1 juin 2023

C. 95A AIMER SA VIE

  

Nous voudrions ici faire une distinction très subtile entre ce que nous appelons l'amour de l’homme pour la vie et l'amour de l’homme pour sa vie. Ceci afin de voir jusqu'à quel point les illusions psychologiques de l’ego ont fait de l’homme un être incapable de vivre en fonction de son énergie, mais plutôt voué à vivre en fonction de l'énergie que lui émet la société, énergie qui lui permet de se mouvoir dans le grand courant de vie sociale alors que lui est incapable de se mouvoir à partir de son propre centre de force, à partir de sa propre puissance, de sa propre créativité, de sa propre réalité. 

Il existe dans l’homme un amour pour la vie. Cet amour pour la vie est un amour qui fait partie de la recherche du bonheur, cette recherche étant une qualité de son mental, une qualité de son émotivité lui permettant de convertir l’énergie en une succession d'évènements qui devraient selon lui l’amener un jour à être ce qu'il appelle heureux. 

Mais pour être heureux dans le sens que l’homme le recherche, il faut subir certaines illusions, il faut goûter à certains déboires et ensuite goûter à certaines compensations. Donc, pour l’homme inconscient, le bonheur est équivalant à une comptabilité de ces évènements, comptabilité qui dans certaines périodes, lui donne des chiffres plutôt maigres et une autre comptabilité qui, dans d'autres périodes, lui donne des chiffres plus grands. 

Et l’homme se meut à l'intérieur de ce maximum et de ce minimum. Lorsqu’il atteint le maximum, il est heureux, lorsqu'il atteint le minimum, il est malheureux et tout ceci est dû à un facteur qui est que l’homme est un être qui aime la vie. Il a aimé la vie pendant des millénaires. Et pourtant, aimer la vie est une des grandes illusions de l’homme, une des profondes illusions de l’homme, parce que la vie sur le plan matériel, la vie issue de ce qu'elle lui donne ou de ce qu'elle lui apporte en général, n'est jamais à la hauteur de ce qu'il veut, de ce dont il a besoin, de ce qui est réel pour lui. 

Et pourtant, l’homme continue à l'aimer afin de ne pas tomber dans un état de dépression. Mais puisque nous parlons à l’Homme nouveau, à un homme qui se conscientise, à l’homme qui commence à voir au-delà des voiles de la conscience, il est important de faire réaliser, de faire comprendre que la vie n'est pas quelque chose qui doit être aimé. L’homme doit apprendre à aimer sa vie et non la vie, parce que la vie ne lui appartient pas tandis que sa vie lui appartient. 

Et le passage de la vie à sa vie est un passage extrêmement étroit, extrêmement difficile, très différent dans son apparence des aspects de vie qu'il avait connue pendant cette période où il était un être qui aimait la vie. Pour aimer sa vie, il faut avoir compris qu'il n'existe pas dans la vie de mesures capables et suffisantes pour donner à l’homme ce dont il a besoin pour être bien dans sa peau. Il n'existe absolument rien dans la vie, dans la vie au sens large, la vie en général, la vie en dehors de soi, qui puisse donner à l’homme l'énergie nécessaire pour qu'il puisse sur le plan psychologique, sur le plan psychique, être en parfaite paix, être en parfaite harmonie avec sa conscience. 

Pour la simple raison, que la vie est un médium à l'intérieur duquel des milliers et des milliards d'êtres se voient obligés de connaître une conscience expérimentale, c'est-à-dire une conscience où l’homme n'est pas capable, de par sa propre volonté, de par sa propre intelligence, à être maître de la situation. Et tant que l’homme ne peut pas sentir dans sa vie qu'il n'est pas maître de sa situation, qu’il est encore subordonné à des conditions d'une sorte ou d’une autre, il ne peut pas comprendre ce que veut dire aimer sa vie. Aimer sa vie demande que l’homme en arrive un jour à pouvoir saisir l'aspect essentiel de son être, c’est-à-dire l'aspect essentiel de l'équilibre de l'énergie en lui. 

Il ne s'agit pas pour l’homme de rechercher l’être intérieur dans un sens mystique. Il s'agit pour l’homme d'arriver un jour à pouvoir connaître l’équilibre intérieur qui est, qui sera l'expression de cet être en lui, de cette lumière en lui parvenue finalement à établir un contact parfait avec sa conscience humaine. Alors, l’homme pourra aimer sa vie, et même si la vie de l'extérieur devient de plus en plus négative, de plus en plus difficile, ceci ne l'affectera pas, parce que la vie en général ne fera pas partie de sa vie. 

Lorsque l’homme commence à aimer sa vie, il commence à changer le taux vibratoire de ses corps subtils, à transmuter l'énergie de sa conscience psychique, psychologique, vitale, matérielle. Il se prédispose donc d'une façon très, très voilée, très méconnaissable, à pouvoir un jour lorsque la vie en général aura atteint un niveau de désagrègement, de contamination, poursuivre sa route sur la Terre sans être affecté par cette qualité de vie extérieure de plus en plus étrangère à lui et de plus en plus contaminée par l’involution, ou la fin du cycle qui caractérise l’involution. 

Aimer sa vie veut dire être dans le centre de soi d’une façon totale. Aimer sa vie veut dire vibrer intérieurement à partir de soi d'une façon totale. Et plus l’homme sera conscient, plus la fusion de l’homme sera grande, plus il partira de cette réalisation, vivra de cette réalisation, plus cette réalisation sera sienne, et plus il apprendra à aimer sa vie, moins il s'attachera à la vie en général. 

De sorte qu’au cours des prochaines générations, il se créera pour lui, en lui, une condition psychique suffisamment puissante pour repousser les aspects les plus néfastes de la vie en général, les aspects les plus dédaigneux d’une civilisation qui va graduellement vers sa décadence sur tous les plans. Ce sera, autrement dit, pour l’homme, sa sécurité réelle. 

L’homme ne peut pas, au cours des prochaines générations, devenir réellement sécure s'il aime la vie en général. Il ne peut le devenir que s'il aime sa vie, que s'il a compris que sa vie, dans le cadre d’une conscience majorée, est suffisamment puissante pour s'élever au-delà des conditions de la vie en général, ceci afin de lui apporter la protection nécessaire, le soutien nécessaire, l'énergie nécessaire pour que ses mouvements dans le monde soient à la mesure de ses besoins et non pas le produit de l’influence ou les conséquences de certaines pressions créées dans le monde en évolution. 

Aimer sa vie ce n'est pas facile parce que nous devons d'abord l'amener à un haut niveau de perfectionnement, à un niveau de conscience telle que l’homme puisse demain être parfaitement certain, parfaitement sûr, parfaitement équilibré, autrement dit intégral et total dans sa conscience d’homme. Et c’est cet acheminement qui sera difficile, parce que l’homme de l’involution est extrêmement attaché à la vie involutive, consciemment ou inconsciemment. Il ne peut pas facilement se dissocier de ses liens avec elle sans créer en lui-même une sorte de doute, une sorte de suspension psychologique de son moi, sans parler d'une sorte d’incapacité psychique de réaliser qu'il est, dans le fond, le centre d'un tout pas encore manifesté. 

Ce que nous appelons conscience supramentale ou conscience supérieure n'est pas simplement une façon nouvelle de vivre, n'est pas simplement une façon nouvelle de voir les choses. Elle est une façon fondamentale chez l’Homme nouveau de corriger la façon dont il a vécu auparavant. C’est lorsque l’homme aura appris à corriger la façon dont il a vécu auparavant qu'il pourra commencer à prendre conscience de l'amour de sa vie, qu'il pourra aimer sa vie et qu'il commencera graduellement à ne plus aimer la vie. 

Certains diront:  mais la vie, il faut l’aimer. la vie est créée à partir de l’invisible, la vie est donnée à l’homme. Ceci est une interprétation de la vie. Que la vie soit créée à partir de l’invisible soit, que la vie soit donnée à l’homme, c’est une interprétation. C’est l’homme, c'est l'esprit de l’homme qui vient et qui décide de venir dans ce medium que nous appelons la vie. C’est l'esprit de l’homme qui décide de faire l'expérience de la vie. C’est son esprit qui, selon le bilan de son expérience, a besoin de plus en plus d’expériences ou de moins en moins d'expériences, selon le cas. 

Donc c'est toujours l’homme en définitive, l'esprit de l’homme en définitive, qui régit la façon dont il doit, ou dont il peut, vivre dans un medium que nous appelons la vie. Ce n’est pas la vie qui doit donner à l’homme les leçons d'elle-même, c'est l’homme qui doit apprendre à se créer un mode d'expérience à l'intérieur d’un medium que nous appelons la vie, que nous avons extrêmement mystifiée pendant l’involution, ceci parce que pour l’homme, la vie venait de Dieu, venait des dieux. En fait, la vie sur le plan matériel ne pourrait pas exister en tant que conscience humaine si l’homme n'était pas descendu dans la matière, si son esprit n'avait pas voulu descendre dans la matière pour expérimenter avec la matière. 

Donc la valeur de la vie sur le plan matériel est une valeur qui un jour devra être prise en main par l’homme, regardée par l’homme, soigneusement vérifiée par l’homme. Si l’homme devenu conscient s'aperçoit que dans ce continuum d'expériences que nous appelons la vie, il y a des choses qui ne font pas son affaire, ce sera à lui de corriger la situation. Il ne pourra plus attendre que les dieux ou le Dieu fasse pour lui quelque chose, parce que ceci est une autre des grandes illusions de l’humanité. 

Autrement dit, l’homme devra apprendre un jour, lorsqu’il sera suffisamment conscient, lorsqu'il aura atteint le niveau de fusion avec son énergie, suffisamment avancé pour pouvoir avoir vu, avoir perçu et pénétré dans les mystères de la vie, que cette vie qui est la sienne doit être à la mesure des besoins de son esprit s'il veut un jour l'aimer. Sinon, l’homme n'aimera jamais sa vie. Il aimera la vie. Mais si l’homme aime la vie, il ne peut pas aimer sa vie. 

Un homme ne peut pas aimer la vie sur la Terre aujourd’hui telle qu'elle est et aimer sa vie en même temps parce que ce sont deux genres de vie différents. La vie de la Terre avec ses abondances, avec sa pauvreté, avec ses richesses, avec ses contradictions, est une vie expérimentale. La vie de la Terre est une vie expérimentale pour l'esprit, ce n'est pas la vie de l’homme. La vie de l’homme est une autre vie qu'il créera au fur et à mesure qu'il avancera sur le plan matériel, au fur et à mesure qu’il se sera dégagé de la vie en général qu'il avait aimé par le passé, qui avait été pour lui, éventuellement ou en potentiel, une source de bonheur, mais toujours une source de bonheur tarissable. 

Alors que la vie de l’homme, l'amour pour sa vie doit devenir un amour intarissable, une fête perpétuelle, une constante universelle. L’homme a le droit, a le pouvoir, a le devoir de devenir un jour un être aimant, sa vie selon les lois de sa vie, c’est-à-dire, ses lois qu’il aura graduellement développées, comprises, au fur et à mesure qu’il aura délogé de sa conscience les principes civilisateurs de la vie qui lui avaient été imposés pendant l’involution, ornés de toutes leurs valeurs, ornés de toutes leurs facettes, de tous leurs aspects, mais toujours ornés de façon à ce que l’homme ne puisse jamais sentir qu'il aime sa vie. 

Et aimer sa vie veut dire beaucoup plus qu'être heureux pendant un certain instant. Il est évident qu'un homme qui est heureux pendant quelques instants, pendant quelques jours, peut dire qu'il aime sa vie. Mais dans le fond, ce qu'il aime, c’est la vie autour de lui. Prenez cet homme, plongez-le dans une solitude, plongez-le dans un endroit où il est seul, et vous verrez que l'amour qu'il a pour la vie, ce n'est pas l'amour qu'il a pour sa vie. Les deux ne peuvent pas coexister sur notre planète, dans notre temps, puisque nous faisons face à une situation qui devient de plus en plus difficile, de plus en plus pénible, une situation qui fait partie de l'apocalypse, qui fait partie de la révélation, de la grande transmutation de la conscience de l’homme. 

Comment voulez-vous qu'un homme aime la vie lorsqu'il regarde autour de lui, qu’il voit la guerre, la famine, la pollution, la drogue, la violence psychologique ? 

Mais un homme peut aimer sa vie lorsqu'il a réussi à s'élever au-dessus de la guerre, de la pollution, de la famine, de la drogue et qu'il est capable de supporter l’involution ou la fin de son cycle sans lui-même être affecté sur le plan personnel. 

Et aimer sa vie ne veut pas dire simplement aimer ce que nous sommes, ou aimer ce que nous faisons. Aimer sa vie veut dire aimer être ce que l'on est, dans le sens que nous le sommes d’une façon réelle. C’est lorsque l’homme commence à sentir qu'il est réel, c'est lorsqu'il commence à percevoir qu'il n'est plus polarisé, polarisable, influençable, qu'il s'élève graduellement au-dessus de la vie qu'il avait aimé par le passé pour des raisons impermanentes, pour des raisons transitoires et fictives, mais pour des raisons qui, tout de même, étaient importantes dans ce temps-là. 

Alors qu'aujourd'hui, l’Homme nouveau doit apprendre à aimer sa vie, c'est-à-dire être capable de supporter intérieurement la qualité, la tonalité, l'aspect, la nature, la subtilité de son esprit qui, de plus en plus, lui fait voir la vie de l'extérieur et remplace cette vie extérieure par une vie interne, mentale, supérieure, vie qui demain s'ouvrira sur des plans d'expérience nouveaux reliés à une autre vie, un autre mode de vie n'ayant plus de lien avec ce que nous avons connu pendant l’involution et qui permettra finalement à l’Homme nouveau de reconnaître que la vie que nous aimons en soi, que notre vie que nous aimons est une vie qui fait partie du lien entre l'esprit et l’homme. Ce n'est plus une vie qui fait partie de la vie en général et l’ego. 

Il est évident que nous pouvons nous complaire à aimer la vie en général, parce que cette dernière, depuis quelques générations, développe de plus en plus d'artifices permettant à l’homme de s'amuser, d'enjoliver son existence, de la colorer par toutes sortes de formes, de machines, d’inventions, de sensualité, qui font partie de ce que nous appelons l'âge moderne. Il n'y a plus grand temps aujourd'hui, il n’y a plus grande raison aujourd’hui pour que l’homme, psychologiquement, s'ennuie. Je parle ici de l’homme moderne. 

Mais d’un autre côté, il y a énormément de raisons pour que l’homme moderne sensible s'ennuie lorsqu'il a réalisé que tout ce que la civilisation ou la vie en général lui apporte ne fait que partie de la manipulation créative des forces planétaires, que tout ce qui vient vers nous dans le monde sont des choses qui ont leur place, sont des choses qui valent la peine d'être expérimentées, mais qui, en elles-mêmes, ne peuvent pas donner à l’homme l'amour de sa vie, bien qu'elles puissent  lui donner un plus grand amour de la vie. 

Et c'est ce qui se passe aujourd’hui dans le monde. Il y a de plus en plus d’hommes qui aiment de plus en plus la vie en général et qui en payent le prix. Parce que pour aimer la vie en général, il faut échanger avec elle, il faut acheter les produits qu'elle nous donne. Il faut travailler pour acheter ces produits. Nous devenons alors des esclaves dans un système, un système qui nous nourrit bien, mais que nous devons nourrir nous-mêmes bien, parce que nous devons toujours être taxés sur ce que nous recevons de la vie. 

Mais l’homme qui aime sa vie n'est pas taxé. Il ne connaît pas la taxation parce que justement sa vie étant réelle ne demande rien de lui. Elle lui donne, par contre, tout. Elle a le pouvoir, cette vie réelle, de faire sortir de lui une énergie, une vibration qui peut être utilisée dans le monde de la vie, pour jeter un peu plus de lumière sur le côté sombre de la vie involutive, ceci afin d'aider d’autres individus à reconnaître un jour que la réalité de l’homme n'est pas le medium de la vie en général, mais qu'elle est l'expression du passage de plus en plus permanent, de plus en plus étroit, de plus en plus réel, d’une énergie invisible faisant partie de la conscience universelle de l’homme vers le plan matériel, afin de lui donner finalement cette essence permanente, ce statut humain, cette qualité mentale nouvelle qui fait de l’être nouveau un être parfaitement équilibré dans son esprit. 

Pour que l’homme aime sa vie, il faut qu'il soit parfaitement équilibré dans son esprit, c'est-à-dire qu’il faut qu'il ait finalement réussi à mater son esprit, à le dominer, à le faire plier, à ne plus l'écouter simplement pour l'écouter, mais à l'écouter en fonction de ce que ce dernier peut lui apporter d’intelligent et de réel. À partir du moment où l’homme aime sa vie, il n'est plus capable de se mélanger pour rien aux hommes qui aiment la vie en général. 

Et l’Homme nouveau découvrira ceci parce l’Homme nouveau découvrira qu’une fois qu'il aime sa vie, il est obligé de se terrer dans sa vie, il est obligé de la vivre d'une façon presque cloîtrée, parce que justement, il n'a plus besoin des artifices de la vie extérieure. Ceci ne veut pas dire qu'il devient mystique, qu'il se sépare du monde, qu'il nie le monde. Ceci veut dire qu'il cherche sur le plan matériel à vivre de plus en plus dans son esprit, ou en relation avec d'autres êtres qui sont dans un même esprit. Il n'a plus le besoin ancien de vivre en fonction de la vie en général, parce que justement le taux vibratoire n'est pas suffisant, la conscience n'est pas suffisante, le pouvoir créatif n'est pas là.

L’homme qui vit sa vie, qui aime sa vie, qui y est bien alors qu'il n'est pas mystique, alors qu'il n'est pas en dehors de la vie, est tout de même tellement profondément dans sa vie, que par le fait même, il devient en dehors de la vie. Et ceci n'est qu'un début parce qu’à partir du moment où l’homme commence à être de plus en plus dans sa vie, il s'aperçoit qu'il vit intérieurement des changements vibratoires, changements qui subtilement, graduellement, l'amènent à rencontrer des niveaux de conscience, des niveaux d'intelligence, des perceptions qui font partie de l'éclosion de sa vie qu'il aime sur un autre plan de cette réalité infinie qui constitue la connexion entre lui et son double, connexion qui équivaut à la réunion parfaite entre l’invisible et le plan matériel. 

Mais tout ceci se fait graduellement parce que l’homme ne peut pas passer d'un état à un autre trop rapidement, parce que justement trop de choses dans le monde doivent être vécues avant que l’homme puisse passer d’un plan à un autre. 

Aimer sa vie ne veut pas simplement dire se sentir bien chez soi. Aimer sa vie ne veut pas dire simplement se sentir bien avec son frère. Aimer sa vie veut dire être parfaitement intelligent dans la créativité de notre propre mental, que nous soyons inactifs ou que nous soyons actifs sur ce plan -là. Autrement dit, un homme qui aime sa vie, qu'il soit créatif à partir de sa vie, ou qu'il ne le soit pas, doit être capable de vivre sur le plan d’une onde mentale qui remplit parfaitement sa conscience et qui donne à son existence de tous les jours une direction, une orientation, convenant parfaitement avec ses besoins et n’ayant aucun besoin d'être projetée dans le monde extérieur afin d'être validée par l'expérience extérieure. 

L’homme conscient est suffisamment sensible, suffisamment perceptif à son énergie pour pouvoir aller chercher dans chaque journée des petits mouvements de vie qui coïncident parfaitement avec ce dont il a besoin en ce moment ; des petits mouvements qui, dans leur perfection courte, lui donnent l’impression profonde d’être en relation étroite avec ce qu'il y a de plus grand en lui, de plus créatif en lui, c'est-à-dire sa propre lumière. 

Mais pour ça, il faut qu'il aime sa vie. Et l’homme ne peut pas aimer deux vies à la fois. L’homme ne peut pas aimer la vie en général et aimer sa vie. Quelque part dans le temps, il préfèrera l’une à l’autre. Mais tant qu’il n’a pas préféré l’une à l’autre, c’est qu'il n'est pas suffisamment avancé dans la conscience de sa vie, c’est qu'il n'est pas suffisamment près de sa propre réalité et qu'il doit encore, pour toutes sortes de raisons, aller chercher dans le monde de la vie de petites expériences, de petits effets qui donnent à son ego l’impression de vivre. 

L’homme n'a pas besoin d'avoir l’impression de vivre parce que l’impression de vivre demeure toujours une impression, donc elle fait encore partie du miroitement de la vie générale sur son ego. L’homme conscient n'a pas besoin de vivre d’impressions, il les crée. Tandis que l’homme inconscient, lui, doit vivre d'impressions parce qu'il ne peut pas les créer. 

Pourquoi il ne peut pas les créer ? 

Parce que pour créer une impression, c'est-à-dire pour imprimer l'esprit dans la matière, il faut être suffisamment près de soi-même, il faut être suffisamment réel, il faut être capable de manipuler cette énergie créative puissante qui fait partie de soi et lui donner sur le plan humain une valeur créative qui donne à l’homme la joie de vivre, l'élégance de la vie, la nobilité de la vie, que la vie en général ne pourra jamais donner à l’homme, ceci parce que les impressions que l’homme va chercher dans la vie en général sont des impressions créées de l'extérieur, sont des impressions créées pour qu’il puisse se comparer à elles, sont autrement dit des impressions qui naissent de la conscience expérimentale planétaire fondée sur la hiérarchie des pouvoirs humains de manifester telle ou telle impression, ce que vous appelez des classes humaines. 

Tout ceci n'est qu'une illusion nécessaire, si vous voulez, à la transformation du monde extérieur, mais non pas à la transformation de l’homme intérieur. L’homme intérieur se transforme par la lumière. C'est la lumière qui le transforme, ce ne sont pas les impressions extérieures de la vie en général. C’est la lumière en lui qui travaille, qui travaille, qui travaille, qui travaille et c’est pourquoi l’Homme nouveau devra apprendre à travailler avec cette lumière, il devra apprendre à reconnaître son mouvement en lui et il devra devenir perceptif. 

Lorsqu'il sera perceptif, il verra les mouvements que crée en lui cette lumière. Il verra alors que sa vie devient plus réelle, et c’est alors qu’il commencera à aimer sa vie. À partir du moment où un homme aime sa vie, il n'aime plus la vie en général qui dicte les conditions de son comportement. Il n'aime plus, l’homme conscient, être dicté par une forme de comportement ou une autre. Il aime mener sa propre barque, il a la force créative pour le faire, la puissance créative pour l’engendrer. Il est maître. Il est un maître dans le sens le plus réel du terme, non plus un maître spirituel, mais un être, un maître créatif, c'est-à-dire un maître qui fait déjà partie de l'expression, sur le plan matériel, de la fusion, sans astralité avec le mortel. 

Aimer sa vie veut dire être capable de supporter l’intensité de ce que nous sommes et cesser d’essayer de transposer ou de diluer cette intensité dans le medium de la vie en général. Pour qu'un homme aime sa vie, il faut qu'il puisse se supporter énergétiquement, il faut qu'il soit bien dans cette énergie, il faut qu'il soit capable de la vivre, cette énergie, sans toujours chercher à l'extérieur pour la diluer, pour lui enlever son acuité. 

L’homme conscient a besoin de beaucoup d'acuité parce que c'est justement cette acuité qui lui fait voir, percevoir, recevoir les résonances délinquantes de la vie extérieure. C’est cette acuité qui lui fait voir à travers les impressions malsaines créées par le quotidien. Ce sont ses impressions internes qui le rendent de plus en plus parfait, qui lui donnent de plus en plus cette vision grandiose du réel, qui lui permettent à l’infinité de rendre compte à l’homme, à la Terre et à la vie en général, qu'une nouvelle vie est en voie d'évolution, qu’une nouvelle vie est possible et qu’une nouvelle vie doit naître. 

Mais lorsque l’homme inconscient ou en involution pense ou regarde ou essaie de mesurer ce que veut dire une nouvelle vie, il va trop loin dans le temps pour rien. Il va dans l’occulte de la vie nouvelle, il va dans l'aspect ésotérique caché de la vie nouvelle. L’homme doit regarder la vie dans un temps qui convient parfaitement à son exécution aujourd'hui. Il doit vivre cette vie de demain aujourd'hui. Donc cette vie de demain, il ne peut pas la vivre avec ses composantes futures, il doit la vive avec ses composantes présentes pour qu’au cours de l'évolution, il puisse facilement s'ajuster aux besoins nouveaux qui exerceront sur son mental, son émotivité, ses principes inférieurs, cette lumière puissante qui fera de lui le fils de la lumière. 

Mais pour ce, il faut que l’homme apprenne à aimer sa vie. Aussitôt qu'il apprendra à aimer sa vie, il cessera de la comparer avec la vie du monde en général. Il cessera de mesurer la valeur de sa vie en fonction des mesures statistiques et psychologiques qui sont défilées chaque jour par la congrégation de ces hommes qui font partie de ce que nous appelons les classes intellectuelles ou les classes dirigeantes ou les classes passantes. L’homme sera totalement intégral, il n'aura plus besoin de supporter la fumée qui vient de l'extérieur parce que lui-même créera son propre feu, lui-même exsudera son propre parfum, lui-même aimera sa propre vie. 

Et la différence entre aimer la vie et aimer sa propre vie est très grande. Dans un cas, elle est totalement illusoire et dans l'autre, elle est parfaitement réelle. Certains diront : ce n'est pas facile d'aimer sa vie quand on n'a pas ce qu'on veut, quand on ne fait pas ce qu'on veut. C'est vrai, ce n'est pas facile d'aimer sa vie quand on ne fait pas ce qu’on veut. 

Ceci, parce qu’on ne réalise pas, quand on ne fait pas ce qu'on veut, que ce que l'on veut faire fait partie de la vie en général, non pas de notre vie. Il est évident que si l’homme est encore au stade de faire des choses qui font partie de la vie en général, qu'il ne peut pas commencer à contempler, à aimer sa vie. Mais un homme qui a commencé à aimer sa vie, déjà, se détache des choses en général, de la vie en général et s'achemine vers une progression créative puissante qui un jour le fera éclater en créativité, qui un jour l'amènera sur le rivage de sa propre puissance. 

Mais si l’homme n'apprend pas d’abord à aimer sa vie avant d’en apprécier les conséquences créatives, il est évident qu'il pleurnichera toute sa vie. Il comparera toute sa vie sa vie qu’il n'aime pas avec celles de l'extérieur qu'il voudrait plus aimer. Il sera partagé entre les deux et l'énergie en lui ne pourra pas passer.

 

 

 

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