la puberté de son mental.
Mais lorsque l’homme a dépassé l'âge de la puberté mentale, lorsque l’homme a dépassé l'âge de l'immaturité mentale et qu'il est devenu homme réel, dans le mental, il ne s'appuie plus sur la conviction ou la croyance, il s'appuie simplement sur le pouvoir vibratoire de la parole, il s'appuie simplement sur sa capacité créative, autrement dit il ne fait que vibrer la parole. Et selon le mouvement vibratoire de cette parole, il apprend des choses, il reconnaît des choses, il connaît des choses, il voit des choses, il n'a plus besoin de réfléchir subjectivement sur la valeur du vrai ou de la fausse face à ces choses parce que, en esprit, il est devenu libre.
Alors que l’homme qui vit de la conviction n'est pas libre en esprit, il cherche à se libérer simplement, mais en utilisant une voie qui ne mène pas la libération, à la liberté, mais qui mène plutôt à la fossilisation de l'esprit ou du mental, fossilisation qui devient de plus en plus difficile à briser, à rompre, parce qu’avec les années, il se développe de plus en plus d’attitudes en relation avec la conviction, avec les années le mental devient moins souple, et la conviction devient de plus en plus une façon pour l'ego de se frayer un petit chemin sur le sentier de la vérité, sur le sentier de ce que lui veut percevoir comme étant la vérité. Et c'est là qu'il fait erreur, c’est là qu'il sombre graduellement dans le faux et qu'il ne parvient jamais à mettre le doigt sur le réel.
Donc la fossilisation du mental due à la conviction qui naît de la croyance est une situation qui fait partie du mental involutif de l’homme de la cinquième race-racine, c'est une situation qui est devenue de plus en plus aujourd'hui caractéristique de la mentation de l’homme moderne et cette situation sera changée, transformée, avec la venue de l’homme nouveau, parce que ce dernier ne pourra vivre de la conviction, pour la simple raison qu'il aura finalement gravi le palier qui mène au mental supérieur, mental libre, mental créatif, mental non réflectif, mental qui, en relation avec l'esprit, est parfaitement harmonisé.
Puisque la conviction est une attitude, il est impossible pour l’homme de devenir libre en relation avec une attitude. Donc la conviction ne peut pas le servir, elle ne peut que le desservir. Bien qu’il ne le voie pas à court terme, à long terme il verra qu'elle ne représente aucune réalité pour lui, qu'elle représente un passage, une façon de voir les choses à un certain moment de la vie. Donc la conviction enlève à l’homme la permanence du réel dans le mental et s’il n'a pas de permanence, il ne peut pas sentir qu'il grandit dans sa lumière, il ne peut sentir qu'il croît ou qu’il décroît dans son illusion.
L'homme ne peut avoir accès à l’infinité de son mental à travers la conviction, parce que cette dernière le réduit à penser d'une certaine façon, alors que dans l’infinité du mental, l’homme s'habitue graduellement à penser, sans façon aucune, il s'habitue à canaliser la pensée créative comme elle veut bien être canalisée, il n'y met pas de barrière, donc il ne la colore pas, donc il ne peut pas sentir d'attitude dans sa façon de penser puisque sa façon de penser n'est pas le produit de l'égocentricité de l’homme, elle est le produit de la centricité créative du mental supérieur de l’Homme nouveau.
Pour qu'il y ait conscience intégrale chez l’homme, il ne peut pas y avoir de conviction puisque la conscience intégrale fait partie de la communion de l'esprit et de l’ego. Dans la conviction, la communion de l'esprit et de l'ego n'existe pas, il n'existe que la conversion de penser en façon de penser de plus en plus rigide de penser, dans le but éventuel, illusoire, d’en arriver à saisir, ou à mettre le doigt sur la vérité.
Donc la conviction mène à la recherche de la vérité, alors que la communion de l’ego avec l'esprit, mène à la découverte du réel, et c’est dans découverte que l’homme sent l'infinité de l'esprit. Alors que dans la recherche de la vérité, il sentira toujours la finitude de son propre esprit, la finitude des voiles et l’impossibilité de mettre le doigt sur cet aspect du savoir qui est universel et qui fait partie de la fusion de l'esprit avec l’homme. C’est pourquoi la conviction crée toujours une certaine souffrance parce que, plus loin dans le temps, elle est dévêtue, elle est amoindrie, elle est choquée, elle fait face à d'autres convictions, et ce jeu continue pendant la vie et l’homme s'aperçoit que la vérité n'existe pas. Et effectivement la vérité n'existe pas, dans le sens que l’homme la conçoit à travers la conviction et la croyance.
Le réel existe au-dessus de tout. Et si le réel veut créer dans le mental de l’homme un aspect de lui-même que nous appelons la vérité, à ce moment-là l’homme ne peut plus vive cette vérité comme il la vivait auparavant, c'est-à-dire qu'il ne peut plus la voir comme étant une facette de sa façon de penser, mais plutôt comme étant le produit de l'intrusion du réel dans son mental qui fait miroiter la forme à travers une lumière qui est réelle, limpide, sans coloration et qui lui fait réaliser que ce qui est vrai aujourd'hui, demain, dans un autre temps, dans une autre dimension, sera ajusté à une plus grande science de la lumière.
De sorte que l’homme ne sera jamais prisonnier de la vérité, il pourra s’en servir temporairement pour gravir les marches du réel et pour découvrir demain que le réel étant infini, constitue constamment et de façon permanente une voie d'accès à l'infinité de l’univers. Mais si l’homme est convaincu de la vérité, il se bloque de ce processus à l’infinité. Et c’est pourquoi le mot vérité doit être utilisé dans un contexte ou dans un sens extrêmement créatif, s'il doit être utilisé sur le plan matériel, sinon il devient une forme de mensonge, il devient une limitation, un voile, et empêche l’homme d'aller plus loin dans la découverte de l'infinité.
La conviction sème le trouble dans les relations humaines parce que sa force n'est pas créative. C'est une force d'obstruction, c'est une force d’imposition, de domination, et l’homme n’aime pas, de nature, être dominé. Il aime à échanger, il aime à partager, alors que la conviction, elle, au lieu de permettre l’échange, dicte sa position avec force, et le trouble qu’elle crée dans la communication, dans l’échange entre les êtres, est un trouble subtil, un trouble qui empêche que l'esprit se dégage, alors l'esprit se renferme chez celui qui écoute.
Dans l’échange entre les hommes, la conviction n'a pas de place. Si les hommes parlent réellement, à ce moment-là l'esprit s’ouvre, l'esprit s'épanouit, l’échange grandit, l'énergie se sent, l'amitié se développe. Mais si l’homme utilise la conviction pour imposer ses idées aux autres, parce qu'il croit, bien qu’il soit très sincère, qu'il possède un brin de vérité, à ce moment-là il trouble l’éther mental des autres, il se limite lui-même dans sa capacité de convertir l'énergie créative en parole, donc il diminue sa capacité de donner à l’homme la parole, il ne fait que lui donner, que lui offrir des mots qui sont sans substance, qui sont sans fondement réel, qui ne font que plaisir à son ego avec l’espoir que l’ego de l'autre les recevra bien.
La conviction amène facilement des malentendus.
Pourquoi ?
Parce qu’elle ne peut pas parfaitement s'exprimer, puisqu'elle n'est pas créative ; et comme elle ne peut pas bien s'exprimer, la manifestation de l'esprit à travers les formes, à travers la parole, est diminuée, non rendue. La conviction, sans s’en rendre compte, viole l'esprit de l'autre, elle le force à se plier à sa domination, elle engage l'autre à répondre dans la même direction qu’elle. Alors que la pensée créative, ou la parole créative, dans son geste gratuit, dans son geste éloquent, dans son geste simple, veut donner à l’homme quelque chose, mais ne pas le forcer à le prendre.
La conviction n'est pas aussi généreuse, elle veut imposer à l’homme ses points de vue afin de pouvoir se glorifier elle-même d'avoir été bien entendue. C’est le cas contraire que nous découvrirons chez l’homme intégral, chez l’homme conscient, chez l’homme qui aura reconnu les pièges de la parole orgueilleuse, égocentrique. C'est une situation contraire que nous découvrirons chez l’être qui a finalement réalisé que la puissance créative de la parole n'a pas besoin de support égoïque.
Dans le fond, la conviction est une forme d'ignorance voilée. C'est une forme d'ignorance voilée : elle donne l'impression d'un certain savoir, elle accule l’ego contre le mur qui la reçoit, mais dans le fond, elle ne représente que l'impuissance de l’ego à se dégager d’un besoin pressant de se faire valoir. L’ego veut se sentir à la hauteur d'une certaine mesure, il a besoin d'être reconnu, il a besoin d'être entendu et ses besoins font partie de son insécurité, ils font partie de ses illusions, il n'est pas capable de voir à travers le jeu de son mental inférieur, il n'est pas capable de discerner ce qui est réel de ce qui est vrai, il ne peut pas voir la fine ligne qui démarque l’infinité de sa parole et la finitude de ses mots.
Donc l’homme qui vit trop de conviction perpétue les mythes de l'humanité, il perpétue les légendes. Il ne s'agit pas de savoir si les mythes sont vrais ou faux, il s'agit de les exprimer de façon créative, et non pas par rapport à des données qui nous font plaisir, qui nous siéent bien, qui conviennent à notre tempérament ou à notre culture.
La parole créative est au-dessus de la culture, elle est au-dessus de l'histoire, elle est au-dessus de l'involution, elle a le pouvoir de fracasser les temples de la connaissance qui ont été érigés par les soldats de la conviction. Alors que la parole créative fait partie d’un autre âge, de l'âge de la lumière, de l’âge du feu cosmique à travers l’homme, la conviction, elle, fait partie de l’âge de la descente de l’homme dans la matière, de l'âge de l’aveuglement, de l'ignorance, de la compétition, de l'insécurité mentale, de l’âge de la doctrine à l'intérieur de laquelle l’homme a été emprisonné, sinon avec laquelle il a été empoisonné.
L'Homme nouveau découvrira qu'il y a très peu dans la conviction pour le nourrir, qu’il y a très peu dans l’attitude mentale subjective pour lui donner aisance. Il verra que si la parole n'est pas libre et créative, elle est mal perçue par sa conscience. Il verra que la conviction sert ceux qui ont besoin de dominer, mais ne peut pas servir ceux qui sont devenus libres de la domination.
C'est pourquoi les Hommes nouveaux, lorsqu’ils se parleront, ne sentiront plus dans leur milieu la conviction chez l’autre, ils sentiront plutôt l’échange, le plaisir de l’échange, la faculté de regarder dans les paroles de l'autre et d’aller chercher la lumière qui existe, au lieu d'être assommés par les mots de l’autre et se retrouver avec eux, dans les ténèbres, dans les illusions et les voiles mélangés à des opinions fracassantes ou à des positions, à des points de vue qui ressemblent de très près à l'orgueil.
La conscience intégrale sera libre, libérée des attitudes mentales de l’homme. Elle sera rafraîchissante, aérante, sans gravité. L'homme ne sentira pas le poids des mots, il percevra la puissance de la parole.
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