31 mai 2023

C. 69A LA HAINE CONTRE SOI-MÊME

 

Il serait approprié de parler de la haine dirigée contre soi-même que beaucoup de personnes éprouvent dans la vie. Quelle est la cause d'une telle haine, pourquoi ?

L’homme éprouve la haine contre lui-même parce que, fondamentalement, il ne comprend pas les mécanismes de sa personnalité, il ne comprend pas les mécanismes de son ego, il ne perçoit pas bien ce qui crée en lui ce phénomène. Et comme il ne le comprend pas bien, il peut en souffrir pendant une très longue période et ne jamais en arriver à pouvoir saisir le mécanisme, de sorte qu’il peut facilement se retrouver au cours de la vie avec un amoncellement de complexes qui infériorisent sa réalité et diminuent d'une façon substantielle la qualité de vie qu'il peut se donner, et aussi le genre d'impression qu’il peut avoir de lui-même à cause de cette ignorance.

Se haïr soi-même, ce n'est pas normal. Cela revient effectivement à ne pas comprendre, à ne pas saisir qu'il existe dans l’homme à la fois un ego, c’est-à-dire une partie réflective, et aussi une partie créative qui n'a pas atteint un plein niveau de développement, de sorte que l'ego n'est pas parfaitement conscient de la relation qui existe sur le plan mental à l'intérieur de l’échange qui doit être fait entre lui-même et sa conscience créative.

Si l’homme se hait lui-même pour quelque raison que ce soit, pour quelque action que ce soit, ou cours de la vie, c'est qu'il n'a pas réellement saisi la nature profonde de la fonction de l'action. Au lieu de comprendre l'action comme étant un événement qui, dans l'avenir, devra servir à l’amener à un dépassement d'une certaine illusion, il succombe à la qualité psychologique de l'événement et la fixe dans son esprit, au lieu de la laisser passer comme étant simplement un événement qui n'a pas encore été suffisamment ajusté pour ne plus se répéter sur le plan de la souffrance.

Le problème de l’homme vis-à-vis de ce phénomène d'autodestruction qui est la haine contre soi-même, représente une sorte d'impuissance psychologique à renverser le rôle qui doit être donné à l’homme en tant qu’ego au cours de sa correspondance avec ce que nous appelons son esprit ou son double ou son intelligence créative. L’homme doit prendre dans la vie, sa place dans la vie. C'est-à-dire qu'il doit prendre dans la vie une place qui correspond à la réalité de son impression, de son action, et non pas une place qui semble être simplement la réflexion d’un manque d'ajustement entre son esprit ou son intelligence ou son double et lui-même.

Si l’homme n'apprend pas un jour au cours de la vie à regarder ses actions comme étant simplement le fait d'un manque d'ajustement entre son énergie et lui-même, évidemment il vivra toute sa vie à comparer son action mal rendue à d'autres actions créées par d'autres hommes, et automatiquement il souffrira de comparaison, et naturellement il aura tendance à se diminuer, à éventuellement se haïr, et très probablement, si ça va plus loin, à s’autodétruire.

Le phénomène de l'autodestruction ou le phénomène de se haïr personnellement est un phénomène qui relève du manque d'objectivité de l’ego vis-à-vis de sa conscience créative. C'est-à-dire que l’ego ne réalise pas que dans sa relation avec sa conscience, dans sa relation avec son énergie, il y a encore des étapes qui doivent être franchies afin que cette énergie se manifeste d'une façon créative, constructive, ne laissant pas dans l’ego la moindre trace qui pourrait l'amener à douter ou à questionner son intelligence ou à questionner l'équilibre mental.

Si l’ego se hait, c'est qu'il n'est pas suffisamment conscient du rôle que jouent en lui les forces de sa conscience. Il n’est pas suffisamment conscient, d’une façon objective et réelle, du rôle que joue en lui une conscience qui cherche de plus en plus à s’intégrer. Donc naturellement manquant d’objectivité, manquant de compréhension, il souffre de son ignorance, et automatiquement, il se blâme, c’est-à-dire qu'il prend contre lui ce que la conscience en lui n'est pas encore capable de faire, c'est-à-dire le rendre absolument créatif en ce qui concerne sa vie, ses actions ou son comportement.

La mémoire, là-dedans, a beaucoup à faire, parce que la mémoire rapporte constamment à l'ego les erreurs de son passé. Et l’ego est tellement habitué à fonctionner en relation avec la mémoire, qu’il oublie dans son action, qu'il oublie à cause de sa mémoire, le fait réel de la présence constante de l'action de son énergie à travers ces mécanismes. Donc, l’ego, sans s’en rendre compte, va re-puiser dans une mémoire quelconque une qualité de vie, une qualité psychologique, une qualité mentale ou émotionnelle qui fait partie de son passé, qui fait partie de son expérience passée, mais qui ne doit pas faire partie de son expérience présente. Ceci parce que dans le présent de la vie, la mémoire n’existe pas en tant que mécanisme de réflexion, elle existe en tant qu’aspect permettant à l'énergie de se modifier selon l'expérience antérieure, mais expérience qui n'empêche pas, qui ne brouille pas les ondes de sa conscience créative.

Si l'ego se permet de trop plonger dans la mémoire, naturellement cette mémoire reviendra constamment à l'affût et elle l’assiègera, essayant toujours de lui donner l'impression que son action n'est pas correcte, que son action n'est pas juste. Ce n'est pas à la mémoire de l’homme de rendre le jugement pour l'ego de la valeur de son action. C'est à l’ego d'en arriver un jour à être capable de poser une action sans souffrir constamment d’un certain feedback, d'une certaine revanche de l'énergie, d'un certain retour, si vous voulez, de l'énergie parce qu'il n'est pas suffisamment conscient des mécanismes de cette même énergie.

Se haïr soi-même, c'est une forme d'immaturité, c’est une forme d’enfantement de la conscience de l’homme, c'est une forme d'infantilisme, c'est une forme d'impuissance, c'est une illusion totale. Et cette illusion est tellement présente dans l’homme qu'elle est à la source même de son impuissance créative, donc de l'enterrement de ses capacités créatives et de ses facultés créatives.

Un ego qui se hait et qui passe son temps à se haïr, au lieu d’en arriver à bénéficier de son énergie, au lieu d’en arriver à la contrôler, au lieu d'en arriver à pouvoir s'en servir à volonté en pleine puissance à 100%, sera forcé de ne s'en servir qu’à un pourcentage beaucoup plus inférieur. Et naturellement, le reste de son action, le reste de son activité créative, sera fondé sur des mécanismes de mémoire qui reviennent constamment à l'attaque pour épuiser la flamme de sa conscience et le rendre de plus en plus comme tout le monde.

Mais l'ego de l’homme ne peut pas se permettre d'être comme tout le monde, parce qu’un ego, c'est quelque chose d’individualisé, d’individualisable, c’est quelque chose de hautement personnel. Mais pour que le caractère individualisé ou individualisable de l’ego se manifeste chez l’homme, il faut que ce dernier apprenne une fois pour toutes au cours de sa vie à mettre de côté les armes de l'autodestruction.

Il faut que l’ego s’habitue graduellement, éventuellement, à pouvoir assumer la responsabilité de son action sans pour cela toujours la mesurer ou la comparer avec le passé, ce qui ne peut faire que la diminuer à ses yeux parce qu'elle ne sera pas parfaite, puisqu’il n'est pas encore suffisamment avancé en conscience pour pouvoir bénéficier d'une action qui est parfaite, c'est-à-dire une action qui n'est jamais mesurée, qui n'est jamais mesurable, mais qui est simplement rendue créative par le lien étroit entre son énergie et les principes qui le constituent en tant qu’homme.

Si l’homme n'apprend pas à contrôler le phénomène de l'autodestruction ou de la haine contre lui-même, il ne pourra jamais gravir le sentier de sa conscience, donc il ne pourra jamais en arriver au sommet de sa puissance et réaliser dans la vie des choses qui font partie de sa capacité créative, de sa conscience, de l'élan vital en lui, choses qui caractérisent naturellement la vie heureuse et qui font partie de l'avancement de l’homme et de l’humanité.

Aussitôt qu'une personne sent en elle la haine contre soi-même, elle doit être suffisamment éveillée à l'illusion de cette sorte pour mettre fin instantanément à ce mécanisme qui représente simplement de la mémoire qui n'est pas contrôlée. Autrement dit, se haïr soi-même, c'est vivre sous le poids, sous la gestion, sous le bombardement, de notre propre mémoire. Un homme qui ne possède pas de mémoire ne peut pas se haïr. Un homme qui agit créativement, à un tel point qu'il ne possède pas de mémoire, ne peut jamais se haïr puisqu’il n'y a plus en lui de résidu plus ou moins évolué qui puisse être projeté contre son mental et s'affirmer comme étant plus ou moins bien, ou plus ou moins bon, ou plus ou moins intelligent.

Il y a simplement l’action créative qui est à la mesure de l’homme lui-même et qui lui suffit pour le moment où il est dans une action créative, dans une action générative. Mais l’homme qui a développé depuis des années des habitudes d'autodestruction, un homme qui, depuis des années, se hait parce qu’il n’est pas parfait ici, parce qu'il n'est pas parfait là, parce qu'il fait des erreurs ici, parce qu'il fait des erreurs là, il doit comprendre, cet homme, que les erreurs ne sont que le manque d'ajustement entre son énergie et son être.

Il ne doit comprendre que ceci. S’il comprend autre chose, il passera de la conscience créative à la conscience analytique et automatiquement, il deviendra vis-à-vis de lui-même un bouc émissaire. Il se flagellera et il se contentera sans fin d'être petit, d'être petit homme, et il n'aura jamais la hardiesse de s'élever, de grandir, de se tenir droit, parce qu’il ne possédera pas l'énergie nécessaire pour le faire, c'est-à-dire l’énergie qu'il doit lui-même manifester contre les jeux de l'énergie qui se font à l'intérieur de son être pour la transmutation, la conscientisation, le développement, autrement dit, total de sa personnalité.

Pour que l’homme en arrive à pouvoir ne plus se haïr, il faut naturellement qu'il dresse un bilan de ce qu'il devient chaque jour, il faut qu'il puisse réaliser chaque jour qu'il n'est pas ce qu’il était hier, ce qu’il était il y a deux semaines, deux mois, dix ans. Et à partir du moment où l’homme commence à réaliser qu'il n'est plus ce qu'il était, à partir de ce moment, il est capable de commencer à apprécier ce qu'il est, et éventuellement ce phénomène de se haïr disparaît, et un jour, il n’est plus assujetti à ce phénomène.

Il peut commencer à être bien dans sa peau, il peut commencer à se sentir bien, il peut commencer à se sentir à la hauteur de lui-même et à pouvoir respirer d'une nouvelle énergie, si vous voulez. Mais tant que l'homme n'aura pas réalisé que se haïr soi-même, c’est se défaire petit à petit un peu comme on défait un chandail, un peu comme on défait les maillons d’un chandail, il ne pourra pas réellement commencer à changer de direction, à changer ses attitudes, à changer ses habitudes de penser, donc il ne pourra pas réellement commencer à conserver son énergie, parce que lorsque nous nous haïssons, nous perdons une énergie importante de nous-mêmes, nous perdons une énergie qui, au lieu de servir à nous construire sur tous les plans de notre être, sert à nous démolir, à nous diminuer sur certains plans de notre être qui ont une très grande conséquence sur le matériel de notre être.

Par exemple, un homme qui se sent diminué, et même l’homme qui se hait, un homme qui ne peut pas se sentir ne peut pas utiliser l'énergie mentale en lui et l’énergie émotionnelle en lui afin de maintenir sur le plan de sa matérialité un équilibre. Il deviendra de plus en plus un être qui souffrira de certains maux, parce que justement son mental et son émotion n’ont plus la qualité naturelle de la vie, ils ont plutôt la qualité naturelle de l’homme qui va lentement vers la mort et le corps matériel doit en suivre, ou plutôt en subir les conséquences.

Une des raisons fondamentales pour lesquelles ce mécanisme existe chez l’homme relève du fait que l’homme n'a jamais été instruit dans la réalité de son comportement. L’homme a toujours vécu sa vie par comparaison, il a toujours vécu sa vie en fonction des autres, il n'a jamais été élevé, dans sa jeunesse, à vivre sa vie en fonction de lui-même. Donc il a naturellement développé, au cours des années, des mécanismes, des habitudes qui le rapportaient constamment à se valoriser vis-à-vis des autres. Et s’il ne pouvait pas se valoriser vis-à-vis des autres, s'il ne pouvait pas être un peu au-dessus de la cote, de la moyenne, à ce moment-là, il avait tendance à se dénigrer.

Et ceci est très, très dangereux, ceci fait partie de toute la mécanique complexe de la psychologie de l’homme occidental. Ce n'est pas normal pour un être humain de se haïr. C'est normal pour un être humain de ne pas agir encore avec perfection, mais ce n'est pas normal pour un être humain de se haïr, puisque le phénomène de se haïr relève d'une conscience qui n'est pas consciente des mécanismes de vie dans le mental, dans l'émotion, et dans le vital. Un homme qui se hait, c’est un homme qui ne comprend pas parfaitement que la relation entre ses actions et la qualité de ses actions est déterminée par le pouvoir de son énergie de se transposer parfaitement dans ses principes de vie planétaire.

Un homme qui ne comprend pas ceci ne peut pas en arriver à pouvoir cerner le problème existentiel de la vie de tous les hommes de notre planète parce qu’il est incapable de se saisir lui-même. Il n'est pas capable de se saisir lui-même, dans ce sens qu'il ne peut pas réaliser parfaitement que son action, telle qu'elle est vécue, est déjà prédestinée soit à l'échec, soit à la conscientisation de son être. Donc l'action qu'il commet est prédestinée à l'échec s’il la vit psychologiquement, s’il la vit par comparaison, et elle est prédestinée à la conscientisation s’il la vit sur le plan du dépassement, sur le plan de la perfection, sur le plan du perfectionnement de cette même action.

Il est évident que pour deux hommes ou trois hommes, ou dix hommes ou cent hommes, de commettre une action, que cette action soit proportionnelle dans sa perfection à la conscience de ces hommes ! Mais il y a parmi ces cent hommes peut-être un petit nombre qui pourront rendre cette action d'une façon beaucoup plus parfaite que d'autres parce qu’ils sont plus évolués, si vous voulez, que d'autres.

Mais le mécanisme de fond, c'est-à-dire le phénomène de se haïr si l'action n'est pas juste ou si l'action n'apparaît pas comme étant intelligente ou si elle ne mène pas au succès, ce phénomène de base doit être totalement absent chez ces cent personnes, si ces cent personnes doivent un jour en arriver à une certaine conscience qui leur permettra avec le temps, avec l’ajustement de leur énergie, d’en arriver à une certaine maturité de conscience où la volonté, l'intelligence, rendues extrêmement lucides, pourront leur donner dans la vie la puissance nécessaire à tout être humain qui veut réellement contrôler sa destinée et ne plus être assujetti au périple de la conscience astralisée.

Donc pour que l’homme inconscient, ou plutôt - puisque je parle à des êtres conscients - pour que l’homme conscient en arrive à ne plus se haïr, il faut qu'il prenne en conscience, il faut qu'il réalise d'une façon absolue, que dans le fait de tout, il n'est jamais responsable pour l'imperfection de son action. Un homme n'est jamais responsable pour l'imperfection de son action. L’imperfection de l'action chez l’homme fait partie de l'évolution de l’homme, elle fait partie de l'expérience de l’âme à travers l’homme ou elle fait partie de l'expérience de l'esprit à travers l’homme.

Si ça fait partie de l'expérience de l’âme à travers l’homme, il est évident qu'il y aura énormément d'actions qui seront diminutives ou qui seront inférieures à ce qu'elles pourraient être. Si l’homme est plus conscient de son esprit, il y aura moins d'actions inférieures à ce qu'elles pourraient être, parce que déjà, l’homme aura passé d'un plan d'évolution de conscience expérimentale à un plan d'évolution de conscience créative. Mais dans les deux cas, que l’homme soit assujetti à une mémoire animique qui est très puissante en lui et qui le force à vivre des actions qui ne sont pas d’un très haut niveau d'évolution, ou qu'un homme soit assujetti au travail de perfectionnement que fait son double sur son ego ou en relation avec son ego, le phénomène est toujours le même.

L’homme doit en arriver un jour à pouvoir vivre une action, manifester une action, sans psychologiquement s'impliquer dans la valeur négative de cette action, dans la valeur qui le caractérise négativement dans le domaine de cette expérience. Il doit vivre l'expérience et doit peut-être même le souffrir, le mouvement dans la vie qui n'est pas juste, qui n'est pas élevé, qui n'est pas perfectionné ! Mais un jour, il saura le dépasser, mais seulement à partir du moment où il aura réellement conclu un pacte avec lui-même, pacte qui lui permettra de réaliser que quelle que soit la qualité de son action, elle ne relève pas d'une faiblesse, elle relève simplement d’un manque d'ajustement entre son énergie et son ego.

Parce qu'à partir du moment où l’homme croit que son action relève d’une faiblesse, il caractérise cette action en fonction de la mémoire et il utilise comme paramètre, pour mesurer son action, la conscience sociale. Autrement dit, il se sert de l'instrument de comparaison qui fait partie de la conscience humaine environnante pour juger de son action. Et ceci est très mauvais parce qu’il s'enlève la qualité primordiale de toute action, celle d'être de plus en plus individualisée, de plus en plus mesurable à la qualité de son individualité.

Tant que l’homme n'aura pas dépassé cette illusion, il ne pourra pas utiliser la très grande réserve d'énergie en lui-même qui fait partie de son esprit, ou de son double, ou de sa réalité. Pour que l’homme utilise son énergie, pour que l’homme puisse réellement utiliser cette énergie et la projeter à l'extérieur de lui-même dans le monde, il faut qu'il puisse retourner contre cette énergie qui est en voie d'évolution la qualité de l'expérience qui n'est pas suffisamment perfectionnée.

Autrement dit, pour qu'un homme puisse réellement entrer dans son énergie, il faut qu'il défonce les voiles, les murs qui englobent cette énergie. Et ces voiles, ces murs sont justement son ego, sa psychologie humaine subjective qui lui font vivre cette énergie d'une façon réflective en relation avec la mémoire, au lieu de lui faire vivre cette énergie en fonction d'un processus ou d'une dynamique créative qui va de l'intérieur vers l'extérieur sans jamais se réfléchir sur lui en tant qu’ego. Il est là le grand danger de se haïr soi-même. Se haïr soi-même, c'est se consumer au lieu de consumer. C’est se voir brûler par un feu qui est le nôtre au lieu de brûler quelque chose dans le monde avec notre propre feu. Autrement dit, se haïr soi-même équivaut à se détruire au lieu de se construire. Il équivaut à ne pas parfaitement comprendre la relation entre l'énergie et l’ego.

La relation entre l'énergie et l’ego ne doit pas être une relation fondée sur la qualité psychologique de l’ego qu’il a développée ou qu’il a accumulée au cours de son expérience, à cause de son contact avec l’homme. L’ego doit développer une relation étroite avec son énergie, en relation étroite avec cette énergie. L’ego doit vivre de son énergie à partir de lui-même vers l'extérieur et ne jamais subir le contrecoup de cette énergie à cause des mécanismes de miroir, ou de miroitement, ou de réflexion que crée une énergie mal comprise, c'est à dire une psychologie insuffisante.

L’homme qui se hait ne peut pas composer avec son énergie, il ne peut composer qu'avec les reflets de cette énergie à l'intérieur de son ego, c'est-à-dire qu'il ne peut composer qu'avec des aspects de lui-même qui ne sont pas réels, dans le sens qu'ils ne représentent pas parfaitement la relation étroite et indivisible qui doit exister entre l’ego et l'énergie.

Un homme qui s'autodétruit ou qui se hait prend une part de cette énergie, la colore à cause de la mémoire et de l'expérience, et se l’applique, c'est-à-dire donne à sa personnalité la valeur de cette énergie. Lorsqu'en fait, sa personnalité est une condition, est une qualité, est une expérience qui est en devenir, qui est dans le futur, qui est demain, ou qui est dans le présent réel, mais qui n'est jamais dans le passé. La personnalité réelle de l’homme ne peut pas être dans le passé puisqu'elle est constamment un dépassement de lui-même, c'est-à-dire une relation de plus en plus étroite avec son énergie créative. Donc si un homme se hait, c'est qu’il mesure aujourd'hui, dans le présent, la valeur de sa personnalité en fonction du passé, au lieu de vivre, de créer instantanément une personnalité nouvelle, une personnalité vitale, une personnalité réelle en relation avec l'énergie qui fait partie de lui en tant qu’être.

Mais pour apprendre à ne pas se haïr soi-même, quelles que soient les actions que nous avons commises ou la qualité de ces actions, il faut graduellement en arriver, au cours de la vie, à comprendre les mécanismes réels qui définissent la personnalité de l’homme, qui définissent l'action de l’homme, qui définissent la psychologie humaine. Et ces actions qui définissent la psychologie humaine ne sont pas du ressort de l’ego en tant que tel. Elles ne sont du ressort de l'esprit à travers un ego qui n'est pas encore suffisamment ajusté pour que l'action soit parfaite.

Donc si l’ego comprend ceci, et si l’ego réalise que l'action fait partie de l'ajustement de l'énergie avec lui-même, avec le temps, il en arrive à composer avec l'énergie et à ne plus vivre cette énergie en fonction d'une qualité de pensée qui a tendance à le diminuer. Si l’ego comprend ceci, il en arrive, avec le temps, à pouvoir vivre une action quelle que soit sa mesure ou son perfectionnement, en fonction d'une conscience grandissante, c'est-à-dire en fonction d’une conscience qui devient de plus en plus réelle et de plus en plus perfectionnée.

Donc, à ce moment-là, nous n'avons plus de problème psychologique chez l’homme, nous n'avons simplement que des problèmes de perfectionnement dans l'action. Et l’ego commence à être soulagé du lourd fardeau de se mesurer, de se qualifier, ou de se donner une certaine cote de perfection.

Chaque être humain sur la planète Terre a un défi à vivre. C’est-à-dire que chaque homme doit défier la vie. Tous les hommes ne le savent pas, tous les hommes ne le comprennent pas, mais tout homme conscient, un jour, sera obligé de le réaliser. Et défier la vie veut dire en arriver à pouvoir ne plus souffrir de la vie telle qu’elle se manifeste à travers l’homme. Et pour ce, il faut que l’homme comprenne d'une façon absolue qu’il n'y est pour rien, à un certain moment de sa vie, dans la qualité de son action. L’homme y est pour quelque chose dans la qualité de son action lorsqu'il a parfaitement intégré son énergie. À partir de ce moment-là, il y a une relation étroite entre l'esprit de l’homme ou son double ou son énergie et lui-même, et à partir de ce moment-là, nous pouvons dire que l’homme est responsable de son action.

Mais avant ceci, l’homme n'est pas responsable de son action. Et la société a toujours imputé à l’homme, psychologiquement, une responsabilité vis-à-vis de son action. Ceci était nécessaire sur le plan social, ceci était nécessaire afin de rendre l’homme conscient des autres hommes, sinon nous aurions vécu pendant des siècles des civilisations qui auraient été simplement l'expression d'une sorte de barbarie. Mais dans le cas présent, dans le cadre d'une explication des mécanismes de la conscience supramentale, nous ne pouvons pas impliquer à l’homme une responsabilité créative, puisque l’homme n'est pas créatif, puisque l’homme n'est pas conscient. Donc nous ne pouvons lui impliquer qu'une responsabilité subjective, qu'une responsabilité relative à son éducation sociale, au concordat qui existe entre lui et la société, mais pas plus loin.

Donc il existe dans l’homme deux niveaux où il peut se haïr. Il y a le niveau où l’homme étant inconscient peut se haïr parce que son action n'est pas créative, ou n'est pas perfectionnée, ou n'est pas à la hauteur de ce qu'elle devrait être, et à ce moment-là, il vit un apitoiement sur lui-même qui relève de son inconscience, qui relève de la façon de vivre de l’homme inconscient. Mais dans le cas de l’homme qui va vers la conscientisation, il y a un écart très grand entre cette façon de vivre et la nouvelle qui fait partie de la nouvelle évolution.

L’homme conscient ne peut pas se sentir psychologiquement responsable vis-à-vis d'une action qui n'est pas parfaite, parce qu’il n’est pas psychologiquement responsable puisque sa psychologie n'est pas encore définie en fonction d'une conscience créative puisqu'elle est simplement définie en fonction d’une conscience mécanique, c'est-à-dire d'une conscience qui est le produit d'une mémoire, qui est affectée par une mémoire, et qui n'a pas en elle le poids, la centricité, la densité d'une individualité totale.

Donc, sur le plan philosophique, sur le plan social, l’homme est responsable de son action parce qu’il risque de vivre, ou de faire, ou de créer des actions qui ne conviennent pas à un consensus social. Mais sur le plan de la conscience individualisée, dans le relationnel entre l’ego et son énergie, cette responsabilité psychologique est une illusion que l’homme doit faire sauter s'il veut en arriver un jour à vivre d'une conscience créative, et à ce moment-là, vivre d'une conscience créative et sociale mais qui ne met pas en danger son individualité, qui ne diminue pas son pouvoir, sa puissance, et qui ne diminue pas non plus l'équilibre qui doit exister entre lui et la société, puisque à ce moment-là, où dans ce temps-là, l’homme est créatif, c'est-à-dire qu’il cherche dans son action à constamment équilibrer les forces de vie, donc à créer une harmonie.

Un homme conscient n’a plus à s'interroger, n'a plus à s'inquiéter de sa responsabilité sociale à travers son action puisqu’elle est créative. Donc par le fait même, elle est bonne. Par le fait même, elle est engendrante. Par le fait même, elle est vitale. Par le fait même, elle jette de la lumière dans le monde. Tandis que l’homme inconscient, lui, il doit vivre une certaine inquiétude de responsabilité en ce qui concerne son action parce qu’il n'est jamais sûr si son action correspond avec une conscience créative. Il a simplement l’impression que son action peut ou ne peut pas correspondre avec un équilibre dans le monde des valeurs, qui doit coïncider avec les valeurs de son monde social ou de son entourage.

Donc la situation de l’homme conscient sur le plan psychologique est nettement différente de la situation de l’homme inconscient sur le plan psychologique. Nous admettons que l’homme inconscient doit être responsable de ses actions parce qu’il invite déjà ses actions à être mesurées, à être jugées par la société puisqu'il fait partie d’un mental collectif. Tandis que l’homme conscient, l’homme de demain, l’homme de la nouvelle évolution, ne faisant plus partie d’un mental collectif, vivra un mental individualisé qui saura, de par sa propre nature, créer des actions qui conviendront au plus haut niveau de la conscience, c’est-à-dire au plus haut perfectionnement de la conscience créative de l’homme.

Donc, à partir de ce moment-là, l’homme conscient n'aura plus à se demander les questions, à souffrir de la justesse ou du manque de justesse ou de perfectionnement de son action à l'intérieur d’une conscience créative. À partir de ce moment-là, l’homme conscient ne sentira plus en lui le besoin ou ne sera plus victime en lui-même du phénomène d'autodestruction ou de diminution de soi-même. Il sera bien dans sa peau.

Et avec l'expérience et la compréhension des lois de la conscience, il en viendra un jour à agir sans arrière-pensée, sans mouvement de recul, sans question, sans ambiguïté. Il agira, et son action sera comme celle du samouraï et sera parfaite, et sera juste, et il n'y aura autour de lui aucun éclat qui serait le produit d'une action inconsciente. Donc, à ce moment-là, l’homme conscient ne vivra plus le problème de la responsabilité de la qualité de l'action vis-à-vis de lui-même, et il ne vivra plus, non plus, le problème de la responsabilité de son action en tant que qualité vis-à-vis de la société.

Donc il sera, vis-à-vis de la société, libre dans la qualité de son action, et il sera, vis-à-vis de lui-même, aussi libre dans la qualité de son action puisqu’il ne souffrira plus de la mémoire qui est le produit de l'accumulation de l'expérience de l’humanité, qui sert toujours pour l'individu inconscient de miroir afin de mesurer la qualité ou la valeur d'une action qui n'est pas encore conscientisée.

À partir du moment où l’homme commence à haïr les forces en lui, à partir du moment où l’homme est suffisamment conscient pour pouvoir haïr les forces en lui qui l'ont amené à vivre des actions incomplètes ou imparfaites, à partir de ce moment-là, l’homme commence à grandir en conscience, en maturité, en puissance. Il commence à se développer en lui une centricité, une capacité créative qu'il ne possédait pas auparavant. À partir de ce moment-là, l’homme commence à cesser de fonctionner psychologiquement, il commence à fonctionner créativement.

Mais tant que l’homme n'a pas renversé la vapeur, tant que l’homme n'a pas commencé à pouvoir ne pas se haïr, tant qu’il n'a pas commencé à pouvoir haïr ce qui en lui n'est pas ajusté sur le plan de l’ego, il ne peut pas réellement, dans la vie, apprécier son être. Donc il ne peut pas, dans la vie, être bien dans sa peau, il ne peut pas être ou se sentir à la mesure de lui-même, donc il ne peut pas être heureux avec lui-même. Et un homme commence à être heureux avec lui-même à partir du moment où il a suffisamment compris que la nature de la vie n'est pas ce qu’il croyait, qu'elle n’est pas, cette vie, engendrée comme il l'a cru auparavant lorsqu'il fonctionnait selon des paramètres psychologiques qui découlaient de son expérience à l'intérieur d’une civilisation inconsciente des lois de la vie.

C’est pourquoi il n'y a aucune place dans la vie d’aucun homme pour l'illusion qui le mène à l'autodestruction ou à l’autodéfinition qui a tendance à le diminuer vis-à-vis de lui-même. Si l’homme est incapable de saisir cet appointement avec sa réalité, il est inévitablement lié dans la vie à l'impuissance. Les lois de la vie sont fixes, elles sont absolues, et l’homme doit un jour réconcilier la vie avec son ego. Et pour ce, il doit un jour reconsidérer complètement la nature de sa psychologie, la nature de son moi, la nature de l'investiture des valeurs sociales qui ont depuis très longtemps, coloré sa personnalité et infligé à son ego une très grande perte de puissance. 

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